Vingt-cinq ans après la création de la maison du Docteur Bru à Agen pour l’accueil des jeunes victimes d’inceste, un deuxième lieu du genre va enfin voir le jour à Paris. Issue du plan de la municipalité contre les violences faites aux enfants, auquel nous avons contribué, cette structure devrait ouvrir à l’été 2022. Ce n’est pas trop tôt !
C’est une bonne nouvelle, certes. Dans le cadre de son plan contre les violences faites aux enfants auquel nous avons pris part, la mairie de Paris a voté, à l’occasion de son dernier conseil municipal de décembre, en faveur de l’ouverture d’une maison d’accueil pour les enfants victimes d’inceste ou de violences sexuelles d'ici à l'été 2022. Mais cela veut dire aussi que pendant 25 ans et la sonnette d’alarme tirée par le Docteur Bru à Agen, rien n’a été fait pour offrir un environnement adapté pour les enfants victime de ce crime si spécifique qu’est l’inceste. Pourtant, en 2008 lors de son congrès international « Comment soigner les victimes d’inceste » organisé sous le patronage du ministère de la Santé, Face à l’inceste présentait la Maison Jean Bru parmi plusieurs projets prometteurs qu’elle souhaitait voir adopter par nos autorités.
L’établissement d’Agen est donc le seul à recevoir actuellement des jeunes filles âgées de 12 à 20 ans à la suite d’un placement décidé par la justice. Pour les jeunes garçons – 22 % des victimes d’inceste selon notre sondage Ipsos de 2020 – il n’existe tout simplement aucun lieu pour souffler. La structure parisienne, composée de 25 places dans un lieu tenu pour l’instant secret, devrait accueillir principalement des filles, mais aussi des garçons qui auront fait l’objet d’un placement par le juge des enfants. C’est un signal fort pour montrer que l’inceste touche tout le monde, les hommes y compris. Le nouvel établissement sera également géré par l’association Docteurs Bru.
Quand on sait que l’inceste touche 1 Français sur 10 (sondage Ipsos pour Face à l’inceste de 2020), 25 places pour un département de plus de 2 millions d’habitants comme Paris semblent bien peu. La liste d’attente risque d’être longue. L’association Face à l’inceste se réjouit tout de même que les choses avancent enfin sur l’accueil des mineurs et espère que l’initiative parisienne donnera des idées à d’autres départements qui ont la compétence « protection de l’enfance ». Notre combat ? Qu’ils soient tous dotés d’une telle structure. Avec la création de l’accueil de Paris, il ne reste que 99 départements à mobiliser…