Fin du second procès hors-norme de Joël Le Scouarnec

Communiqués Publié le 28.05.2025

: Un verdict prévisible, des silences persistants

Paris – le 28 mai 2025. Alors que se clôt le second procès de Joël Le Scouarnec — la plus grande affaire de pédocriminalité de France — FACE À L’INCESTE tire un constat amer : l’inceste, pourtant au coeur du parcours criminel de l’accusé, est resté un sujet murmuré au sein de l’audience, comme dans le paysage politique. Leur silence assourdissant n’incite qu’à déplorer l’absence de toute mesure prise à l’aune des enseignements de ce procès.

Ce silence persistant témoigne d’une gêne encore très ancrée dans la société et confirme que l’inceste reste un sujet tabou, fréquemment marginalisé, y compris dans des affaires d’une gravité exceptionnelle. Dans le cas de Joël Le Scouarnec, l’inceste s’inscrit pourtant dans un continuum de violences pédocriminelles. Il a structuré ses passages à l’acte, soutenu sa logique d’emprise et renforcé son sentiment d’impunité. Le procès a mis en lumière une relation où les violences sexuelles familiales passées ont conditionné les futures agressions commises sur mineurs dans le cadre de sa profession de chirurgien. De nombreux exemples le démontrent, comme l’une des victimes ayant été spécifiquement ciblée en raison de sa ressemblance avec la nièce de l’accusé.

Un procès historique, mais des angles morts persistants

Ce procès, par son ampleur inédite, aurait dû permettre de placer l’inceste au coeur de l’analyse judiciaire. Or, malgré les témoignages, les expertises et les données présentées, l’inceste a été insuffisamment nommé, voire volontairement relégué. Ce traitement partiel de la réalité contribue à nourrir les angles morts institutionnels et sociétaux qui entourent encore ce type de violences pourtant courantes. Le traitement de l’inceste en France est encore trop souvent abordé par des réponses isolées, sans stratégie de prévention globale et structurée de la protection de l’enfance.

Agir sans délai pour éviter de nouvelles victimes

Un arsenal juridique existe, mais demeure sous-utilisé et insuffisant. L’enjeu est donc de rendre les dispositifs existants pleinement opérationnels. Cela exige des moyens dédiés, une volonté politique claire et des politiques publiques évaluables dans la durée. FACE À L’INCESTE appelle à la mise en oeuvre immédiate de ses principales revendications :

  • L’imprescriptibilité effective des crimes incestueux ;
  • L’interdiction définitive d’exercer auprès des mineurs pour toute personne condamnée pour pédocriminalité, y compris dans le secteur médical ;
  • La consultation systématique et régulière au cours des carrières du Fichier des auteurs d’infractions sexuelles pour tous les professionnels en lien avec des enfants.

"Tant que l’inceste sera minoré, ignoré ou contourné, tant qu’il ne sera pas assumé comme la source majeure de la pédocriminalité et un enjeu politique central, notre société continuera à produire de l’impunité. Ce procès est un miroir de nos défaillances collectives. Il est urgent de passer des constats aux actes." déplore Solène Podevin-Favre, présidente de FACE À L’INCESTE et co-directrice de la CIIVISE.

« Oublier l’inceste, c’est passer à côté de ce qui fait Joël le Scouarnec ! Il est le berceau de ses passages à l’acte. Il est ce pourquoi il est devenu celui qu’on appelle le plus grand pédocriminel du siècle ! Monsieur l’avocat général a parlé de la cruauté polymorphe de l’accusé, l’inceste en est la pièce fondatrice ! », voici ce qu’a pu plaider Maître Laure Boutron-Marmion lors des plaidoiries des parties civiles à ce procès.

Chiffres

  • 11 % des français sont victimes d’inceste, soit 3 enfants par classe (sondage Ipsos – Face à l’inceste, oct. 2023).
  • 5 % des pères et 6 % des mères déposent plainte pour leur enfant lorsqu’il révèle ce qu’il subit (Enquête « Parent complice, parent protecteur », Face à l’inceste, oct. 2022).
  • Dans 40 % des cas, les plaintes pour inceste sont classées sans suite. Toutes catégories confondues (intra/extrafamiliales, agressions sexuelles/viols), 75 % des plaintes pour violences sexuelles sur mineur sont classées sans suite (Rapport CIIVISE 2023, p.534).
  • 50 % des consommateurs de pédopornographie avouent avoir agressé sexuellement ou violé un mineur (Rapport CIIVISE 2023, p.272).
  • Dans 60 % des cas, les professionnels à qui les enfants révèlent subir ou avoir subi des violences sexuelles ne font rien pour les protéger (Rapport CIIVISE 2023, p.520).
  • À peine 5 % des signalements pour maltraitance des enfants proviennent du secteur médical (chiffre de 2014, Rapport CIIVISE 2023, p.522).

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À Propos de Face à l’inceste

Fondée en 2000 par une survivante de l'inceste, l’association a pour vocation de faire émerger le tabou de l’inceste dans le débat public et de lutter pour une meilleure protection des victimes. La première de ses missions est la prévention, que ce soit par la formation des professionnels, par des actions de sensibilisation auprès du grand public comme par le développement d’une expertise via des sondages et des études. L’association a également pour mandat de militer, de porter un combat législatif et de contribuer à une mobilisation citoyenne. Enfin, l’association a pour objectif de favoriser l’entraide des victimes.
L'association est ouverte aux victimes de l'inceste et de pédocriminalité, à leurs proches, ainsi qu’à toute personne citoyenne désireuse de soutenir la cause qu’elle défend. facealinceste.fr


Contacts presse : Guillaume GALLIX – 06.27.89.49.50 | [email protected]