Au procès de Joël Le Scouarnec, l’un des plus importants jamais tenus en France sur la pédocriminalité, les associations parties civiles ont choisi une plaidoirie collective. Maître Laure Boutron-Marmion, avocate de Face à l’inceste, est intervenue sur la question de l’inceste, au coeur du dossier en rappelant que l’inceste est le berceau des passages à l’acte de Joël Le Scouarnec, la matrice de ses violences.
Vannes, le 20 mai 2025. Le procès a révélé avec force ce que l’association ne cesse de dénoncer : c’est bel et bien la dynamique de l’inceste qui ouvre la voie à l’agression en série pour Joël Le Scouarnec. C’est l’inceste qui l’anime avant toute chose et c’est ainsi que l’une de ses victimes à l’hôpital sera agressée à plusieurs reprises, uniquement parce qu’elle lui faisait penser à sa nièce. Il confessera même à l’audience s’être acharnée sur elle. Ce sont autant d’illustrations de la place centrale que tient l’inceste dans sa trajectoire criminelle.
L’inceste a rongé cette famille. Il s’impose à la lecture des témoignages, des récits des enfants et de l’ex-épouse. L’inceste n’est pas périphérique.
Ce procès ne met pas seulement en cause un homme, il révèle aussi les dysfonctionnements profonds des institutions et la mécanique infernale de l’inceste et le silence qu’il induit et qui se construit par cercles :
- Le premier cercle, c’est le silence qui brouille la vue. Les adultes de la famille, parfois informés, n’ont pas su alerter car ils ont intériorisé ce silence. Ils naissent avec la grammaire du silence qui ne leur permet pas d’interpréter ce qu’ils voient.
- Le deuxième cercle, c’est la loyauté et la survie du clan à tout prix. Certains savaient, mais ont préféré régler la situation à l’intérieur de la famille, pour ne pas exposer le nom, pour ne pas briser l’image. Si l’ex épouse avait parlé en 1996, ce sont 253 victimes qui auraient pu être épargnées. En 1998, ce sont 198 victimes qui auraient pu être épargnées. En 1999, si la soeur de l’accusé avait déposé plainte à la découverte des violences commises sur ses filles, plutôt que de choisir de confronter son frère et s’en arrêter là, c’est 154 victimes qui auraient pu être épargnées. La peur suffit-elle à se taire ? Ce procès en est l’implacable réponse négative.
- Le troisième cercle, c’est le silence de la victime, enfermée dans la peur, la sidération, la honte.
- Le quatrième cercle, c’est la société qui ne veut pas voir.
Ce procès n’a pas fait exception puisque l’inceste n’a été que chuchoté à cette audience. Il aurait pourtant dû être placé au centre du débat, car il est le fléau originel de cette affaire.
Face à l’inceste continuera de porter cette parole et ce procès en est la preuve : tant que l’inceste restera à la marge des sujets de notre société, il continuera malheureusement de nourrir l’impunité.
À Propos de Face à l’inceste
Créée en 2000, Face à l'Inceste est une association engagée dans la défense de l'enfance et pour briser le silence autour de l'inceste. Elle sensibilise l'opinion publique et agit pour faire évoluer les lois afin de mieux protéger les victimes. Par ses actions de plaidoyer, elle milite pour une justice plus adaptée, notamment en faveur de l'imprescriptibilité des crimes incestueux et d'une protection immédiate des mineurs en danger. Face à l’inceste mène également des actions de formation en direction des professionnels amenés à intervenir auprès des enfants.
Contacts presse : Aude Doumenge – Chargée de plaidoyer et communication – 06 40 06 87 11 – [email protected]