Prescription: lettre à nos députés

Projet Publié le 06.01.2018
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Une de nos adhérentes partage avec nous cette lettre qu'elle a envoyé aux députés et sénateurs au sujet de la prescription pénale et des conséquences concrètes dans sa vie:

Madame, monsieur,

Par ce message, je viens témoigner de ce qu’implique un délai de prescription concernant les cas de viol sur mineur, plus particulièrement dans les cas d’inceste.

Je suis française, j’ai 46 ans.

Mon frère, de 11 ans mon ainé, m’a violé alors que j’avais 12 ans.  Dès ma majorité je suis partie vivre en Grèce où je suis resté jusqu’à mes 30 ans.

Quelques années après mon retour en France, je me suis renseigné sur la possibilité de porter plainte contre lui, d’abord auprès d’une association de victimes d’inceste qui m’a informé qu’il y avait très peu de chance de pouvoir le faire condamner. J’ai pris contact avec un avocat qui m’a demandé si je ne m'étais jamais droguée, si j’étais alcoolique ou si j’avais tenté de me suicider. Répondant par la négative à toutes ces questions, il m’a dit que je n’étais pas crédible comme victime.

En 2004, j’ai porté plainte contre ma sœur qui avait utilisé mon nom pour créer des sociétés : j’avais reçu des lettres de créanciers à mon nom et ainsi découvert le « pot aux roses ». Ma plainte a été classée sans suite, l’usurpation remontant à plusieurs années (lorsque je vivais à l’étranger).

J’ai vécu comme une injustice le fait de ne pouvoir être reconnue comme victime et j’ai fait une bonne dépression.

Au mois de juillet 2016, j’ai porté plainte auprès du procureur de X*** pour de nouveaux faits d’usurpation d’identité, de détournement d’héritage et de menace de mort : J’avais depuis découvert encore d’autres sociétés qui avait été créé avec mon nom. Une d’entre elle, une SCI, hébergeait gratuitement … Mon frère !!

Une enquête est en cours par la police financière de X***. J’attends avec grande impatience le résultat et la décision du procureur. Devrais-je payer les dettes laissées par mon violeur ?

Ma mère – issue d’une famille vivant dans l’inceste, est complice depuis toujours de son fils et sa fille ainée (ma sœur a accepté de vivre dans l’inceste et est dévoué corps et âme à son frère), puisque elle-même associée avec eux dans ces sociétés - m’a tranquillement dit qu’il fallait faire « crever » les gens qui créaient des problèmes, et ma sœur affirme que faire crever des gens ne la dérange pas. Ajoutons que célibataire sans enfant, ma part d’héritage les intéressent grandement.

Et je suis un réel problème pour eux : si justice était faite, ils devraient perdre tous les biens qui ont été créés avec des faux papiers. Quant à mon frère qui est connu dans son village comme pédophile et qui a été récemment accusé par sa belle-famille, il est évidant qu’il ne souhaite pas que je puisse un jour témoigner.

Seul mon Père, qui est malheureusement mort en 2007, m’a soutenu toute sa vie.

Bref…

Le délai de prescription signifie une peine à vie pour les victimes d’inceste. En plus des viols subis, s’ajoutent le harcèlement, les menaces de la famille, (plus les escroqueries dans mon cas) pour faire taire la victime. Ceci est bien lourd à porter et ce que doivent subir les victimes est une totale BARBARIE.

En 2018, ne serait-il pas temps d’amener un peu plus de justice et d’humanité dans notre société dite civilisée ?  Permettre aux victimes de viol d’être reconnues et protégées de leurs agresseurs afin qu’elles continuent leur vie sereinement, n’est –il pas un droit élémentaire ?

Je suis à votre disposition pour toutes informations ou précisions supplémentaires.

Je vous remercie pour votre attention et l’intérêt que vous porterez à ce message.

Cordialement,