Accepter son passé, pas évident!

Témoignage Publié le 24.04.2006

Pas évident du tout de parler de tout ce que j'ai vécu... Pas évident de vous lire et de me confronter au mot qui correspond le mieux à ces instants noirs de ma vie : le mot INCESTE!

Mes parents ont divorcé quand j'étais petite et je n'en ai pas souffert car personne ne m'a dit du mal de mon père. J'ai vécu une enfance heureuse mais sans éducation véritable (manque de temps car ma famille maternelle tient un commerce). Puis ma mère est tombée en dépression, elle partait souvent en cure à l'hôpital et nous restions avec ma grand-mère (que je considère comme ma mère mais qui est hélas décédée trop tôt).



Quand j'ai eu 12 ans ma mère a été internée définitivement (et elle l'est toujours) et ma grand-mère était de plus en plus malade. Personne du côté maternelle ne pouvait s'occuper de nous et comme mon père (difficle de l'appeler ainsi) venait de changer de poste et avait des horaires plus compatibles avec une vie de famille, nous sommes allés vivre chez lui... Les 4 années qui suivirent furent les plus noirs et les plus destructrices de toutes ma vies. Nous étions ma soeur et moi, les bonnes de notre père. Nous étions les exutoires à toutes ces frustrations professionnelles. Cet homme détruit tout ce qu'il touche. Je ne compte pas les fois où ils nous a frappées, humiliées, menaçées...

Et puis il y a le climat incestueux de ce taudis où il nous faisait habiter. Deux pièces en bas sans confort, la chambre de notre père comprenant la salle de bain et notre chambre attenante à la sienne. Il étai interdit de fermer la porte qui séparait les chambres. Et puis ses gestes répétés tout les jours et haï: il me pincait les seins dès que j'approchai, comme un jeu. Un jour il m'a demandé si je voulais qu'il me montre comment on embrasse les garçons. Quand j'ai dit non avec véhémence, il m'a laissé en pleine campagne avec ma soeur. Nous avons marché pendant 2 heures et à minuit nous sommes arrivés chez des amis qui nous ont recueillies. A la fin, il rentrait parfois avec des conquètes et faisait l'amour avec dans la pièce d'à côté. A 16 ans j'ai craqué. J'ai tout raconté et les services de protection de la jeunesse ont bien fait leur travail car une semaine après nous étions hors de sa portée. La semaine la plus longue de toute ma vie.

En racontant mon histoire en remontant dans mes souvenirs, quelques choses d'oublié a refait surface. Mon père quand j'avais 11 ans et que nous habitions pas encore chez lui m'a obligé à venir dormir dans son lit. Moi, je voulais aller dormir dans la pièce à côté avec ma soeur et mes deux demi-frère mais il n'en a pa été question. Je savais qu'il se passait un truc anormal car sous mon pyjama vert j'ai gardé ma brassière. Il m'a alors touché et embrassé la poitrine en me damandant si ça me plaisait, j'ai dit non et quand il a voulu glissé sa main dans ma culotte, je l'ai empêché. Il était tellement saoul qu'il n'a pas insisté... Il s'est endormi et j'ai senti quelque chose de dur contre moi. Mon père venait de signer la plus énorme trahison a laquelle on puisse soumettre son enfant. Un père est sensé protégé ses enfants, pas leur faire du mal.

Il n'a plus tenté de chose similaire sur moi mais une fois sur ma soeur quand j'étais en voyage scolaire. Depuis elle lui a fait un procès et elle l'a gagné. Notre père a écopé de 5 ans avec sursis. Je viens d'apprendre récemment ce qu'il lui a fait et cela me révolte de n'avoir pas pu la protéger.

Après être sortie de chez notre père, nous avons été acceuilli par les amis cités plus haut. J'y suis resté jusqu'à ma majorité puis je suis partie faire mes études en ville. J'y ai rencontré mon futur mari (heureusement très compréhensif sur la question)

J'ai un travail, je suis propriétaire de mon appart, tous semble aller bien pour moi mais au fond je m'enlise, je patauge dans cette fange. J'ai des problèmes pour me sentir en phase avec le réel, je m'évade dans la lecture. Je suis très très distraite et très peu consciente de mon environnement. Cela me pose beaucoup de problème dans la vie de tout les jours et avec mon conjoint. Je suis pourtant en thérapie mais je tourne en rond... Je vais encore essayé un autre thérapeute comportementaliste cette fois mais je suis très très fatiguée de n'arriver à rien. je me sens à presque 25 ans déà très vieille et très usée.

Je n'aurai jamais de reconnaissance sur ce sujet pa rmon père. Il nie tout mêm d'avoir été condamné par la justice. Il vit dans un monde à lui. De toute façon, je ne peux pas me confronter à lui, il me terrorise encore. J'ai eu des parents mais je manque cruellement du concept de mère et de père.

Je n'en revient pas d'écrire tout ça, moi qui ai tant de mal à appeler ce que j'ai vécu par son nom. Moi qui pense que je suis marquée au fer rouge et que chacun peux lire sur mon front les abîmes que j'ai cotoyer, la souffrance et la honte que j'éprouve...

Merci à tous pour vos témoignages, je sais que je m'en sortirai car je suis malgré tout une grande optimiste mais la route est longue...