Je suis une adulte de 22 ans qui a vécu de l'inceste et qui longtemps ne s'est comparée que à ce qu'elle a vécu.
J'ai vécu de l'inceste à mes neuf ans pendant plusieurs mois de la part de mon géniteur, et de sa femme de l'époque. Je me suis retrouvée à endosser toutes les erreurs de la maison. J'étais le bouc émissaire et celle qui souffrait pour tout le monde, ayant une famille nombreuse avec mes frères et sœurs et les enfants de sa compagne de l’époque. Nous devions être 7 ou 8 enfants avec deux alcooliques comme parents. Je n’ai que des vagues souvenirs de tout ce que j’ai vécu lorsque toute la maison dormait mais je me souviens de la journée. Une fois, nous nous sommes retrouvés tous nus juste à la demande de notre paternel contre du chantage. Et moi pendant ce temps, je me retrouvais punie sans raison, dans un coin, à genoux, les bras levés, pour rester en bas alors que je ne voulais pas. Je vivais un cauchemar éveillé, fini lorsque je fus, à la demande de mon géniteur non-alcoolisé, capable de dire non.
Je pensais que c’était fini et ce le fut, mais je continuais d’être insultée par toute ma famille, malmenée encore et encore. Et malgré les années, cela recommença à mes quinze ans. Pourtant capable de dire non, j’avais développé sans m’en rendre compte une peur bleue de mon géniteur. D’ailleurs, à cet âge, il était marié avec une autre femme qui avait deux garçons, et il est toujours avec celle-ci. Donc à mes quinze ans, je me faisais du mal car je n’étais pas bien dans ma peau, ni dans mon corps, mais cela ne changea rien. Il fouilla ma chambre, trouva mon journal intime, et ça a recommencé. Juste une fois. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, pour lui j’étais sa fille « salope » ; pour expliquer ce terme, j’avais un rapport au sexe très tôt dans ma vie et très néfaste, et j’ai confondu amour et sexe pendant longtemps.
J’ai pu porter plainte contre lui au mois de juin 2015, une semaine avant le brevet des collèges, grâce à des amies à qui j’en ai parlé. J’ai été placée le soir même, et j’étais toujours aussi mal dans mon corps, voir plus. Le climat familial était toujours un enfer et pourtant, j’ai voulu porter mon paternel juste pour que mes frères et sœurs ne me détestent pas plus. Une grosse erreur. Tout le monde fut entendu et personne ne put aider à ma déposition car cela ne se passait que lorsque nous étions seuls. Même si nous sommes 10 dans une maison, il arrive toujours des moments où vous vous retrouvez seule avec le monstre alcoolique.
Enfin bon, les conséquences de tout ce que j’ai vécu sont fortes et je me les prends chaque jour en pleine figure. J’ai 22 ans, une adulte qui a un trouble de stress post-traumatique, qui a donné lieu à un trouble de l’identité borderline et de l’hyperphagie. Je n’ai personne à qui parler de tout cela, j’ai déjà réalisé de multipless tentatives de suicide. Je ne vais pas bien psychologiquement et ma plainte est classée sans suite par faute de preuve... Pourtant, les conséquences sont là. Mais je veux croire qu’un jour j’arriverai à me relever. Aujourd’hui, j’écris un livre pour m’aider à aller mieux mais aussi réussir à me comprendre et aider d’autres personnes, [...] car l’inceste touche beaucoup plus de personnes qu’on pourrait le croire. Je veux croire un jour en la possibilité d’un jour meilleur. J’ai vécu les conséquences de tout cela de plein fouet avec alcool, drogue, suicide, sexe et autre. Mais je veux rester la tête haute et ne plus douter de ce que j’ai vécu malgré ce que l’on a pu me dire. Dans la procédure juridique, c’était moi l’accusée, non lui, alors que c’était moi la victime. Mais je ne crois plus en la justice. Et aller mieux, c’est ce qui le fera vraiment chier car il ne m’aura pas détruite totalement. Et même en ayant vécu de l’inceste, on peut avoir une vie sexuelle et amoureuse saine en communiquant le plus avec soi.