Fin d'une crise, début de l'après-crise. L'après-crise c'est la culpabilité, c'est la douleur à l'endroit torturé et au coeur, c'est la honte, c'est la fatigue, ce sont les fausses promesses.
J'ai mal au ventre, et à l'avant bras.
J'en avais marre du quadrillage, alors je me suis prise de talents litéraires. Inscrire ce par quoi je me nomme dans ma chair. Désormais s'étalent en lettre écarlates A-N-G-E sur mon avant bras, à l'intérieur, là où la peau est la plus blanche, la plus fine, la plus fragile, là où on voit courir les veines, ce réseau de vie.
Celles là, elles m'ont narguées, elles sont passées proche de l'interruption du trafic. Comme un front de libération clandestin, j'ai creusé pour ouvrir à l'air libre le rouge emprisonné dans ces longues autoroutes bleues.
Rouge et bleu. Du drapeau de la République qui m'a dit "c'est fini", il manque le blanc.
Ou est le blanc de l'ange ? Ou est le blanc de la pureté ? de l'innocence ?
Il n'est plus là depuis longtemps ou bien reste t il, intouchable, au dessus de tout ça ?
Il y a longtemps, longtemps comme seule la mémoire des corps peut s'en souvenir, le blanc a été taché de rouge.
Ce blanc là a disparu dans le vermillon de la douleur et de l'incompréhension de quelque chose arrivé bien trop tot, d'un trésor volé avant maturation, d'une fleur empêchée d'éclore pour l'avoir cueuillie pendant son hiver.
Tuée avant qu'elle ne s'éveille.
La disproportion des corps rend étonnante cette curiosité de la nature. Comment un corps d'homme peut il prendre possession d'une petite fille, toute petite, sans la détruire ?
Les corps des jeunes individus sont bien trop résistants, ils s'abiment bien mais ne meurent pas pour autant.
Quel dommage.
Après reste l'enveloppe toute salie, écornée, cabossée, un espace déchiré, béant. Et la peur. Et bien plus tard, le dégoût. A vomir.
Et la vie continue. Sans l'enveloppe vide, si souvent... L'esprit ne reste plus, il connaît les étapes. Seul le corps est demandé. L'esprit, on s'en fout. Alors il part faire un tour, le temps que...
Et les gestes sont mécaniques. Les mains guident, soulèvent, prennent, place le corps. Et le corps à peine bouge. Difficilement répond aux ordres. Mais execute. Se raidit par pure protection, pour retarder, éviter, rendre difficile ce qui va encore l'abimer. Mais ca ne marche pas souvent. Alors offre autre chose de moins douloureux en échange. Avilissement de plus.
Devant, derrière, quelle importance ? un corps de fillette veut seulement sa propre sauvegarde.
Quelle honte.
Quelle douleur.
Comment arriver à reproduire ces mêmes actes aujourd'hui ?
Comment aimer ce par quoi on a été assassiné ?
Par l'Amour.
Tout renaîtra pour lui et par lui.
Espoir.
La souffrance et l'espoir
Témoignage
Publié le 29.11.2006