afin que celle-ci puisse aider tous ceux et celles qui la lisent, mais j'ai aussi décidé de me libérer la parole.
Oui, il y a quelque chose qui cloche en moi, ce doute permanent, cette mélancolie, ces émotions fortes sorties de nulle part, cet état d'urgence qui ne cesse que quand je suis en territoire connu et en sécurité, ces insomnies à répétition, ces blocages, notamment dans ma sexualité. Oui, c'est lié à ma sexualité, c'est certain. Et c'est fort... Mais c'est quoi ? En pleine forêt Pyrénéenne, la question s'impose intérieurement, comme une évidence : Ai-je vécu une histoire incestueuse pendant mon enfance. Et la réponse de se faire sentir, comme un coup de poing dans le plexus solaire, mon corps crie OUI ! Okay, respire, et ben tant que tu y es, vas voir plus loin : Avec qui ? Imaginer mon père, mon frère, voire ma mère, non, impossible. Et tant mieux. Non, c'est quelqu'un d'autre. J'énumère quelques noms jusqu'à arriver au grand-père, donc je ne me souviens plus, seulement d'un jeu "à dada sur mon bidet" à rire et sautiller sur ses cuisses de ... violeur, Motherfucker !
3 ans de tentatives semi infructueuses de soins. Je deviens fou au début jusqu'à ce qu'au bout de quelques jours, un kinésiologue me confirme que oui, j'ai bien vécu une scène sexuelle (pas de pénétration confirme-t-elle) entre 3 et 4 ans. Elle me dit que ma mère a vécu la même chose étant plus jeune... Trash clash bang, Nice Bébé. Ceci explique cela. Paranoia, pensant que le reste de ma famille me l'avait caché. Solitude extrême quand j'en parle deux mois plus tard à mes parents et mon frère qui sont choqués par l'information mais ne m'accompagnent d'aucune manière les semaines et mois qui suivent (4 ans plus tard nous n'avons toujours pas abordé ce sujet). Je sens aujourd'hui que ma tante, la soeur de ma mère savait mais qu'elle n'a rien dit. Il y a des informations que mon coeur me demande d'arrêter de nier, comme celle-là.
Eté 2022, je vais participer à une retraite en nature de 5 rythmes, une pratique de méditation en mouvement qui m'a permis de retomber dans le corps et d'intégrer ces informations tout en harmonisant émotions (pendant le confinement, bloqué avec moi même et mes émotions, à la limite du suicide, je l'ai dansé tous les jours, cette pratique m'a sauvé la vie) . Je décide de rester sur cette île, l'horizon sur la mer me donne envie de voir un futur heureux et positif. Je reconnecte à l'idée de faire un spectacle pour soigner cette histoire. Mais pour ça, pour parler de cet état de victime, je dois d'abord en sortir; Je teste alors une scéance d'hypnose avec libération émotionnelle qui va être décisive. Je lâche le trop-plein émotionnel de ce trauma avec mon grand-père maternel, qui était déjà bien soigné et digéré au niveau mental mais le corps restait en partie bloqué, des émotions fortes avaient toujours main mise sur moi, mon état, mes réactions. Bref, gros déblocage que je remercie infiniement. D'autant plus que je suis aujourd'hui capable d'entrer dans cette auto-hypnose, transe qui me permet de dégager à mon rythme mes trop plein émotionnels. Le lendemain de cette session, de nuit, j'ai une relation sexuelle avec un partenaire (je suis pansexuel) . Le mec me fait quelque chose qu'une partie de moi, celle qui est dans le moment présent, adore. Une autre part de moi est dégoutée au plus haut point, nausée, douleur intérieure, vicérale, dégoût, presque une envie de le dégager à coup de pieds. Alors que l'autre face de la pièce kiffe à en crier de plaisir. Avant d'arrêter mon partenaire, je prend 2 secondes pour connecter réellement à ce que je sens en dedans... M'apparait alors une image claire de mon cousin, bien plus âgé que moi qui m'agresse sexuellement alors que je suis enfant. Wah. Okay, mon pote, je crois qu'on va arréter cette ptite session de jambe en l'air, je vais aller me jeter un ptit coup dans la mer histoire de me laver. Ce que j'ai fait les jours suivant, nombre de pages écrites, de cris et de coups de poings et de pieds sous l'eau, une envie de tuer, une envie de tout péter, une envie de dire à qui veut l'entendre ma douleur, peine, mon horreur.
Jamais je ne comprendrais. pour autant je veux pardonner. Tout comme j'aimerais accompagner ces personnes, malades, qui s'attaquent à des enfants, notamment dans leur famille. Je me tape du pourquoi, je souhaite seulement qu'il y ait un accompagnement de ces personnes qui au final sont partout autour de nous, et qui perchent complet sans déconner. Ce n'est pas d'aller en prison dont elles ont besoin (j'ai travaillé un an en prison en tant qu'intervenant social pour permettre à ces personnes de s'imaginer pour un temps sortir de leur trou). La prison n'a aucun sens, elle te met encore plus dans ta propre merde. Ce dont ont besoin les incesteurs (je dis "-eurs" parce qu'il me semble qu'une énorme majorité sont des hommes), ce sont des soins (intensifs), de parler, de gerber leur merde. Car si mon cousin m'a incesté, c'est qu'il l'a appris de notre grand-père. J'imagine que ce grand-père l'a vécu lui aussi. Et c'est sans doute plus facile de répéter l'histoire que de se permettre de voir en face et de sentir ce qu'on a nous-mêmes vécu...
"Merci, je m'Aime moi m'Aime" est alors en cours d'écriture : une performance participative qui mêlera cirque, chant, musique en direct, clown, acrobatie, danse et autres formes d'art afin de parler de ce sujet depuis mon expérience et ma vision. En tête : me soigner, participer à proposer un soin collectif, donner un exemple, se libérer individuellement et collectivement, pour soi et pour tous (tes) du poids de ce silence. Tout soutien économique est le bienvenue, ayant fait des pauses de travail étant donné que j'avais besoin de soigner ce trauma, aussi de sortir des envies suicidaires qui ont pris place ces deux dernières années, me sentant impuissant face aux ressenti, à la solitude, à la vie. Ya no, je souhaite reprendre ma vie en main et sortir de cette victimisation qui ne sert qu'à m'enfoncer, récupérer mon pouvoir, partager cette performance avant d'aller voir mon cousin et lui dire "Je me souviens, Je te Pardonne, Point Final".