Avant, je n'avais pas la force de porter plainte
Témoignage
Publié le 18.09.2016
J'ai 42 ans et j'en avais 8 quand mon père a abusé de moi. (Et j'en avais de 0 à 20 pendant les années de climat incestueux que j'ai vécues.) Aujourd'hui, je me suis en partie relevée, mais j'ai toujours des insomnies (réveil en sursaut pendant l'endormissement: c'est à ce moment-là qu'ont eu lieu les attouchements...), j'ai toujours des migraines chroniques (régulières depuis ma prise de conscience à l'adolescence), j'ai toujours des peurs parfois irrationnelles et un sentiment d'insécurité plus ou moins permanent.
J'ai parlé à 20 ans, je ne sais pas si c'était déjà juridiquement trop tard, tout ce que je sais, c'est que j'étais tellement fragile à l'époque et que ça m'a demandé un tel effort (d'affronter ma famille - et le déni de ma mère) qu'aller porter plainte ne m'a même pas effleurée, et que ce n'est que depuis 2 ou 3 ans je dirais (depuis la fin de mes années de psychothérapie) que j'aurais la force et la lucidité de le faire. Ce que je sais aussi, c'est qu'une partie de mes fragilités, je vais les garder à vie. Et que je suis sûre que c'est la même chose pour toutes les victimes d'inceste.
Le 16 septembre 2016. Véronique.