Bon psy ou non, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je n'ai pas choisi ma vitesse d'évolution et qu'en cela, j'ai fait confiance à ma psychothérapeute, je me suis fait confiance, j'ai admis que je devais être patiente.
J'ai rencontré régulièrement ma psychothérapeute pendant plusieurs années, en commençant les séances quelques mois avant la naissance de mon fils. Si j'ai souhaité cesser ma thérapie, c'est que je n'en tirais plus rien. Je ne parvenais en fait pas à m'individualiser, à parvenir à penser, réfléchir et décider par moi-même, j'étais pieds et poings liés à ma famille et ne parvenais pas à comprendre que je devais m'en défaire, que c'était ma seule solution pour progresser.
Une interruption de plusieurs années, puis les aleas de la vie m'ont obligée à recourir à la même psychothérapeute (je ne me sentais pas d'aller raconter mon histoire à une autre personne : la promesse faite de longue date à mon père de garder sous silence le viol par mon frère était encore très présente : je ne pouvais éparpiller mon histoire, celle de ma famille, un peu partout !). J'ai mis du temps avant de céder, avant de lâcher prise, avant d'accepter de voir que ma vie, ma façon de la vivre, n'était pas "normale", pouvait en tout cas être autrement. Cet "autrement" passait par une déconnexion de mes parents ; il est aujourd'hui, presque 16 ans après ma première séance, à peu près acquis. La culpabilité d'avoir rompu avec mes parents, ma famille, point de temps à autres, mais je sais aujourd'hui relativiser ; depuis plusieurs mois, je ne m'en veux plus, je sais que c'était un passage obligé.
Pourquoi ce témoignage ? Parce que je pense que ce n'est pas la qualité de ma psychothérapeute qui était en cause dans ma lente évolution et dans le fait que j'ai dû abandonner la thérapie quelques années : je n'étais pas libre dans mon esprit pour bénéficier du travail de ma psy, je n'étais pas en capacité d'ouvrir les yeux et de m'approprier, par moi-même, mon environnement. Il a fallu que j'évolue, lentement, que j'apprenne à vivre "vraiment", avec de nouvelles personnes, dans des situations nouvelles, pour que je sois en capacité de refuser ce que ma famille m'imposait, et en capacité de me projeter autrement dans mon quotidien.
Je pense que ma psy, si elle ne m'a pas brusquée, a fait correctement son travail. Elle m'a laisser cheminer, à mon rithme, même quand je lui ai signifié que je cessais de la voir. Si elle ne l'avait pas fait, cela aurait été compliqué pour moi, je n'aurais sans doute pas réussi à me stabiliser, pas à pas, vers une posture qui me convient, que j'arrive à gérer, à admettre, à trouver "normale", dans laquelle je me sens bien.
Oui, souvent je me suis demandée pourquoi ma psy ne me donnais pas les bonnes ficelles, celles qui me feraient aller bien de suite. Je lui en voulais, en quelque sorte. Mais pourtant, je continuais à la rencontrer ; puis je suis retournée la revoir : j'avais confiance, confiance en elle. Elle savait m'écouter, écouter mes silences, mes longs silences, sans jugement, sans manifestation de quoi que ce soit. Ce comportement, aussi déstabilisant qu'il ait été, sur le coup me laissait démunie, mais à long terme a été plus que constructif. Elle a su installer entre nous un climat d'échange dans lequel, aujourd'hui encore, je me plonge régulièrement paisiblement, apaisant ainsi les maux de mon actualité.
A posteriori, je juge le travail de ma thérapeute très positivement et très adapté à qui je suis. Je pense que tout comme ma grossesse et la naissance de mon fils, je n'ai pas voulu me faire une idée de ce qu'il allait m'arriver face à elle, de ce qu'elle allait m'apporter : j'ai pris les choses comme elles venaient, et j'ai composé, en minimisant ce qui me déplaisait, le mettant sur le compte de ma méconnaissance. Inconsiemment, je savais que je devais changer, et je lui ai fait confiance. J'en suis aujourd'hui pleinement satisfaite.