Il y a un an j'entamais une nouvelle thérapie. J'avais le mal de vivre sans savoir pourquoi. Lors d'un de nos entretiens j'ai spontanément dit hors contexte : j'ai été victime d'un pédophile.Quel Flash ! Je n'en avais même pas conscience. Juste quelques sensations désagréables, des impressions de, sans certitude : un baiser sur la joue pour dire bonjour digne d'un tendre baiser d'amoureux, une terreur de le voir surgir dans la salle de bain lorsqu'il m'accueillait chez eux,... rien de concret.
Depuis lors je démêle un gros noeud et remets en place les pièces d'un grand puzzle. Un jour, lors d'un délire de ma maman schizophrène me lâche en pleine conversation de tout et de rien, qu'elle nous a surpris moi nue sur un fauteuil et lui à mes côtés. Voilà qu'elle confirmait mes intuitions. Mais comment en être certaine vue sa maladie.
J'ai harcelé mon père, persuadée qu'il était au courant, pour savoir. Il n'a jamais rien dit. Je l'ai harcelée elle aussi. Et elle finit par me répéter le même discours de façon lucide cette fois corroborant des déductions faites depuis cette première révélation.
Je pensais que savoir dans les détails me soulagerait. Il n'en est rien. Quand arrivera donc le jour ou je pourrais sourire, faire confiance, avoir confiance en moi, aimer sans crainte, ne plus penser que cela arrivera fatalement à mes enfants,.. J'en ai marre de porter cette croix. Celle là est trop lourde à porter. Comment s'en débarrasser ?
Découvrir la vérité ne me soulage pas
Témoignage
Publié le 25.07.2007
Cela n'arrivera pas à tes enfants si tu ne te voiles pas la face. J'ai trois enfants et j'ai moi aussi découvert la plus grosse partie de ce qui m'est arrivé il y a relativement peu de temps, en reprenant contact avec une amie à ma mère. C'est une de ses filles qui a répondu et qui, elle, se souvenait de ce que nous avions vécu, ainsi que sa soeur.
Mon aîné de huit sait, le deuxième de cinq ans commence à comprendre. Nous sommes suivis dans le cadre d'une thérapie familiale et la professionnelle qui nous suit nous a dit que nos enfants, de par leur comportement, semblaient mieux préparés que d'autres.
Pour cela, toutefois, il faut soi-même affronter ses craintes. Pour moi, rien est encore souvenir personnel : des "réminiscences", des témoignages des deux soeurs ayant été victimes, avec nous, de deux mères pédophiles et d'un cercle plus vaste de connaissances, des recoupements auprès de mon père et de mon frère encore vivant obtenus sans préciser la raison de mes questions.
J'avance à l'aveuglette, tout comme toi. Je progresse. On me dit que je me souviendrai un jour. Je ne sais pas, mais l'important est de protéger mes enfants, et même ma compagne que je n'ai pas peur d'aimer. Elle a traversé avec moi beaucoup d'épreuves et nous avons attendu 10 ans avant d'avoir des enfants, ce qui démontre pour moi son amour et son désintéressement.