Été incestueux en Charente

Témoignage Publié le 16.01.2023
11366819414_e3cbe81d62_o.jpg

Il m’a fallu des années avant de mettre un mot sur ce que j’avais vécu étant enfant pendant les vacances estivales que je passais en famille dans un village de Charente : des viols !

Je devais avoir 7 ou 8 ans, c’était donc en 1995 ou 1996. J’aurais bien du mal à donner des dates précises. Tous les étés, avec mes parents dont je suis suis le fils unique, nous nous rendions, depuis la région parisienne, dans une maison de famille, située en Charente. Les voisins étaient des cousins éloignés qui eux aussi se retrouvaient en famille l’été. On m’a souvent laissé jouer avec les autres enfants, en particulier avec l’aîné d’entre eux, Guillaume* qu’on trouvait très gentil quoique mentalement un peu immature et agité. Il avait six ans de plus que moi et était déjà bien bâti. Quant à moi, j’ai toujours été plutôt frêle.

Un soir, avant que la nuit tombe, j’étais parti seul faire du vélo sur un chemin agricole à proximité du village. Je suis tombé de vélo sans gravité en m’écartant pour laisser passer un véhicule. Comme je m’étais juste égratigné le véhicule a poursuivi sa route. Sur ces entrefaites, Guillaume est arrivé, lui aussi à vélo. Il a pris pour prétexte ma chute pour m’emmener dans un bosquet de peupliers où il commençait déjà à faire sombre pour “m’examiner”. Il m’a déshabillé, sous vêtements compris et s’est adonné à des attouchements notamment à caractère sexuel. Puis il m’a laissé rentrer… Je me souviens avoir été très perturbé par ce qu’il venait de se produire. Je n’ai parlé que de la chute à ma mère. Quant à mon père il a toujours été très absent durant toute mon enfance. Il m’aimait certainement mais me laissait aux soins de ma mère. Je me sentais très distant de lui. Il était parfois colérique, je redoutais de lui parler. Dans les jours qui ont suivi, je suis retourné faire du vélo sur le même chemin et Guillaume m’a de nouveau suivi. Une cabane faite de ballots de paille avait été érigée dans un pré par des jeunes du village. Sous prétexte d’un jeu, nous sommes entrés dedans. Là, il m’a de nouveau déshabillé et lui aussi. Je me souviens parfaitement de son attitude impatiente, surexcitée et de son sexe en érection impressionnant pour le petit garçon que j’étais. Il m’a allongé et s’est couché sur moi. Sa forte corpulence m’écrasait. J’étais tétanisé. Il s’est frotté à moi jusqu’à éjaculer sur moi. Il me disait que c’était bon, que je devais aimer ça ! J’étais terrorisé en fait. Pris peut-être d’une soudaine inquiétude il m’a assurer qu’il me tuerait si je parlais de ce qu’il venait de me faire subir. Je n’ai pas parlé…

Les attouchements et violences sexuelles se sont poursuivis tout l’été. Parmi les souvenirs les plus marquants, je me rappelle d’une fois où mes parents devaient aller faire des courses. Ils m’ont confié à la garde de Guillaume malgré mes protestations. Mais je n’osais pas apporter les raisons réelles de mes réticences et ils sont partis, me laissant jouer avec ce brave adolescent apprécié de tous… Cette fois-ci et à d’autres reprises, j’ai été contraint à recevoir et à pratiquer des fellations. Un autre épisode reste trouble pour moi. Nous étions, il me semble, avec sa petite sœur un peu plus jeune que lui, près d’une vieille caravane au fond du jardin appartenant à sa famille. Je ne me souviens plus très très bien de ce qu’il s’est passé. Je les revois en colère Guillaume et sa sœur. Je crois qu’elle lui demandait d’arrêter de me faire subir quelque chose d’ordre sexuel me semble-t-il…

L’été suivant, avant d’aller en Charente, j’ai essayé de parler à ma mère avec mes mots d’enfants de ce que j’avais vécu. Mes notions relatives à la sexualité étaient encore très vagues, d’autant plus que c’était un sujet très tabou dans la famille. Ce dont j’étais sûr, c’est que je redoutais absolument de revoir Guillaume et de subir de nouveau viols et attouchements. Je me souviens être resté assez évasif avec ma mère. J’estime, à l’heure actuelle, que cela aurait pu être suffisant pour la mettre en alerte. Mais, plus tard, dans la voiture, sur la route de Charente, tandis que mon père conduisait, j’ai dit à ma mère : “tu te souviens de ce que je t’ai dit à propos de Guillaume ?”. Elle a fait mine de ne rien se rappeler… Je n’ai pas insister, je n’osai pas reparler de ça en présence de mon père. Je crois que finalement Guillaume n’était pas là cet été là ou que nous nous sommes peu vus. Tant mieux, j’avais déjà assez subi…

Après le décès de ma mère, en 2013, j’ai entamé un travail de psychanalyse. J’avais 25 ans, mon mal être était profond. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me rendre compte de ce que j’avais vécu dans mon enfance et réussir à mettre des mots dessus. Je suis sûr d’avoir développé par ailleurs différents symptômes psychologiques et psychosomatiques suite à ces événements : envies d’uriner impérieuses, tétanies, manque de confiance dans mes rapports sociaux et affectifs, impossibilité de vivre sur la durée des relations amoureuses ou d’envisager d’avoir des enfants…

En 2017, je me suis rendu en Charente. Mon père occupait la maison de famille pour un moment… Je lui ai tout raconté ce que j’avais vécu étant enfant. Il se trouve que depuis quelques temps, Guillaume habitait à plein temps la maison voisine, il était évident que j’allais être de nouveau confronté à lui. J’étais terrorisé à l’idée de le revoir. Mon père l’a fait venir. J’ai pris beaucoup de courage pour lui parler. Mon père était là. Guillaume a simplement répondu qu’il ne se souvenait de rien et qu’il s’excusait s’il avait fait quelque chose de mal. Mon père nous a fait nous serrer la main, pour lui l’affaire était close… Pas pour moi ! J’avais même l’impression qu’il cherchait davantage à trouver des excuses à Guillaume (il n’a pas eu une enfance facile, ses parents étaient inconséquents,…) plutôt qu’à essayer de comprendre mes souffrances actuelles et passées.

Je n’ai jamais eu le courage de porter plainte. L’idée du fait qu’il puisse nier les faits et qu’il soit finalement acquitté me paralyse dans mon désir de justice… Et pourtant, je suis inquiet, notamment pour d’autres enfants. Guillaume a vécu avec une femme et a eu deux filles, puis le couple s’est séparé. D’après ce que mon père m’a dit, la garde des filles lui a été retirée. Pourquoi ? Je ne sais pas, je m’interroge. Il a eu récemment un bébé avec une autre femme… Je pense très fréquemment à tout cela. Mes séjours dans la maison familiale de Charente sont devenus rares malgré un cadre agréable en soit. Je ne supporte pas la présence de Guillaume comme voisin. Mon père et moi-même n’avons parlé de rien au reste de la famille. Et pourtant, si je délaisse ces lieux dont je suis pourtant héritier à terme, il va bien falloir s’expliquer. La force me manque…

* j’ai préféré modifier le prénom

 

Nous en parlons
V
Victimepedophilieinceste
Publié le 31.01.2023
Inscrit il y a 1 an / Nouveau / Membre

Monsieur, portez plainte vous êtes encore dans les temps! Il est probable que votre agresseur ait déjà un casier judiciaire et qu'il ait agit sur d'autres personnes. Ne vous taisez pas.