Grand frère
Témoignage
Publié le 15.05.2010
Le plus beau, le plus intelligent, le plus grand, mon frère a tout en plus. Et pourtant, cette année il a frôlé l'abime. Une grave dépression l'a obligé à 4 mois de repos médicalisé. Il ressort sur des pieds boitillants, hésitants. Gavé d'amour, et d'aveuglement parental, il recommence à vivre. Voyage printanier au pays de la police montée, des écureuils, et du sirop d'érable, il recommence à vivre. Et moi dans tout ça ? Spectatrice silencieuse, spectatrice aphone, quelle place ai-je eu dans les récits livrés à ses psy ?
Je le redoute car je sais que le lieu où se situe ma vie est maudit. Il recommence à vivre et je m'éteins. Ce frère j'en connais les mains, j'en connais l'odeur et le goût. Sa naissance a précédé la mienne de trois années. Et de ses trois années de plus il m'as aguerrie trop vite aux joies des adultes. Jamais une de mes poupées n'est resté intacte, démembrée, gribouillée sans protestation. Et c'est moi la poupée, la dernière poupée qu'il a abimée. Comment savoir si lui aussi qui n'était qu'un enfant est coupable ? Ce sent-il coupable ? Alors je vais parler parce que ma vie aussi peut recommencer.
qu'il soit coupable ou non, toi, tu es victime, sa victime. Ca, c'est sûr.
parle, parle encore, fais renaître cette vie qui t'a été volée
j'ai de moins en moins le même questionnement à propos de leur culpabilité, mes bourreaux de 4 ans 1/2 et 6 ans mes aînés. Leur réaction de déni aujourd'hui me convainc de leur culpabilité : pas même un remord, un mot pour dire qu'ils n'avaient pas idée de ce qu'ils faisaient : alors oui, les miens sont coupables
bonne route vers cette nouvelle vie tant méritée