Esclavage sexuel
Ma mère me désirait sexuellement de façon compulsive. Je sentais son désir sur moi, son regard lubrique. J’étais sans cesse harcelée, poursuivie par ce regard. Elle était excitée sexuellement quand elle regardait mon corps nu. Elle se promenait toujours nue dans la maison, je voyais sur son visage qu’elle était excitée sexuellement, je sais ce que ce c’est maintenant mais à l’époque, je ne comprenais pas pourquoi elle avait cette expression étrange. Je me souviens l’avoir vue des dizaines de fois se laver nue devant le lavabo, se laver les parties génitales avec son gant de toilette. J’imagine la tête que je devais avoir à la regarder ainsi, elle a toujours fait comme si je n’étais pas là, je suis certaine qu’elle recherchait et appréciait ma présence.
Une fois alors que j’avais 6 ans ou plus, elle m’a dit « tu as envie de téter hein »et elle m’a entraînée contre elle. Elle était nue sous son peignoir, moi j’étais dans sa chambre, je ne me souviens pas pourquoi. J’ai tété et j’ai levé les yeux vers elle. Elle avait une expression étrange, j’ai compris plus tard qu’elle était excitée.
Elle me disait que ce n’était pas bien de mettre une culotte sous ma chemise de nuit. Elle me disait d’arrêter de cacher mon corps, que « de toutes façons, c’est moi qui t’ai faite ». Elle était curieuse de mon corps, elle touchait mes parties génitales avec une expression curieuse et excitée, avec une expression un peu coupable aussi.
Un jour, l'année de mes 8 ans, elle a introduit un objet un peu pointu dans mon anus, et a fait des va et vient énergiques, mimant un rapport sexuel. Je n’en pouvais plus je voulais que ça s’arrête. Mais ça ne s’arrêtait pas. Pour moi ça a duré une éternité. Quand ça a été fini, je me suis sentie impuissante, humiliée et détruite. Un autre jour elle a introduit son doigt dans mon vagin.
Elle me touchait régulièrement le clitoris, je pense que c’était pendant la toilette. Elle s’est occupée de ma préparation matinale jusqu’à mes 9 ans, toilette, habillement.
J’ai eu de la poitrine de façon assez précoce : un jour je lui ai demandé un soutien-gorge, elle s’est soit disant assurée que tout allait bien en me palpant les seins, après m’avoir demandé de retirer mon tee-shirt. Un matin je me suis réveillée paniquée, persuadée que quelqu’un avait caressé mes seins pendant la nuit.
Ambiance macabre
Mes deux grands-mères habitaient sous notre toit. La première avait un cancer du sein et une polyarthrite rhumatoïde, elle était paralysée des jambes. Elle recevait tous ses soins à la maison. Elle est morte quand j’avais 8 ans. Alors qu’elle agonisait, mes parents m’ont emmenée la voir, en me disant de lui lire un poème pour la réconforter. Le poème s’appelait « le petit âne » de Francis Jammes, il contait l’histoire d’un pauvre petit âne triste, qui marchait d’un pas cassé, dans les fossés, portant les malheurs du monde.
Mes parents m’ont montré le corps de ma grand-mère, et m’ont donné tous les détails des problèmes de conservation du corps. Il faisait chaud, nous étions en juin.
Ma deuxième grand –mère est morte quand j’avais 15 ans. J’ai alors occupé la partie de maison que mes deux grand-mères avaient occupée successivement, et qui sentait toujours la mort, même si les papiers peints avaient été changés.
Abandon
Quand j’ai eu 9 ans, ma mère est tombée malade. Au début, elle restait dans sa chambre, puis elle s’est mise à s’absenter tous les après-midi pour des séances d’acupuncture. Je restais seule à la maison. J’étais morte de peur. Je me souviens que j’allais l’attendre au bout de la rue, pensant qu’elle était morte et qu’elle ne reviendrait jamais.
A 10 ans, je rêvais que je partais vivre dans un pays ou mes parents n’existaient pas, et que j’y étais heureuse. Je me masturbais souvent, de façon compulsive.
Quand j’ai eu 11 ans j’ai eu une année scolaire très difficile. J’étais très bonne à l’école et on m’avait mis dans une classe avec beaucoup d’élèves plus âgés en échec scolaire, pour mixer les niveaux. Les filles menaçaient de faire des « mises à l’air », c'est-à-dire déshabiller de force d’autres filles, dans les vestiaires. Elles se moquaient du fait que je me cachais. Un jour j’ai arrêté de me cacher, persuadée de c’était leur droit de me voir nue. J’étais terrorisée, je me suis repliée sur moi-même.
Voici mon témoignage. j'espère qu'il aidera les victimes d'inceste par une femme à reconnaître l'horreur de l'abus qu'elles ont vécu, à entendre le cri enfoui au fond d'elles.
Petit à petit j'arrive à me détacher de cette horrible femme qui m'a donné la vie, pour ensuite me vampiriser et me détruire, en m'utilisant pour son bon plaisir. J'étais sa prostituée, sa petite pute. J'ai toujours ce dégoût pour son corps, qui m'a conduit au dégoût pour mon propre corps. Aujourd'hui je suis une femme castrée. Je suis une femme incapable de porter et d'élever des enfants.
Je sais ce que c'est, dire enfin à ses amis, dire ce qui s'est passé, et qu'on vous regarde incrédule, en pensant "la pauvre folle". Une autre de mes amies fustigeait un homme du village qui avait abusé sa belle-fille, mais cette même amie a invité ma mère à son mariage, alors que je lui avais tout dit.
Je n'ai pas perdu espoir, car je mesure le chemin parcouru, je sais que j'y arriverai, que le dégoût sortira un jour de mon corps. je dois écouter ce que mon corps a encore à me dire. Le plaisir que j'ai ressenti lors de cet esclavage/initiation forcée est encore là, plein de dégoût. ce plaisir me terrifie, je dois me pardonner de l'avoir ressenti. je dois accepter de l'avoir ressenti. je dois accepter de n'avoir été qu'une petite fille humaine, à la merci de sa violeuse, une petite esclave, une petite prostituée. je n'avais à l'époque aucun espoir que quelqu'un puisse m'aider.
Tant qu'on continuera à faire silence sur l'inceste par les femmes et les mères, les petites victimes n'auront aucun espoir d'être sorties de leur enfer.