J'ai découvert le tumulte il y a quelques semaines à peine. J'ai découvert un motif à mes souffrances, sur le coup ça m'a soulagé mais je suis en plein désordre depuis. Je navigue entre deux âges et c'est autre chose qui me gouverne, mes émotions d'avant, c'est mon corps qui me parle.
Je devrais être contente car avant je ne voulais pas l'entendre, je ne supportait meme pas qu'il existe. Je l'ai réinvestit, j'ai l'impression d'habiter chaque parcelle de mon corps et c'est très bizarre.
Je reviens dans ma peau après si longtemps.
Celui qui était mon parrain, qui devait me mener sur le chemin de la vie, celui là m'a fait des choses qu'on ne fait pas à une petite fille. Il l'a fait à moi et à ma soeur aînée. Officiellement je ne sais pas encore ce qui se passait. Je n'arrive pas à m'en souvenir mais avant il y a eu le faisceau de présomptions.
Je ne sais même plus comment en quelques semaines avec la psy, j'ai pu arriver là, il y a eu les séances ou je disais : « si tout cela s'est passé, alors c'est terrible ! » « S'il m'a fait ce qu'il m'a fait, il a pris 38 ans de ma vie, il a ravagé mon enfance et mon adolescence, il m'a rendue fatiguée de la vie »
Je voyais venir tout cela tout doucement, je savais déjà que c'était vrai mais ça me semblait tellement « simple » comme clé à ma souffrance. Puis j'ai appelé ma soeur et elle m'a dit. Alors je n'ai pu que le croire.
Je ne sais plus pourquoi je suis allée chez la psy, pas pour ça en tout ca. J'y suis allée parce que je me sentais partie trop loin de moi, recouvertes de milles carapaces. Je me sentais prête à aller vers moi, vers ce monstre que je voyais dans mes rêves tout au bout d'un tunnel sous terre.
Le jour où j'ai fais ce rêve symbolique, je sentais bien qu'il m'emmenait vers moi mais je croyais juste que c'était une ruse de mon esprit pour me faire peur d'aller vers moi. Aujourd'hui j'ai compris, ce n'était pas un déguisement : c'est bien moi, le monstre que je voyais au fond du tunnel, c'est le monstre que je croyais être quand j'étais enfant.
Ca fait très peur et ça soulage. Ca soulage un peu d'abord mais vite on entre dans ce côté sordide qu'on s'était efforcé de ne pas voir tout au long de sa vie. On sent un corps qui n'est plus le même, on entend un esprit qui n'est plus le notre parce qu'il réagit avec des émotions de petit enfant qui n'avait pas de nom pour un petit.
Et l'on se débat avec ça, avec toutes ces pensées qui démarrent par une angoisse, semblent filer vers la terreur et finissent par un blanc, par un zap. Je me sens dans un marécage en pleine nuit, s'il n'y avait pas la lumière que représente la psy, je crois que je m'y perdrais.
Je voudrais que toutes ces pensées grandissent vite. Avec la psy, je mets des mots en dessous des émotions et chaque mot fait grandir cet esprit du temps passé. Je refais le chemin depuis le début. Je ne doute pas d'y arriver.
Le pire dans tout ça, c'est que pour le moment c'est contre moi que je me bats ! Je voudrais éprouver de la colère pour cet homme, du dégout, du mépris mais tout celà pour le moment, c'est dans moi pas contre lui.
Je voudrais pouvoir m'imaginer le frapper mais je ne frapperai qu'un squelette, il est mort ! C'est de moi dont j'ai le plus peur, c'est le plus dur à vivre dans cette nouvelle expérience à laquelle je ne m'attendais pas.
J'ai bien compris, j'ai tout compris, les mécanismes physiques et psychique du petit enfant, les shémas pour se protéger, ceux que l'on reproduit. J'ai compris pourquoi j'étais énurésique, j'ai compris pourquoi j'étais hyper-timide, j'ai compris pourquoi je voulais mourir, j'ai compris pourquoi j'étais allée vers un homme qui ne me respectait pas, me violait, me faisait souffrir moralement et physiquement.
J'ai compris mais ça ne suffit pas car en ce moment je suis gouvernée par mes émotions, moi qui leur ai souvent laissé peu de place, je suis débordée. J'ai peur, très peur de moi, c'est cela que je n'aime pas dans ce que je traverse en ce moment.