Je me suis longtemps caché dans la souffrance physique. Avant de me rappeler l'horreur de mon enfance d'enfant abusé mon corps criait sans arrêt.Souvent chez le médecin et même hospitalisé la souffrance de mon âme n'avait d'autre soupape que celle de la maladie. Mon corps était un champs de bataille infernale ou je livrais les plus sanguinaires batailles. La guerre je l'ai gagné, mon âme a pris les armes, à coup de souvenir et de témoignage, de programme de 12 étapes, de tisane et d'abstinence de sucre pendant de long mois sans oublier le café que j'aime tant, j'ai pris le taureau par les cornes pour vaincre cette infinie douleur, blessure qu'est l'inceste parental (père).
Tant d'effort, de nuit blanche, de papier grabouillée entremêlé de larmes. Tant de solitude.... être entouré de ces êtres que j'aime tant et me sentir si seule pourtant. Donner même lorsque je me sens si vide !! Après de long chemin de souffrance intérieure et tous ces flash qui me revenait sans crier garde je suis revenu à la vie. Timidement un sourire est venu se profiler sur mon visage, la peur a fait place à la confiance peu à peu et la méfiance à la confiance. Lentement la vie a repris, enfin la vie et non la survie. Le temps passa et les années, du moins quelques années alors je pris comme habitude d'oublier, comme si rien n'était arrivé et de ne parler que très rarement de l'inceste, ce mot qui sent mauvais, qui éveille la honte. Ce mot qui rend mal à l'aise même ceux qui partage ma vie. Je vivais bien, je croyais.
Au fond c'est un peu comme quelqu'un qui a un membre en moins et que tout le monde fait comme si il ne lui manquait rien. Alors, la personne concernée va son chemin et se bute aux embuches mais elle ramène tout vers elle et se dit qu'elle doit lutter plus fort parce que c'est elle qui a un problème alors elle ne parle pas, ne se plaint pas et se bat toujours plus fort, les gens ne parle pas, la regarde seulement se disant qu'elle a la force de vaincre. Epuisé comme je le suis, présentement à faire comme si.....la vérité nous rattrape, cette vérité qui gène, dérange. On la cache et pourtant j'aurais envie de la crier au monde entier. Je souffre, encore....et mon corps recommence à crier. Alors ce sont mes dents crispés qui me font souffrir qui me rappelle cette rage, contre mon père incestueux mais surtout contre cette société qui nous rappelle sa médiocrité. Tout ces scandales des derniers mois (Québec-canada) Robert Gillet prostitution juvénile, et Guy Cloutier me ramène à ma réalité. Alors je refoule tout en dedans pour ne pas déranger mes proches et surtout mon mari que j'aime tant.
Il a été à mes côtés à la bataille mais je crois que la guerre l'a épuisé, je sens un tel malaise lorsque je lui parle de l'inceste et c'est normal je crois. Je me plait à me dire que c'est parce qu'il m'aime et ne peux supporter l'idée qu'on ait pu me faire souffrir autant. Alors bien sur seule je lèche mes plaies, et j'essaie d'oublier mais comme ce soir alors que ma vie prends un tournant important, alors que je suis retourné aux études pour entreprendre sous peu une nouvelle carrière, j'ai mal... mal de tout !! Tout ce qu'il m'ont fait et dit. J'ai mal de ne pas croire en moi, et surtout j'ai peur. Peur de ne pas réussir mon cours, de faire des erreurs de ne pas être à la hauteur.
Peur qu'ils reviennent me hanter, il faut que je fasse taire leur voix, et qu'enfin j'écoute ma voix et surtout que je suive ma voie, je m'accroche ce soir à vous, vous êtes là comme moi a avoir tant souffert, à vous accrocher, à vouloir vous en sortir. Un jour on m'a dit, tu sais c'est comme un oignon, plus tu approche du coeur quand tu l'épluche, plus tu pleurs. Je suis je crois au coeur de ma vie, je me détache doucement de mon mari et de mes enfants, non en les délaissant mais en étant moi, pas juste l'épouse ou la mère mais en étant enfin une femme. MOI. Je sais que j'y arriverai et de pouvoir mettre des mots sur mes maux me libère et rend ma vie vivable. Merci à ceux qui me liront et surtout n'oubliez jamais que l'amour est plus fort que tout. La lumière est là!
La souffrance....
Témoignage
Publié le 18.12.2006