Bonjour, c'est la première fois que je me décide à témoigner, dans une association, des attouchements que j'ai subis de la part de mon grand-père paternel.
Je ne me rappelle pas quand cela à commencer, mais mes souvenirs remontent aux environs de 8 ans jusqu'à mes 12 ans. Mon grand-père est mort quand j'avais 12 ans et quelle bénédiction, je ne sais pas jusqu'où il aurait pu aller. Je suis une enfant née pendant la séparation de mes parents. J'allais chez mon père un week-end sur 2 et la moitié des vacances scolaires. D'autant que je me souvienne, ma belle-mère (celle du jour) venait me chercher chez ma mère et me déposait chez mes grands-parents. Mon père venait le lendemain midi et nous repartions (mon frère et moi) avec lui. Ensuite il me déposait chez ma mère. Mon grand-frère était en garde chez mon père et moi chez ma mère. Donc je dormais chez mes grands-parents et plus particulièrement dans le lit de mon grand-père, mes grands-parents faisant lit à part et chambre à part. Donc il est bien évident qu'un week-end sur 2 je subissais les attouchements de mon grand-père. Il me réveillait la nuit aux alentours de 4h du matin pour toucher mon clitoris et "me faire du bien" comme il disait. Il allait ensuite aux toilettes. A l'instant et en écrivant mon témoignage, je me dis qu'il devait aller se masturber aux toilettes. Malheureusement pour moi ce n'était pas le seul endroit où je subissais ses attouchements. Il le faisait aussi lorsqu'il m'apprenait à conduire ou bien lorsqu'il me lavait ou bien lorsqu'il nous a emmené mon frère et moi dans un camping naturiste. Lors de ces vacances et pour la seule fois où je m'en souviens, il m'a éjaculé dessus. Il n'y a pas eu pénétration anale ou vaginale, ou alors j'ai oublié.
Mon récit est chaotique mais il m'aide à me libérer. J'ai fait une thérapie pendant plus de 22 ans (j'ai 47 ans). J'en ai parlé pour la 1ère fois lors de ma première relation sérieuse avec un petit ami avec lequel j'ai eu ma première relation sexuelle, c'était le meilleur ami de mon frère. Je me suis sentie écoutée et il a pris soin de moi lors de la première fois, il a été patient et attentif. J'ai eu de la chance. Evidemment il a fini par en parler à mon frère, puis mon père a été mis au courant. Il m'a alors invitée au restaurant et m'a dit d'aller voir un psy. Connaissant mon père, je savais que cela voulait dire qu'il ne me croyait pas du tout, les psy c'est pour les fous !! L'année dernière mon père m'a téléphoné et m'a confirmé ce que je pensais : il ne me croyait pas. Depuis je redescends aux enfers et je m'aperçois que même si je l'ai dit, par la suite plus personne n'en reparle. Je suis aussi en colère car ma grand-mère a laissé faire, mon père aussi. Comment ne pas se dire que ce n'est pas normal qu'une fille de 8/12 ans dorme dans le lit avec son grand-père ou bien que ce dernier la lave ? Un enfant de 8 ans est autonome sur sa toilette !!!! Comment cela a pu être ignoré ? Ou plutôt pourquoi les gens ont ignorés tous les signaux !
Je vous écris aujourd'hui pour libérer ma parole ; il est tant que je dise stop à ce silence qui me pèse sur les épaules, cette culpabilité inutile, ce contrôle de mes paroles et gestes, ce mal que je me fais au quotidien avec mes angoisses. Depuis une 15 de jours j'écoute des podcasts sur le sujet et c'est comme cela que j'ai "atterri" sur votre site. D'écrire encore et encore sera peut être libératoire ; depuis ces 15 jours j'écris aussi sur un cahier. J'écris de façon décousue comme ça sort, un peu chaque jour sans jamais me relire. J'ai déjà tenté mais en me relisant je me dénigrais : je ne sais pas écrire, ce n'est pas dans l'ordre, bref je me jugeais encore une fois. Je veux essayer de faire tomber tous ses murs que j'ai érigés tout autour de moi, je veux pouvoir vivre plus sereinement sans crise d'angoisse, j'aimerais pouvoir dormir des nuits complètes (je subis des insomnies au moins depuis mes 10 ans avec des crises de boulimies à manger tout un tas de sucreries pour me détendre).
Ce qui est bien dans votre témoignage c'est la liberté d'expression mais aussi de dire ce que l'on veut dans le sens que l'on veut ou que l'on peut. Je me suis très peu intéressée aux ressentis de mes proches, je me questionne aujourd'hui ! Et en même temps, je sais que j'ai fait un grand trait sur ma famille paternelle ; j'ai enfin compris à force d'écrire que je leur en voulais de n'avoir rien fait. C'est certainement la raison pour laquelle quand j'allais les voir j'étais malade (gastro à répétition) ; au fil du temps je suis allée de moins en moins les voir. Mes grands-parents sont tous les 2 morts à 1 an d'intervalle lorsque j'avais 13 et 14 ans. Pour les autres, je les ai revus pour l'anniv de ma nièce et je me suis dit que c'était probablement la dernière fois ! Ou peut-être encore une fois pour mettre les pendules à l'heure ! Je n'ai jamais eu de soutien de leur part et ne plus les voir, il faut que j'assume. J'ai commencé à l'assumer avec mon neveu qui m'a demandé s'il pouvait laisser son bébé voir mon père. Drôle de question quand on y pense sachant que je lui en avais jamais parlé !!! J'ai tout déballé et peu importe ce qu'il advenait enfin, aujourd'hui peu m'importe. J'ai eu du mal pendant quelques jours en me disant que j'avais encore mis la merde dans la famille. Mais ce n'est pas moi, c'est le grand-père !!!