Le perce neige 1967 Claudine nait, elle est dite
enfant de l’amour, mais... Le chemin de la liberté aura duré 47 ans.
Pour mon père je remplace la perte insoutenable du sien, Albert, son lien, décédé un mois avant ma conception.
Petit Marcel, mon père, n’a pas reçu l’amour, le regard miroir de sa mère si indispensable, celui qui détermine notre avenir notre dépendance (peurs) ou indépendance (amour).
Elle était dans ses pensées, non remise de la perte de son premier mari parti à la guerre jamais revenu, elle l’attend encore et cette attente lui a empêché malgré elle de donner l’amour dont Marcel bébé avait besoin, la dépendance affective est mise en place, l’attente comble le vide, un manque, une perte qui empêche d’agir, d’être.
Il a cru trouver ce qui lui manque auprès de son père, doux, gentil, présent mais un homme ne peut pas donner l’amour maternel.
La perte de son père lui était tellement impossible qu’il a éprouvé le besoin inconscient de combler ce vide affectif en faisant un enfant, l’enfant de remplacement que je suis avec donc la mission de représenter, porter la peine de cette mort (je suis née le même jour que le père de Marcel, le 4 septembre).
Marcel à une image de sa mère donc de la femme, froide dure incapable d’aimer il rencontrera Jeanne, ma mère, très dure, soit la projection de l’image sa mère.
Pour sa part Jeanne l’a rencontré pour fuir un milieu familial froid, austère, sa mère (Marie-Thérèse) était froide renfermée ne parlait jamais, disait toujours chut…
Elle non plus ne pouvait pas être le bon miroir pour la petite Jeanne et lui apporter bienveillance, amour, car elle était un enfant de remplacement.
Suite à la mort de son frère aîné Raoul, âgé de 8 ans, perte sûrement insoutenable pour ses parents et au lieu de pleurer cette perte, les parents on fait un nouvel enfant, donc Marie-Thérèse arrive dans la vie avec la mission de remplacer ce deuil pour ses parents...
Ma mère l’ignorait, elle m’a demandé de lui expliquer son histoire ainsi elle sait désormais pourquoi elle n’a pu être une bonne mère ce qui explique sa totale incapacité à me donner de l’amour car elle en a pas reçu, elle l’a compris, je ne recevrais jamais rien, elle ne peut pas…
Dès ma naissance j’étais pénible (cela ne change pas car j’ose dire...) j’exprimais un mal être bébé de n’avoir pas de bienveillance, de chaleur, d’amour dans les yeux de la mère, un vide insoutenable pour un bébé et qui lui est si incompréhensible et crée de grave dégâts bien longtemps, parfois pour la vie.
Ainsi je reproduirais le schéma familial.
Comme la mère ne peut pas aimer je trouverais le remplacement dans le père mais avec un grand risque, il doit respecter son devoir de père, soit interdire le lien, mettre les limites. Comme fragile, en manque d’amour, il confondra ses besoins et franchira l’Œdipe, l’inceste consiste à combler ce vide affectif maternel et aussi non rempli par son épouse.
Par cet acte il dit : « tu es à moi petite sauveuse, je ne peux vivre sans la perte de mon père qui m’apportait ce que ma mère, ma femme ne me donnait pas... Tu dois combler et porter mes peines. »
Je suis déjà en dépendance affective de la mère et par l’inceste il me rend doublement dépendante, il meurt de chagrin, j’ai alors 12 ans, il emporte son secret et par son silence je suis liée à lui et aux aïeux car les deuils non faits, non verbalisés, pleurés, se transmettent…
La mère est désemparée, pas de travail, de permis, elle ne pourra pas plus s’occuper de ses filles. Alors âgée de 16 ans, je suis lâchée en pleine nature, fragile, sans repères, je découvre la vie avec ses risques et je tombe enceinte, c’est si logique.
Je n’ai jamais reçu d’amour il est donc évident que je ne pourrais pas en donner à un enfant et encore moins en étant si jeune, je ne le comprenais pas à l’époque, mais je n’y arrivais pas.
Donc quand tout est impossible, sourire, embrasser librement un enfant, on trouve une solution.
Grâce à la Dass puisque les liens étaient impossibles au sein de la famille, je l’abandonne, ainsi il est dans un foyer capable d’aimer.
Je l’ai sorti de cette dépendance affective grâce aux services sociaux, sinon il était condamné à porter de bien lourdes plaies, la décision est juste car de cet acte je vis, je bouge, je commence à travailler à la BNP...
Mais agir libre dérange dans une société où l’on se doit de tenir en laisse nos enfants pour éponger nos plaies et où avoir le courage de montrer son incapacité est insoutenable, pour beaucoup la différence dérange.
Pas facile à comprendre qu’une cousine germaine côté paternel (sa mère était la sœur de la grand-mère paternel) qui se montre bonne mère (elle masque agilement ses peurs par la réussite sociale), tout sourire puisse vous juger, vous voler votre liberté, elle introjecte ses peurs chez moi (on ne doit pas abandonner même si l’enfant va en pâtir je ne supporte pas juger calme ma plaie insoutenable...!!!)
Ainsi mon acte juste a été jugé et m’a replongée gravement dans la dépendance affective, l’incapacité...
Aimer c’est être capable de couper le lien en opposition à la dépendance qui maintient les liens pour combler les plaies ou un autre (eft, conjoint) remplace...
18 ans pour comprendre cette mêlasse et tomber dans une dépendance des plus extrême où je me suis retrouvée de plus en plus incapable d’agir, à souffrir de l’isolement et à être incapable d’aller vers les autres, me croire totalement incapable de faire seule, à ne plus avoir un millimètre de confiance en moi.
Donc avec une mère pas capable du fait de son histoire, le vide affectif originel se crée et au fil de l’histoire des évènements se greffent, je porte la plaie du père décédé, le vide prend une ampleur démesurée devenu insoutenable et l’intolérance de cette femme m’a totalement déroutée. La restauration d’un bien atypique avec mon mari m’a permis d’éviter la folie car la créativité évite la folie face à une telle attaque où l’amour est jugé indigne...
Comme à ce moment-là je ne connais pas mon histoire, je ne me connais pas, le couple ne résiste pas. Nous étions dépendants l’un de l’autre, non libres, attachés à nos passés, le divorce est violent, ma plaie est accentuée et je chuterais petit à petit jusqu’à ce jour.
Ou je comprends enfin que je croyais qu’aimer c’était remplir le vide par l’extérieur pour combler ce manque insoutenable, si lourd, non il m’appartenait de le remplir seule à l’intérieur.
18 ans pour en sortir de ces trois couches de dépendances, mère, père et cousine germaine !
A ce stade on existe plus on vivote, personne ne vous comprend...
Avec du temps un très bonne thérapeute, une volonté de fer, j’ai affronté toutes ces peurs grâce à mes x démissions, et ai osé dire des non, des non, des non et encore des non afin d’apurer cette gangrène, ce flou, ces gens qui voient votre faille et l’utilise pour combler leurs peurs... Que de NON.
OUI j’avais raison et par cet acte j’ai aidé un enfant, je l’ai sorti d’une chaîne de malédiction où tout est sous silence et se transmet insidieusement dans les veines à nous anéantir, à ne plus arriver à agir à parler à vivre.
Donc oui, nous avons tous ce devoir à double effet, de parler, faire parler nos parents si ils ont la chance d’être en vie et connaître par quoi il sont passés car tous ils ont subis les guerres, les exodes qui ont laissés des cicatrices bien trop souvent sous silence encore... Et nous les payons.
Nous ne devons en vouloir à personne, juste comprendre les autres pour aider nos prochains.
Ainsi savoir leur histoire les allègent, nous allège et nous donne l’envie, la force d’avancer et ainsi libère nos enfants qui se retrouvent sans fardeau, libre sans dépendance affective visant à leur faire porter le poids de nos aïeux non assumé.
Une belle chaîne humaine tout simplement.
Nous fonctionnons malheureusement à l’envers, osons remonter la source et accrochons nous à notre intérieur en lieu et place de l’extérieur.
Notre devoir pour nos enfants est d’être en paix avec nous même, de connaître notre histoire pour les laisser voler et ne pas être en attente de leurs signes, être là et pas là.
Je ne savais pas qu’en abandonnant un enfant à 18 ans je remuerais tant de choses et de dysfonctionnements.
A ce jour je suis dans le vide, c’est l’espace-temps, celui du changement entre alpha et oméga, le temps entre le tic et le tac, mourir un peu, être seule, sans argent, sans travail, dansle vide le plus total pour mettre fin à cette dépendance extrême et renaître.
Que cette expérience de vie donne l’envie à chacun de se donner les moyens et de trouver son chemin, celui de la liberté, liberté chérie si jalousée.
Mon expérience montre qu’il faut être très prudent car il y a beaucoup de pêcheurs noirs.
L’acte barbare de cette cousine ne supportant pas la différence revient à un enfermement psychologique sur ma mère qui me l’a répercutée car incapable de dire Non...
L’essentiel, avoir compris cette supercherie et être encore en Vie... in extremis
Bientôt le nouveau départ, plein d’idées, de créativité, c’était mon passage obligé peut être pour montrer aux autres le chemin et que mon histoire donne le courage que cette énergie soit communicative.
Peu ont vécu aussi lourd que moi, je suis le perce neige, celui qui rame, c’était ma mission entre nous, on me l’aurait dit je l’aurais pas fait mais j’y suis arrivée pour montrer l’exemple.