J'ai été violentée sexuellement par mon frère de 6 plus vieux que moi lorsque j'avais entre 7 et 11 ans.
J'ai longtemps occulté mes souvenirs. Je me croyais folle. Je pensais avoir inventé de toute pièces mes souvenirs. Lorsqu'ils sont clairement remontés à la surface de ma conscience ma famille vivait un drame en l'accident de la circulation de ma sœur aînée. Mes parents étaient ravagés et moi une loque. Comment pouvais-je infliger à mes parents une souffrance supplémentaire d'autant que mon frère était un survivant de l'accident. Alors je me suis tu pour protéger ma famille, par loyauté. J'ai tout ravalé : ma colère, ma honte. Mon corps a exprimé ce que je n'arrivais pas à dire (douleurs, stérilité, troubles neurologiques...) Lorsque j'ai trouvé la force de parler, il était déjà trop tard... prescription. Mon frère est aujourd'hui un éducateur auprès d'adolescents... Et si un jour, il était mêlé à une affaire, devrais-je porter la responsabilité de n'avoir rien dit ?... En plus de celle de n'avoir rien fait pour l'empêcher de me toucher... Vous devez abolir la prescription pour tous les enfants incapables de parler, sidérés par la violence de leur passé... Pour qu'ils puissent, lorsqu'ils seront prêts se libérer et être reconnu comme victime par la société. Le temps judiciaire doit correspondre au temps psychologique. Merci d'avance pour tous les survivants comme moi qui luttent depuis toujours contre les afflux de souvenirs honteux afin qu'ils réussissent à lever la tête et marcher fièrement vers leur avenir