M. s'en sort bien, lui
Bonjour. Je ne sais pas pourquoi aujourd'hui j'ai envie de venir témoigner, c'est venu "comme ça".
Je suis la dernière d'une famille de trois enfants, où j'ai 9 ans d'écart avec l'aîné, et 7 ans d'écart avec le benjamin. Mes parents ont divorcés lorsque j'avais 11 ans, mais la procédure de divorce à duré jusqu'à mes 14 ou 15ans. Ils ne s'entendaient déjà plus vraiment lorsque je suis née.
Il y a toujours eu une ambiance particulière dans ma famille, pour moi. Mon plus grand frère me détestait sans raison apparente jusqu'à récemment, quand avec celui du milieu, nous étions relativement proche, c’est-à-dire qu'il me laissait entrer dans sa chambre le regarder jouer sur son PC ; on jouait ensemble de temps en temps, et il était plus réconfortant que la plupart de mes proches. Je le préférais à mes parents, puisque lui n'était pas en plein divorce et s'occupait plus de moi. Néanmoins j'ai toujours eu l'impression d'être à part dans cette famille, qu'on m'en voulait de quelque chose et/ou que j'avais fait quelque chose de mal, d'interdit, alors que par les paroles on ne m'avait jamais rien dit de ce genre.
Mon frère ainé est parti étudier aux Etats Unis lorsque j'avais 17 ans et y habite désormais. Je ne lui parle que rarement.
Très tôt, avant ma puberté, je jouais "au sexe" avec mes poupées Barbies : je leur faisais faire des choses que je ne me rappelle pas avoir apprises de quelque manière que ce soit : des levrettes, des pipes, des plans à trois, des doubles pénétrations... C'est en ces termes que je jouais. Mais je ne faisais pas ce genre de chose lorsque je n'étais pas seule ! Je me sentais assez "pervertie" par rapport aux autres élèves de l'école, de mes amies... Alors je cachais tout cela.
Bref. J'ai continué ma petite vie, en n'étant jamais vraiment dans les clous. Toujours des notes pas terribles, sauf en Dessin, Musique et Histoire, beaucoup d'absentéisme, j'ai quitté l'école juste avant le brevet des 3èmes, et vivant chez mon père suite à une mésentente avec ma mère, celui ci ne m'a pas "poussé au cul" pour faire quoi que ce soit.
Je suis tombée en grave dépression pendant un an en tentant trois fois de me suicider, ou plutôt de me faire du mal, car je pense que si je voulais vraiment mourir, il y avait moyen plus radical, puis je pense m'en être sortie, bien que je ne crois pas avoir été jamais heureuse.
Aujourd'hui, j'ai 25ans, je suis toujours dépendante financièrement de mes parents qui me payent un studio en location, chose dont j'ai assez honte. Je ne parviens pas à trouver du travail puisque je n'ai rien fait depuis ma sortie d'école qui soit probant. Je ne suis pas très sociable ; je n'aime pas les foules, être en public (ce qui complique ma vie quotidienne. Je préfère ne rien avoir à manger dans mon frigo plutôt que sortir seule.) J'ai des problèmes de santé chroniques ; je me sens assez misérable bien que j'ai l'air de présenter plutôt bien en public.
Je suis en couple avec un homme depuis bientôt 2 ans : cela se passe "bien", mais il espère que je trouve du travail et j'ai peur qu'il me quitte si je n'en trouve pas bientôt, donc je n'ai pas vraiment confiance en lui. Je ne suis pas heureuse.
Eté 2013, ma mère à demandé à mon frère "du milieu", M., et moi de l'aider à déménager.
Mon frère M., lui, s'en sort très bien, il s'est marié avec ma belle-soeur il y a quelques années ; elle est enceinte de leur premier enfant, une fille, ils habitent ensemble depuis plus de 10 ans dans une très jolie maison rénovée par leurs soins, très belle... Je les envie, ou plutôt je les admire.
Evidemment nous acceptons : maintenant tout se passe bien avec maman, et ce depuis plusieurs années. M. m'appelle et me demande s’il est possible pour lui de venir dormir chez moi la veille du déménagement, et de partir ensemble le lendemain matin, pour lui faciliter la vie, puisque je suis globalement à mi-distance entre lui et chez maman.
Je suis surprise et lui précise que je suis en studio, je n'ai qu'un lit, pas de 2ème matelas. Il me dit "Boah, c'est pas grave non ? Enfin ça me dérange pas moi, toi oui ?". Je réfléchis rapidement et je me convaincs que non : c'est mon frère adoré, bien sur que ça ne me dérange pas. Je dis ok.
Ce jour arrive, nous mangeons au restaurant, papotons, je passe une très bonne soirée, cela fait plaisir de passer du temps avec mon frère. Nous rentrons, je lui parle d'un très bon film à l'ancienne, il adore aussi ce genre de film, nous le regardons, c'était un bon moment. L'heure est venue d'aller se coucher, je vais à la salle de bain me brosser les dents et lui s'installe au lit. Bizarrement je ne me sens pas très à l'aise, mais ça va.
Je me couche, "bonne nuit", j'essaie de dormir (je mets toujours 2 à 3 heures pour m'endormir, depuis mon plus jeune âge), et après 10 min il me dit que mon matelas est mou, je m'en excuse et lui dit que mon dos s'est habitué bien que tous les matins il me fasse un peu mal.
Il se propose de me masser le milieu de la colonne, là où je lui ai dit avoir mal (en vérité, j'ai mal aux lombaires, et je ne savais pas pourquoi je lui ai menti pour ça - après, j'ai su, je "ne le sentais pas"). Avec hésitation, j'accepte. Il fait ça bien, sur le côté, il est loin, je ne m'inquiète pas trop. Puis il me met sur le ventre et s'assied sur mes fesses "c'est plus pratique", et me masse à pleines mains, et les choses dérapent. Pourquoi je n'ai pas réagi et tout stoppé ? J'étais tellement gênée, je ne voulais surtout pas le fâcher, qu'il ne m'aime plus, je n'ai rien dit.
Le lendemain, en voiture, il avait sa main posé sur ma cuisse comme il le fait avec ma belle-sœur, et me disait que c'était une erreur et que jamais il ne recommencerait une chose pareille, que c'est peut-être parce qu'il allait devenir papa, qu'il était chamboulé, etc... Je ne pipais mot. Rien dit de toute la journée. Je suis rentrée à la fin de la journée, il ne s'est rien passé, il ne m'a même pas vraiment parlé, j'étais blessée qu'il ne me parle plus. Maman n'a rien vu.
Et j'ai badé pendant une semaine, toute seule chez moi : je comprenais rien.
Et un beau jour, je reçois un mail de M., qui me dit "En fait je n'ai pas du tout envie d'arrêter, j'ai toujours voulu ta chatte et c'était trop bon.". JAMAIS je n'ai entendu ou lu mon frère comme ça. C'était pour moi LE mec carré, propre sur soi, très droit, limite peut-être un peu coincé, tout à fait convenable... Et les mots crus ? Ca m'a déclenchée une crise de rire devant ma boîte mail, pendant 15 minutes, j'ai rigolé jusqu'aux larmes, je me croyais folle. Et là il m'a écrit tout ce qu'il voulait me faire depuis toutes ces années, m'a raconté deux-trois choses qu'il a fait (du peu de souvenir des mises en situation de ses dires, je devais avoir entre 11 et 12 ans), il m'a dit qu'il y avait toujours eu une tension sexuelle entre nous...
Je n'y comprenais plus rien. Où était mon frère adoré ? Mon modèle ? L'homme droit que mon père n'était pas, lui qui trompait ma maman si peu discrètement qu'à peine 10 ans je savais qu'il était un salaud ? Alors lui aussi était un salaud ? Ma pauvre belle-sœur...
J'ai appris comme ça qu'il avait déjà trompé ma belle sœur à plusieurs reprises, parfois avec une fille qui, elle, rêvait de faire l'amour avec son frère, alors ils se faisaient des scénarios tordus... Ses films X préférés étaient incestueux... bref, il était vraiment bercé dedans. Je ne comprends pas quand ça a déconné dans sa tête.
J'ai tenté de le repousser sans me mettre dans une mauvaise situation, tout en le gardant amical comme c'était avant tout ça. Comme il n'habite pas la porte à côté, c'est assez simple.
Mais les repas de famille étant nombreux, je me suis mise à tous les éviter. Ma mère en a eu marre au bout de deux ans et m'a demandé pourquoi je fuyais toute la famille. Et puis j'ai craqué. Je lui ai fait jurer de ne RIEN dire à la famille pour pas que M. soit au courant. Et puis je lui ai tout dit. Elle a été choquée, mais pas autant que je pensais.
Elle m'a dit globalement qu'effectivement il ne fallait rien dire, que M. avait quelque chose qui ne tournait pas bien rond, qu'elle comprenait pourquoi je ne voulais pas me retrouver aux mêmes réunions de famille en face de lui et qu'il valait mieux continuer comme ça jusqu'à ce qu'il arrête de penser des choses pareilles. C'est tout.
Je sais maintenant qu'il s'est passé des choses anormales lorsque j'étais plus jeune, dans ma propre fratrie. Je sais que si ça ne va pas dans ma vie, ça doit forcément remonter à cette période. Certaines émotions sont remontées, mais seulement des émotions, rien de plus, et cela m'énerve au plus haut.
J'ai envie de lever le voile et de me souvenir de tout ce qui à pu se passer, et d'avancer dans ma vie, de trouver un travail, qu'on me donne ma chance, de m'assumer, d'être moins malheureuse et solitaire. De vivre tout simplement. J'en ai marre d'être malheureuse et d'avoir des secrets.
Je ne pensais pas écrire autant, merci à ceux qui ont lu mon histoire en entier, cela me réchauffe le cœur de me dire que c'est enfin partagé.