Mon fils

Témoignage Publié le 29.06.2017

Mon fils

Cela fait maintenant plus d'un an et demi que mon fils a parlé. Il avait 4 ans a l'époque, cela fait plusieurs mois qu'il montrait des signes inquiétants au retour de chez son père. Eczéma à sang, vomissements, cauchemars, etc. Je voyais, je "réparais" son corps et son cœur sans pouvoir agir car il ne disait rien, mis à part "je peux pas dire". Puis la sentence est tombé, un après midi lorsqu'il y avait des invités a la maison : "il faut mettre le zizi dans les fesses", "c'est papa", dans un souffle...

Ma vie s'est écroulé ce jour la, entre colère, déni, douleur et larmes... J'ai paniquée forcement, j'ai voulu porter plainte mais c'était trop tard dans la soirée, alors j'ai appelé le 119. On m'a conseillé d'aller en urgence chez une pédopsychiatre puis de faire un signalement en gendarmerie. Ce que j'ai fait. Mon fils n'a pas décroché un mot sauf pour dire "peux pas dire". Il a mis un poupon tout nu, un doudou sur les yeux et a dis "pour pas voir". il est passé chez le légiste qui n'a rien "vu". A la BPDJ il n'a pas parlé non plus, même si il était très confus sur ce qu'il se passait chez son père... Classement sans suite.

Après avoir pu obtenir du JAF une mesure qui lui permettait de voir son père en lieu "neutre", le classement sans suite de la plainte entraîne une décision du JAF en garde classique, une we sur deux et moitié de vacances scolaires... Entre temps mon loulou se met a parler, beaucoup, à sa maîtresse, à sa pédopsychiatre et toutes deux font des signalements avec les propos de mon enfant qui sont sans faille, même plus d'un an et demi après les faits. Les propos sont là, cru et sans équivoque. L'un des signalements envoyés en premier déclenche une nouvelle enquête pénale. J'espère et je prie pour qu'enfin mon fils soit entendu et cru, maintenant qu'il veut et surtout qu'il arrive à parler.

Quand à moi, je suis coupable de non présentation d'enfants. Car non, je ne le laisse pas repartir chez son père avec un sourire en guise de bonne chance ! Je ne peux m'y résoudre. Je ne peux dire à mon fils que j'abandonne son combat qu'il ne peut pas mener seul. Je ne peux le laisser sans espoir ni sans protection. Aujourd'hui encore les cauchemars sont là chaque nuit, aujourd'hui encore il se douche en caleçon. Et avec ma présence dans la salle de bain parce qu'il a trop peur. "Papa a fait la grosse bêtise dans la salle de bain". J'ai eu un rappel a la loi et je tremble a l'idée de finir en prison car pour mon fils ça serait terrible... Il a mis si longtemps a parler car : " Si je dis, papa il dit que tu seras morte ou en prison !". Et si je suis condamnée il aura eu raison et plus jamais mon loulou ne parlera...

Chaque séparation est douloureuse car il a peur de ne pas me revoir, et moi j'essaie de tenir bon. Mais j'arrive à bout de force et je n'y crois plus. Je ne crois plus en la justice qui culpabilise les victimes et rend coupable leurs protecteurs. Je me bats sans relâche depuis plus d'un an contre du vent qui joue avec moi et qui profite de chaque instant pour me mettre a genoux. Je suis encore debout, pour l'instant, mais cette peur qui me bouffe de l'intérieur ne veut pas me laisser en paix. Et cette petite voix qui me demande sans cesse "mais pourquoi lui ? pourquoi nous ? qu'est ce qu'il s'est passé pour qu'on en arrive la ?"

Je tiendrais bon, pour lui, pour son sourire trop rare, pour ses éclats de rire qui éclatent dans de rares moments ou le temps semble figé comme si rien n'était arrivé, pour ses yeux qui pétillent quand il me sourit, pour ses petits bras qui me serre fort quand il a peur et pour sa petite voix chargé d'émotions quand il me demande de le protéger "encore un peu maman s'il te plais". Et moi je promet en retenant mes larmes que jamais je n'abandonnerais...

Nous en parlons
L
Loic0613
Publié le 11.12.2018
Inscrit il y a 6 ans / Débutant / Membre

Je suis aussi touché par votre témoignage. J'espère que les choses évoluent dans le bon sens. C'est inadmissible qu'on applique la présomption d'innocence dans ces cas là, je veux dire qu'il faudrait des enquêtes poussées avant d'éventuellement redonner la garde à quelqu'un sur qui des soupçons pèsent. En tout cas, prières pour votre fils et sa santé psychologique à l'avenir, et pour votre bonheur et sentiment de sécurité de maman. Bonne force

A
Artens07
Publié le 17.02.2018
Inscrit il y a 10 ans / Nouveau / Membre

Soyez très prudente. J'ai été condamnée à 6 mois de prison avec sursis et près de 6000 euros d'amendes pour avoir voulu protéger mon fils dans les mêmes conditions. De tout cœur avec vous et bon courage!

N
Noémievi
Publié le 07.01.2018
Inscrit il y a 9 ans / Nouveau / Membre

Quelle témoignage ! J en ai les larmes aux yeux. Cet après midi encore je cherchais à comprendre pourquoi certaines mères savent et ne protègent pas. Voir que des mères agissent redonne confiance en l’humanité. L actualité nous montre que même les services sociaux sont défayants. Quand on vous lit, on ne peut imaginer un autre comportement. Je suis certaine que la justice vous donnera raison. Ne doutez pas, votre comportement est exemplaire. Bravo et courage !