Cela fait des années que la question du viol tourne autour de moi.
Au départ, je ne voyais aucun rapport avec moi, juste j'attirais des personnes, le plus souvent des cas, des femmes, qui ont connu un viol dans leur adolescence ou enfance. Plusieurs ont été des petites amies, puis des bonnes amies et aussi une femme, un amour passionnel non réalisé où je me retrouvais complétement en elle. Mais je ne m'interrogeais pas sur mon cas. Pourtant des indices apparaissaient, ma mère a été victime de viols conjugaux. C'est cette histoire qui a commencé à me montrer le bout du fil de cette grande bobine qu'il a fallu tirer longtemps pour entrevoir une bribe de vérité.
Je suis parti de France il y a quelques années, pour aller au Mexique. Je quittais la France par peur et colère d'un pays qui n'a jamais su me protéger. J'allais dans un pays soit disant les plus dangereux du monde et pourtant sur cette terre je me suis senti en sécurité. Jamais il ne m'est arrivé de situations dangereuses et je n'ai jamais été confronté à tout cela, j'étais protégé, guidé et sans peur. Là-bas, tout se mettait en place pour que je puisse découvrir un peu mon histoire, j'allais rechercher des bouts d'âme que l'on m'a volé en me violant. J'ai pu m'apercevoir et sentir que j'avais un corps et conscientisé que j'existais. En France je n'étais toujours que l'ombre de l'autre et j'étais coupé de mes émotions. Au Mexique j'ai appris aussi ce qu'était une vraie famille, comment les liens familiaux sont forts et qu'ils permettaient d'être solides ensemble, que l'on pouvait s'entraider, se soutenir et se protéger.
Mais là-bas s'est révélé un problème de santé important concernant ma digestion, mon estomac constamment en feu, acide, et mes intestins qui n'assimilaient plus rien. Comme si des émotions anciennes n'arrivaient pas à se digérer, à s'assimiler parce que je ne les voyais pas. Je décide de rentrer en France pour me soigner et aussi d'être proche de ma famille et créer quelque chose de nouveau avec eux, heureux de ce j'ai découvert au Mexique : une famille c'est sacré. Quelle surprise en arrivant de nouveau en France où quelques mois après, remontent enfin mes troubles les plus profonds. Je conscientise de plus en plus que j'ai été moi même victime de viol et que je n'avais aucun souvenir car le choc traumatique était trop violent. Comme une spirale lente, je constatais que toutes ces personnes violées venaient à moi comme des miroirs, pour me montrer que moi aussi je l'ai été. Ces troubles digestifs m'ont permis de découvrir différents soins énergétiques dont un où il m'a été révélé l'histoire de mon viol.
L'acupuncture a confirmé tout cela car mon corps a parlé. J'ai revécu lors d'une séance les émotions liées au viol. Cela s'est dévoilé ensuite de plus en plus, lors de rêves, par des signes de vie, par mes séances chez le psy, les discussions avec ma mère de son histoire avec mon père, obtenant ainsi les deux versions, et de constater que mon père m'avait bien menti sur sa version. D'autant que je le questionnais de plus en plus sur cette histoire, ce qui lui a permis une fois de déverser un message de colère me disant que je "l'emmerdais". Il ne faisait aucun doute alors pour moi qu'il avait violé ma mère. Alors je me posais la question, est-ce que c'est lui qui m'a violé ? Mon grand-père ? Je savais que cela s'était passé entre mes 3 et 7 ans, car je n'ai pratiquement aucun souvenir avant mes 8 ans, jusqu'à ce que mon père s'en aille de la maison après leur divorce. Aussi je m'apercevais que je n'arrivais jamais à être autrement que dominé par mon père, je n'arrivais jamais à aller au-delà de son opinion, de sa vision.
Dès mon arrivée en France je sentais aussi beaucoup de colère vis-à-vis de ma famille, ma mère, mon frère, mon père, j'allais de plus en plus au clash, à l'affrontement pour m'en libérer, à 36 ans il est temps. Mais surtout j'ai toujours eu des problèmes à me sentir bien dans la maison familiale où j'ai grandi et où je suis revenu au moment de mon retour. Je me suis ainsi coupé de mon frère, de ma mère et de mon père, ainsi que ma soeur par colère, et aussi pour me retrouver et aller chercher la vérité.
Après une agression, je vais dans un commissariat de Paris pour pour porter plainte. Alors je rencontre un brigadier-chef à qui je pose la question instinctivement s'il est possible de porter plainte pour des faits remontant à mon enfance. Car nous avions constaté à ce moment-là que j'étais incapable de fuir ou affronter quelqu'un qui m'agresse. Mon esprit fuit mais mon corps reste, c'est cela que l'on appelle la "dissociation". Au moment où l'on discute de ces faits je réagis émotionnellement et le brigadier capte tout de suite que je dis la vérité et m'incite à passer à l'acte en déposant plainte et en préparant. Je porte alors plainte quelques jours plus tard, en commençant à chercher les souvenirs seuls et les écrire dans la plainte. Par la suite, j'ai donc commencé des séances d'EMDR après des séances d'hypnose, d'acupuncture, de kinésiologie, de psychanalyse. Pendant des années j'ai aussi travaillé dans le néochamanisme, le monde spirituel, méditations et autres pratiques pour aiguiser mes perceptions, aussi pour mieux naviguer dans mon inconscient et mon esprit. Alors les séances d'EMDR ont été plutôt efficaces, me permettant d'être clair dans le vécu des rémontées de souvenirs. Les scènes que j'ai revu ou revécu ont été violentes et claires : mon père et mon grand-père m'ont violé plusieurs fois.