Mon père m'aimait
Mon père m'aimait beaucoup, je suis la fille aînée de 4 filles. Il m'a considérée comme son "copain". Quand j'avais 13-14 ans il me parlait de sa vie sexuelle avec ma mère. J'avais 17 ans quand il a monté tout un stratagème pour que l'on se retrouve seuls dans un endroit isolé et il a cédé "à une pulsion" comme il a dit à ma mère plus de 20 ans plus tard. Ce qui a été aussi dur pour moi c'est la réaction de ma mère quand je lui ai raconté : "Quand je pense qu'il m'avait juré qu'il ne m'avait jamais trompé !". C'est peu dire que ma mère ne m'a été d'aucun secours. Il a reconnu les faits devant ma mère en privé ce qui m'a soulagée (j'avais peur qu'il nie) et toutes mes sœurs l'ont su. Elles n'ont pas été surprises, il draguait aussi leurs copines, il avait des pulsions avec les jeunes filles de 13/16 ans...
Psychiquement chez moi cela s'est traduit par d'abord un oubli partiel, je savais que c'était là dans un coin de ma tête mais je tentais d'oublier. J'ai gardé une très mauvaise estime de moi pendant très longtemps, j'ai mal choisi mes compagnons, j'ai eu mes enfants avec un manipulateur très pervers que j'ai réussi à quitter mais j'ai voulu mourir à l'âge de 34 ans, le divorce a duré 10 ans car il était très procédurier. J'ai fait une psychothérapie analytique durant 5 ans. J'ai réussi à mettre en marche une gymnastique de l'esprit qui m'a empêché de reproduire les comportements que j'avais avec les hommes que j'ai connu en grand nombre. J'offrais mon corps facilement car mon corps n'avait pas d'importance, je ne le respectais pas. J'ai vécu seule avec mes enfants pendant 14 ans, je me suis reconstruite lentement, faisant face au chômage et aux difficultés financières qui se rajoutaient à mes tourments.
A ma grande surprise j'ai rencontré il y a plus de 6 ans (j'avais 48 ans), dans un cadre militant, l'homme qui partage ma vie actuellement et avec qui je connais enfin, la confiance, le respect, l'amitié, la compréhension, le partage, l'harmonie, la quiétude, la gaieté, le sens des responsabilités. Cet homme est ce qui m'est arrivé de mieux dans ma vie, très tard, je n'ai pas pu avoir un enfant avec lui, mais peut être que je sais apprécier le bonheur d'être avec lui parce que j'ai vécu longtemps seule, sans attendre le bonheur ou le bien être par un homme. Celui qui est arrivé à 48 ans est comme la cerise sur le gâteau, mais mon gâteau était terminé ! Mes parents sont encore vivants ils vivent à 10 km de chez moi mais nous nous voyons rarement. Mes fils rendent visitent à leur grand-parents assez souvent, je ne leur ai jamais rien dit car je ne voulais pas tâcher les relations qu'ils ont mis en place avec leur grand père. Peut être que je leur dirai quand il sera mort. Je ne sais pas si c'est indispensable d'un point de vue psychologique.
Quelque part, je me sens moins légitime pour parler d’inceste car je n'étais plus enfant quand l'acte est survenu. J'ai été abîmée, j'ai été violée plusieurs fois par des copains de mon père, j'ai haï les hommes murs! Tous les compagnons avec qui j'ai vécu étaient plus jeunes que moi. Mais mon corps de petite fille n'a pas été abîmé et je n'étais plus vierge lors du viol par mon père.
Je déplore beaucoup la prescription de 10 ans, car une fois ma thérapie commencée je pense que j'aurais tenté quelque chose en justice, pour être reconnue victime (car j'ai longtemps pensé que j'avais sûrement "aguiché" mon père pour en arriver là). J'espère que mon témoignage pourra servir mais je ne souhaite pas être identifiée "victime d'inceste", je suis une personne pleine d'autres choses !
c'est fou comme la culpabilité pèse dans nos histoires quelles qu'elles soient, j'ais longtemps cru que j’étais responsable de ce que l'on m'avais fait en gros que le "vicieux méchant sale pervers et tordu c'étais moi ! " la première fois j'avais cinq? six? sept? ans ... Désolé les bourreaux les malades les vicieux c'est pas nous merci de votre témoignage