Mythe aux îles

Témoignage Publié le 17.10.2024

J’ai intitulé mon témoignage, « mythe aux îles » en référence à la pommade Mitosyl que ma mère prenait plaisir à faire pénétrer sur mes parties génitales. Tout a commencé à la naissance de ma sœur, j’avais quatre ans et demi.

Ma mère langeait ma petite sœur et me faisait la même chose. Elle faisait pénétrer le Mitosyl. Ces scènes ont duré très longtemps. Je ne me posais pas de question, je me comparais à ma sœur et trouvais donc cela à peu près normal. J’ai grandi, et à 10 ans, suite à des pertes blanches (que je crois que ma mère avait inventées), elle s’est remise à me passer du Mitosyl, cette fois-ci pour me « soigner ». 10 ans, prostituée devant ma mère. Selon son bon vouloir à elle, pour sa curiosité, pour son vice, pour son appropriation. Je n’avais rien à dire, elle avait tous les droits sur moi, sur mon corps, sur mon sexe, pour une simple et bonne raison : elle m’avait faite. Alors elle avait tous les droits sur moi. En plus elle avait rajouté « quand tu seras grande, tu iras chez un gynécologue et il te fera pareil, il n’y a pas de honte à avoir. Ma mère a violé mon intimité. J’étais humiliée, envahie par la honte. Si j’avais été un garçon ? Une mère ne devrait pas toucher son garçon, « tout le monde le sait », mais sa fille ? Mais bien sûr, elle m’avait faite ! Je me sentais sale, salie. Je n’osais en parler à personne. Je sentais qu’il y avait quelque chose de secret, d’indicible. Et la scène se répéta plusieurs fois par jour, longtemps, avec le Mitosyl pour me soigner.

À l’âge de 14 ans, une scène se déroulera sur le canapé devant la télé. Ma mère ne m’a jamais témoigné de l’affection, des gestes de tendresse. Mais ce soir là (je n’avais rien demandé), elle s’est mise à me caresser les cheveux. C’était agréable. Puis la poitrine, c’était agréable mais gênant. J’ai commencé à me sentir dans un brouillard. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ; mon corps avait des sortes de spasmes. Je n’ai pas fait la relation avec les caresses de ma mère. Au bout d’un moment, mon corps s’est lâché et j’ai éprouvé du plaisir. À ce moment précis, j’ai compris ce que ma mère m’avait fait ressentir, et que ses caresses n’étaient pas de la tendresse, mais bien calculées, ma mère savait ce qu’elle faisait et je portais la honte. Une colère est entrée en moi. Je n’avais pas vu venir. De quel droit ma mère avait agi ainsi ? Je suis partie, je n’ai plus jamais regardé la télé à côté d’elle. Mon beau-père était à côté. Si j’avais été un garçon, il aurait peut-être mis le holà, mais pour moi, personne ne prenait ma défense.

Par la suite, j’ai eu des amoureux, mais mon corps ne répondait plus, se bloquait, se braquait et ne m’appartenait plus. Mort, frigide. Une mère abusive m’a anéantie, enlevé la vie physique et psychique. Comment croire à une reconstitution devant tant de dégâts ? J’ai mené un combat perpétuel, j’ai cherché des solutions, et j’ai réussi à revenir à la vie sans cette camisole. J’ai toujours gardé espoir, sinon je mourais. J’ai saisi la lueur et je voudrais aussi témoigner pour dire que l’on peut un jour dépasser.