Naissance

Témoignage Publié le 11.04.2017

Naissance

Une vie de merde, je vogue de dépressions en dépressions, de mecs absents en mecs violents, un petit, puis deux, bientôt trois petits gars merveilleux mais toujours cette douleur sourde au fond de moi, ce manque, cette solitude. Ni famille, ni vraiment d'amis, 3 bébés, 3 papas, on me traite de pute, elles sont certainement plus respectable que moi. J'élève mes bébés, je me donne à fond dans mon boulot d'aide soignante à domicile, je suis trop nulle pour passer mon permis, je suis trop nulle pour mériter autre chose que cette vie douloureuse alors que je n'ai rien qui puisse la rendre douloureuse.

Je le rencontre, je décide de faire comme "si", pour le bien de mes petits, il est temps que je devienne respectable, que je sois comme les autres, que mes garçons ai une vrai vie de famille. Il boit mais comme il me le répète t'es pas à plaindre, je te tape pas. Effectivement, pourtant paradoxalement ça me manque les coups, ils me rappelaient que j'étais vivante, oui en plus de n'être rien, je suis certainement frappadingue.

Cinq années passent, nouvelle grossesse, un autre garçon, quelle douleur, j'aurai tant aimé avoir une fille, mais bon l'essentiel est qu'il soit en bonne santé, je n'ai aucune raison de me plaindre alors je ne me plains pas. Oh que je l'aime ce quatrième loulou,  il m'est difficile de le voir grandir, la culpabilité d'avoir eu si mal en apprenant que c'était un garçon fait que je le surprotège, je veux effacer cet instant de faiblesse. 

Je me noie dans mon rôle de maman, je me tue a la tâche au boulot, je m'oublie, je veux m'effacer, je veux disparaître, le corps commence à grossir, grossir, grossir. Plus il devient gros moins il se voit. Je dois assumer cet homme qui ne frappe pas. Je dois "remplir mon devoir conjugal". Pourtant s'il savait comme ça me dégoûte, comme je suis obligée de me forcer. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais être touchée, je ne le supporte plus. Le corps continue à grossir, mais il s'en fout, l'homme a des besoins et c'est le rôle de la femme de les satisfaire. 

Sept longues années passent et un nouveau bébé s'installe dans mon ventre, avec lui l'angoisse. Si c'est encore un garçon, que vais je devenir ? Mais c'est une fille. Première pensée à l'annonce de l'échographe, je ne serai plus jamais seule, dingue d'être entourée d'enfants, d'un conjoint et de se sentir seule ! Je crois que tout va aller pour le mieux, mais des crises d'angoisse, de panique font leur apparition, des insomnies et quand j'arrive à dormir un peu c'est cauchemars à gogo. Je ne peux plus m'allonger, je ne peux plus sentir le moindre contacts humain sur le corps. Je ne comprends pas, dès que j'essaye de m'allonger j'étouffe, comme si quelqu'un était allongé sur moi, je pleure, une toute petite fille qui crie en silence. J'ai peur, toujours peur et mal. Je saigne alors qu'il n'y a aucunes raison médicale. Hospitalisation, une seule personne peut me toucher c'est mon gynécologue, lui c'est pas un homme, c'est un docteur, c'est parfaitement stupide et irrationnel mais tout ce que je vis est de cet acabit.

Ces cauchemars monstrueux, ces images horribles qu'une simple odeur déclenchent, les cris et les coups qu'elle m'assène je les revis avec tant de précisions que je m'attends a voir des hématomes sur le corps. 

Je vais avoir une petite fille, c'est la plus belle chose qui puisse m'arriver, je l'attendais depuis toujours et je vivais un cauchemar. La peur qu'elle subisse dans mon ventre ce que je subissais dans ma tête c'était terrible. Heureusement quelle est là, la psy de la maternité. Oh elle me connaissais déjà pour m'avoir écoutée, soutenu et surtout ne pas m'avoir jugée à l'annonce de mon quatrième garçon. Elle ne s'était pas offusquée, elle, lorsque je m'étais écriée que je ne voulais pas encore un garçon. Elle avait certainement compris dans le peu que j'avais bien voulu lui dire qu'il y avait autre chose. Mais il y a toujours pire, c'était mon leitmotiv.

Je peux lui parler des cauchemars. Elle dit que non, je ne suis pas en train de devenir folle, que ce n'est pas mon cerveau qui s'amuse a m'envoyer toutes ces horreurs pour me punir de je ne sais quelle faute que j'aurais commise. Mais je ne veux pas l'entendre. C'est juste pas possible parce que déjà comment expliquer que je ne me souvienne pas de ça ? Je suis pas Alzheimer. Je sais avoir été battue, maltraité physiquement et psychologiquement par elle, au point d'avoir été placé en foyer et retiré à eux mais basta. Des coups, des insultes, oui elle m'a torturée, elle m'a à moitié tuée un nombre incalculable de fois entre ma naissance et mes 16 ans, je l'admet. Mais faut dire que j'étais pas facile certainement, difficile à aimer, j'aurai pas dû naître. Mais c'est tout, je ne veux pas du reste, je ne veux pas que ça existe dans ma vie et surtout je ne veux pas le dire à haute voix parce qu'il va m'arriver quelque chose, si je le dis primo ça existera et secundo on me prendra ce que j'ai de plus précieux, mes bébés.

Mais la douleur est trop forte, les coups dans la gueule trop violents, alors un jour je craque, j'avoue tout, il m'a violée et je n'ai pas dis non. Je ne l'ai pas empêché, je ne me suis pas défendue. Elle avait raison, je ne suis qu'un sac à foutre. J'ai tellement honte, tellement peur aussi, je suis sûre qu'ils sont dans le couloir à m'attendre pour me tuer parce que j'ai parlé. L'enfer sur terre existe, la preuve je le vis tous les jours.

Pourquoi je n'arrive pas à avancer, pourquoi je suis pas capable de ré-oublier ? J'en peux plus de cette souffrance, ma psy m'assure que je ne serai pas jugée coupable mais j'en doute, je pense qu'elle est super gentille avec moi.

Ma toute petite fille vient d'avoir 3 ans, j'ai passé un mois de mars absolument terrifiant, ça m'a ramené a mes propres 3 ans. Je suis rentrée à l'école sans savoir tenir correctement un crayon mais en sachant masturber un homme parfaitement comme une "bonne petite chienne". 

Je ne pouvais plus toucher les mains de ma toute petite, alors j'ai su que ma psy avait raison, qu'il était temps que je vienne vers vous, j'ai besoin d'aide, je n'arrive plus à porter cette dégueulasserie toute seule. Suis désolé de vous imposer cette espèce de texte  totalement décousu et certainement plein de faute d'orthographe.

Nous en parlons
N
nevertolate
Publié le 25.10.2017
Inscrit il y a 8 ans / Nouveau / Membre

quel malheur et quel courage. La vie est tres dure pour les victimes. Vous n'avez rien a vous reprocher!!!!!!La honte est celle de l'agresseur et pas de l'agressee. Aimez vos enfants comme ils vous aimeront en retour, la force de continuer est en eux et pour eux.
Sincerement