#StopPrescription

Témoignage Publié le 18.06.2018

#StopPrescription

Plus de 60 ans après les faits, j'ai dû écrire mon livre à la 3ème personne du singulier, avec l'aide d'une "réécriveuse" professionnelle, tant le trauma s'est enkysté.

Une petite fille non désirée : Léa. Une maman froide et distante, qui pense que son enfant est possédée du démon dès le berceau. Un petit village de l'océan indien éclairé à la bougie, aux croyances superstitieuses. Un prédateur (un ami de la famille) qui profite de ce contexte carencé pour prodiguer "des soins" à sa manière à une enfant de 6 ans.

L'amnésie traumatique a fait son travail. Léa va mal physiquement et psychiquement ; elle ne sait pas pourquoi. Quand elle ose une tentative à 20 ans (la seule), elle ne trouve pas une oreille attentive.

À 30 ans, commence alors une errance thérapeutique qui va durer 30 ans. Léa parle peu de son trauma ; les thérapeutes (non formés au psycho-trauma) ne l'aident pas. Elle s'enfonce dans une spirale auto-destructrice, qui passe par de nouveaux viols, la fréquentation d'hommes violents, un pervers qui va la manipuler.

Léa vit sur le fil du rasoir. Elle échappe à la folie, grâce à des études de psycho qui vont l'amener à aider les autres. Puis, c'est l'isolement, et l'échappatoire par l'écriture, pour dire, informer sur les mécanismes de sidération, dissociation traumatique… que les professionnels (police, justice ...) ignorent ou feignent d'ignorer.
 
Si un crédit de bonne foi est souvent accordé aux agresseurs, la société a tendance à condamner les victimes au silence, tant le viol est un sujet tabou.