Je suis venu sur ce site un peu par « hasard ». Je me suis lancé dans l’écriture d’un roman où je mets en scène ma vie à travers celle d’un journaliste qui enquête sur la pédophilie et qui va être amené à découvrir son passé inconnu, totalement rayé de sa mémoire. J’étais sur un chapitre qui présentait sa recherche sur Internet, dont les critères étaient « pédophilie », « perte de mémoire ». Les quelques témoignages que j’ai lus, m’ont montré que je n’étais pas le seul à avoir perdu la totalité de ma mémoire des actes durant de longues années.
Si je me suis lancé dans cette écriture c’est pour mettre en dehors de moi, ce que je pensais avant de savoir (monsieur tout le monde), ce que je vis maintenant que je le sais (la victime) et ce que les pédophiles auraient pu penser sur la base de mes sensations absorbées (les agresseurs). J’espère à travers ce triple personnage et ce roman, découvrir ma place, qui je suis maintenant, et pouvoir enfin quitter la survie et, juste, découvrir ce mot qui m’a toujours fait rêver dans la bouche des autres : le plaisir.
Pour essayer d’être précis sans m’étendre (ce livre sera là pour ça), j’ai 54 ans et cet été, une ballade non préparée m’a amené sur un lieu de colonie lorsque j’étais enfant. Une construction retins mon attention : une vieille tour carrée, vestige d’une ancienne colonie qui n’existait plus sauf pour moi. Je m’en suis approché et comme si j’avais appuyé sur un bouton invisible, ma boite de Pandore s’est ouverte déversant en moi les faits, les impressions, les émotions, les douleurs que j’avais vécu durant un mois dans cette tour.
J’avais 14 ans et j’étais l’objet sexuel d’un moniteur photographe. Le reste du camp aveugle et bien manipulé me remettait dans ses pattes. Les autres enfants, dont certains présentaient quelque chose, me traitaient comme une fille et me délaissaient. Un mois de solitude absolue, passant du dégoût de moi et de l’autre, aux larmes silencieuses de la tente commune, revivant ses caresses qui dévorent.
Ces souvenirs qui m’ont vomis dessus durant la journée et la nuit ont drainés avec eux d’autres plus enfouis, plus anciens, plus dégradants.
J’avais 10 ans et des aléas de la météo m’obligèrent à taper à la porte, rassurante et connue, du presbytère, pour m’abriter. Les prêtres m’ouvrirent et mirent gentiment à sécher mes vêtements. Le temps que ceux-ci soient prêts, ils s’occupèrent agréablement - pour eux - de moi et me permirent de découvrir très tôt ce qui s’appelle « la pornographie hardcore », oral et anal ; cette formation, déformation pour moi, était complète.
Depuis cet été, celui des révélations, après avoir constaté le désastre de ma vie à laquelle j’avais survécu, je n’arrive plus à trouver une place. Je pourrais essayer comme me l’a dit un psychiatre de Périgueux : « Vous avez vécu avec sans le savoir jusqu’ici, vous pouvez continuer à vivre avec. Il vous faudra un peu de temps. Au revoir monsieur. ».
Je me suis toujours douté qu’il y avait un évènement très fort qui faisait que je détruisais ce que j’aimais, dont moi, que je n’attirais que des manipulateurs ou manipulatrices, mais le savoir est pire.
Lorsque nous avons une écharde, parfois nous ne la sentons pas pénétrer, elle s’oublie, nous continuons de vivre, malgré la douleur lancinante. Mais lorsque nous l’apercevons, nous n’avons plus qu’une idée l’enlever, souffrir un peu pour ne plus souffrir. Notre esprit sera totalement dirigé vers elle jusqu’à ce qu’elle soit enlevée. Mais là c’est un peu de corps qui est dans l’écharde et lui fait mal.
C’est la première fois que j’écris sur Internet. Je suis resté bref, de toute façon les langues sont très pauvres dans les extrêmes « on ne parle pas de ça ! ».
Je ne suis pas une victime, je ne suis plus rien, je n’appartiens plus à aucun groupe, aucune culture, ce que me renvoie le regard des autres que je croise et mon miroir. J’appartiens aux violés, maladie sensuellement isolée.
Les dialogues d’un film (Trafic d'innocence) résument bien ce que je ressens maintenant :
— Vous croyez … qu’il est possible de retrouver … sa dignité et son humanité … quand quelqu’un vous les a volé ?
— Oui, je le crois … mais c’est à vous de les retrouver. Il n’y a aucun être qui puisse vous les enlever que ce soit un homme ou encore des centaines.
Difficile à retrouver quand on a soit même détruit sa vie, et que ce qui reste de soit n’est qu’un enfant dans un corps de personne âgée.
[i][b]Bonjour,
c'est bien d'écrire, cela permet de se partager les secrets et quand on partage un secret, on en allège aussi le fardeau...
Je pense que si vous souhaitez faire une analyse, il faut changer de psy ! on ne trouve pas toujours le "psy" qui convient toute de suite.
Je suis certaine que vous êtes sur la voie qui vous permettra de comprendre ce qui vous est arrivé. De la compréhension vient l'acceptation et après il y a l'espoir...
bonne reflexion, et bonne rédaction
Catherine[/b][/i]:-)