J'étais déjà venue témoigner, il y a longtemps
L'image floue de mon père dans la salle de bain, et de moi petite.
Son doigt sur mon sexe.
A la maison, on n'avait pas le droit de fermer la porte des wc ou de la salle de bain à clé
On n'avait que deux serviettes (une pour le visage, une pour le corps) pour toute la famille.
Longtemps mon père rentrait systématiquement dans ma chambre quand je me déshabillait pour me mettre en pyjama.
Le matin il soulevait d'un coup la couette de mon lit pour m'obliger à me lever, alors que ma chemise de nuit était souvent remontée jusqu'à mon nombril. J'anticipais et je tirai dessus avant qu'il ne franchisse la porte. Mais des fois j'étais trop endormie et j'avais pas le réflexe.
Il m'a donné des fessées cul nu jusqu'à mes 14 ans.
Il touchait son sexe à travers son patalon quand il m'engueulait, comme pour cacher son érection. Comme si je ne le voyais pas. La violence l'excitait, je crois.
Ma chambre était mitoyenne de celle de mes parents. J'entendais tout : leurs engueulades comme leurs relations : ma mère " mais je sais bien que sexuellement je ne te suffit pas !!". J'aurai préféré ne pas le savoir.
Quand j'ai décidé de fermer la porte de la salle de bain à clé quand je me douchais (marre que comme par hasard tout le monde ai besoin de rentrer, surtout mon père, à ce moment là, dans la salle de bain), ils m'ont tous insulté, lui; ma mère, ma soeur : "tu as peur de quoi ! qu'on te viole, c'est n'importe quoi !!", idem pour les chiottes, pas droit à la pudeur. J'ai tenu bon (mon père : "un de ces jours j'enléverai la clé, comme ça au moins !"). Après ça, ma petite soeur jouait, par opposition à moi, les impudique, se baladant à poil devant mon père. A 13-14 ans.
Il ne supportait pas que je mette une jupe trop courte ou un t-shirt ou on voit mon nombril, mais portait des T-shirt de pyjama sans short, et exposait ses couilles et le reste à notre vue le soir devant la télé. Rien de plus normal. Et ma mère de ne rien dire, mais de me traiter de pute si je mettais une robe qui arrivait au genou pour aller au lycée.
Un jour je lui ai parlé, à elle, de ce souvenir flou, de ce doute qui me pesait. Elle a réagi d'une façon horrible. J'ai du revenir sur ce que je lui avait dit. Jusqu'à l'année dernière elle me le faisait encore payer.
Moi j'ai encore le doute. Seul mon fiancé sait.
Chez mes parents, pas de visites, pas d'amis. Pas le droit de sortir, pas le droit d'inviter.
La première nuit que j'ai passé chez mon fiancé, j'avais 20 ans (ma première fois avec un homme, j'avais 15 ans. Pleins de mecs nuls après ça, en cachette). Mon père est venu me chercher chez mes bo-parents à 7heures du mat, et m'a engueulé ( "si t'avais été ta soeur, tu te serais pris une baffe !" En effet, il ne me frappait plus depuis l'âge de 18 ans où je l'ai menacé avec un couteau de porter plainte s'il levait une fois de plus la main sur moi...)). Il a gâché cette vraie "première fois" car mon fiancé est le seul homme que j'ai jamais vraiment aimé.
Aujourd'hui, je rêve régulièrment que je suis une petite fille et que j'ai des relations sexuelle avec mon père, ce qui me fait beaucoup culpabiliser. Dans mes rêves, je me dit : "Tu sais que c'est arrivé". Ca me bouffe, j'en ai honte, honte.
J'ai longtemps eu un rêve récurrent : la maison de mes parents, en ruine, tombant en morceaux, obscure. Et dans la chambre de mes parents, eux, dans une nudité atroce, horrible, moche.
Mes relations avec les parents et ma soeur (qui s'automutile en se grattant le visage au sang, j'ai bien peur de m'être voilée la face sur ses relations avec mon père. Quant à ma mère, c'est sa préférée, elle la forme à son image) ont longtemps été conflictuelles. Aujourd'hui je ne vis plus chez eux. Il m'aide un peu financièrement après m'avoir longtemps délaissé, parce que j'avais choisi de quitter cet endroit éttoufant, cette maison qui ne m'évoque aucun souvenir agréable.
J'essaye de ne pas penser à ce qui me ronge quand je vois mon père. En fait j'ai deux père : l'Ombre, celle qui me fait encore du mal quand j'y pense, et Papa, celui qui m'a toujours affectionné, contrairement à ma mère, si froide, méchante et distante, et surtout jalouse et égoïste.
Elle m'a toujours jalousée ma relation avec mon père. Sans même réfléchir au fait que cette relation, j'aurai préféré qu'elle soit plus saine.
Ca me bouffe.
Je ne peux pas affirmer que j'ai été abusée; j'ai juste ce souvenir qui revient, et il me fait mal et peur, ce souvenir. Et mes rêves me détruisent. Je ne veux pas de ce plaisir, même onirique, je ne veux plus rêver de l'Ombre faisant de choses avec moi.
Suis-je folle ? Aidez-moi !!
Témoignage femme : ce doute qui me poursuit. A l'aide !
Témoignage
Publié le 04.12.2006