Aux info, ce soir, une Nième affaire de pédophilie; un repas famillial, la télé est allumée, comme à son habitude pour combler les blancs des conversations trop souvent tendues,d'un climat familial déjà difficile... "C'est quand même terrible ce qui peut arriver dans le monde"... "Comment ont ils pu ignorer ce qui se passait dans leur dos!"...
-Quelqu'un veut du fromage?
Je me réfugie dans la cuisine et je prend une profonde inspiration...
Cette scène s'est passée il y a 5 ans, j'avais des envies, de hurler, de tout balancer; Mais comment dire à ma soeur que son oncle ait pu faire ça, comment dire à mon père que sa fille ai pu perdre sa virginité vers l'age de 10 ans grace à son oncle, comment dire à ma mère qui avait déjà tenté de me noyer dans le passé lors de l'une de ses innombrables crises d'hystérie, que son seul et unique frère n'ai pas fait mieux qu'elle.
Une Journée de plus à garder ça pour moi, qu'est ce que ça change? et puis c'est tellement loin; il y a presque "prescription", il n'avait que 6 ans de plus que moi, autant dire qu'il était aussi mineur que moi; et puis j'en suis autant coupable que lui, j'ai jamais su dire non, j'ai jamais su me défendre. Alors, j'en parle pas, je l'oublie, et je m'enfuis dans ma "bulle" : un monde qui n'est pas parfait, mais où je sais me défendre, où je ne me cache pas, où je ne m'enfuie plus, dans lequel j'ai eu le courage de dire la vérité et finalement dans lequel tout est possible.
J'ai aujourd'hui 25 ans, Je ne vie plus chez mes parents, mais à 700 km et je ne leur ai toujours rien dit. Je ne les vois que lorsque j'en suis obligée, les grandes vacances, les vacances de Noël. Je n'ai pratiquement plus de conversations télephoniques avec ma mère, de toutes façons, je ne lui ai toujours pas pardonné ce que j'ai suporté, même s'il ne s'agissait pas forcé ment de violence physique, cette violence morale m'est difficile. Les conversations avec mon pères sont stériles, j'ai finalement pu lui parler de mon problème avec ma mère il y a quelques jours, vu l'impact que ça a eu sur lui, j'ai renoncé à lui parler de l'affaire de mon Oncle. Je regrette même de lui avoir dit pour ma mère: j'aurai pu garder ça "un jour de plus", ça n'aurai rien changé pour moi et ça lui aurai permi d'avoir la conscience tranquile.
Et je regrette Aussi de ne pas avoir camouflé ma déprime il y a quelques semaines avec ma soeur quand j'ai appris la naissance de la fille de mon oncle. Elle m'a finallement eu à l'usure lorsqu'elle s'est rendue compte que quelque chose n'allait pas, et que je ne voulai pas lui dire quoi. Et j'ai craqué, j'ai du lui dire ce dont elle se doutai, mais aussi ce qu'elle ne pouvait imaginer: qu'il s'agissait de notre oncle, un membre proche de notre famillle, que nous voyons à chaque fète de Noël et à chaque fois que nous passons les vacances chez ma grand-mère. J'était en larmes, elle était en Colère, en colère parce que je voulait lui cacher pour conserver cette image de famille "ordinaire", en colère contre mon oncle et en colère parce que je ne voulais pas en parler à nos parents... pour ne pas faire de vagues, pour ne pas avoir à supporter leurs regards, pour ne pas ètre jugée, accusée, avoir à me défendre, me battre et prouver que je disai la vérité.
Même si je sais maintenant, que ma soeur sera à mes cotés pour me soutenir, je n'ai pas envie d'avoir à tout expliquer, parce qu'il y a encore des mot que je ne peux pas exprimer que je ne peux pas entendre sans ressentir des nausées. Et toutes ces questions auxquelles je ne peux pas moi même répondre à cause d'une mémoire qui me fait défaut.
-Comment ça à commencé?
-qu'est ce que j'ai dit ou fait pour le provoquer?
-Pourquoi je l'ai laissé faire?
Tout ce qu'il m'en reste, ce sont des flash précis, et un sentiment de dégout, la sensation d'ètre prise au piège et la honte. La honte d'ètre ce que je suis, de n'avoir rien empéché, et de ce que je suis devenue à cause de ma boulimie.
Il n'y aura pas de "Happy End" je ne vivrai pas heureuse et je n'aurai pas d'enfants, puisque comble de tout, suite à des examens médicaux, à l'age de 18 ans, j'ai apris que j'avais atteind la ménopause avant d'avoir atteind la puberté, moi qui avait peur petite d'une grossesse suite aux agissements de mon oncle. J'en suis là, en Echec personnel et scolaire depuis l'age de 18 ans, une épave qui n'envisage même plus le bout du tunnel.
qi soufre désespérément du besoin d'une épaule pour pleurer, de bras pour réconforter... et qui fini par se satisfaire jour après jours d'ètre en bonne santé et à l'abris du besoin.
Témoignage femme: Ces moments de solitude qui me tuent
Témoignage
Publié le 14.12.2006