Je suis actuellement en psychanalyse. Cela fait deux ans que j'ai entrepris cette démarche suite à une relation amoureuse destructrice avec un homme qui me mentait, me trompait, me manipulait et dont je n'arrivais pas à me détacher. À ce moment-là, j'ai eu l'intuition que je reproduisais ce qui s'était passé avec mon cousin : la dissimulation à mes parents de la situation, le caractère principalement sexuel de la relation… Pour moi, cette histoire avec mon cousin n'avait pourtant rien d'un viol et je culpabilisais surtout.
C'était ma "faute originelle", la raison pour laquelle je me suiciderais le jour ou mes parents l'apprendraient, ce dont il fallait que je m'absolve en en parlant à mes plus proches confidents, quelque chose d'inqualifiable et de honteux... Était-ce de simples jeux entre enfants, interdits par la loi parentale et par la loi morale tout court, puisque c'était entre deux personnes de la même famille ? Pas seulement. Mais quoi alors ? Et pourtant, l'idée de ces jeux sexuels n'était pas venue de moi, je n'étais pas consentante par peur d'être surprise, mais aussi par dégoût, surtout quand les éléments de la sexualité de mon oncle (ouvrages pornos) sont venus alimenter l'imagination de mon cousin. Tout cela s'est passé pour moi de l'âge de 3 ans à l'âge de 14 ans… Mais comment parler de viol ou d'agression sexuelle, alors que mon cousin n'était âgé que de 9 mois de plus ! Et que dire de mon ambivalence : ce qui était objet de répulsion s'étant transformé progressivementen objet potentiel de plaisir ?!
Aujourd'hui, après avoir évité le sujet au cours des séances de psychanalyse, je me suis décidée à parler. Mais c'est terriblement dur. Ma psy me demande d'être précise sur certains faits mais je ne peux pas. Il y a des mots que j'ai entendus et que je ne peux pas dire. Des choses que j'ai vues et dont je ne peux pas parler. Des choses qu'il m'a faite et qu'il m'a demandé de lui faire… Ça me déchire de l'intérieur. Des fois, je voudrais qu'on m'achève, qu'on m'assomme une bonne fois pour toute, pour en finir. C'est tellement insoutenable. Des fois, j'ai de la rage à l'intérieur, j'ai envie de crier, de hurler. Et je ne comprends pas d'où vient cette douleur sourde et profonde qui me tue, qui m'empêche de vivre. J'ai l'impression de devenir folle, d'avoir perdu tous mes repères. Où est la vérité ? Pourquoi ai-je toujours fini par céder au chantage ? Est-ce que j'ai mérité ce qui m'est arrivé ? Pourquoi je n'arrive pas à tourner la page ? Pourquoi ai-je peur des hommes et de leur désir ? Pourquoi tout cela me harcèle en permanence ? J'ai l'impression de vivre une véritable torture. S'agit-il d'un viol ? Est-ce que je m'en remettrais un jour ?
Témoignage femme:hypothèse d'un viol incestueux: arrangement avec ma conscience?
Témoignage
Publié le 01.12.2006