C'est à la suite d'une dépression post-partum que les souvenirs sont apparus. J'étais hospitalisé, et un matin, devant mon armoire, tout un tas de flashes, de mots, la douleur sont arrivés en quelques secondes.
Au début, j'ai fait l'autruche, je ne voulais pas y croire, ne serait ce qu'imaginer mon père me faire ça ! Les médecins eux l'ont pris au sérieux. Puis, pendant 4 ans, les souvenirs étaient présents, mais je continuai à voir mes parents comme si de rien n'était.
C'est là que la maladie de chron est apparu, une poussée fulgurante. Rapidement, j'ai fait le lien entre mon vécu et la maladie et l'age de ma fille. Pour moi tout était lié. Ma psy m'a prêté 2 livres qui parlent de l'interaction du corps avec le vécu et les émotions. Ca collait. De là, j'ai voulu prouver à ma famille (et à moi-même quelque part) que c'était bel et bien arrivé, que cétait vraiment des souvenirs. Je me suis heurtée contre un mur. Depuis, j'ai rompu avec ma famille qui ne veulent toujours pas admettre l'inceste.
Depuis, d'autres souvenirs sont revenus à la surface, en travaillant ma mémoire ancienne.
Je sais qu'il a commencé des carresses lorsque j'étais dans un lit à barreaux, donc très petite, j'étais effrayée.
Puis entre 4 et 5 ans, il a commis l'irréparrable dans un lieu impensable, à la mer en vacances. Oui, il m'a sodomisé dans l'eau à une centaine de mètres de la plage. Je sais que c'est à peine croyable, et pourtant, cela s'est passé là. Il était dans sa pulsion, il se parlait tout seul, ne me répondait pas. Il m'a entraîné loin du rivage, moi, je n'avais plus pied depuis longtemps. Je me souviens du va et viens des vaguelettes sur mon coup, puis, de la douleur fulgurante, je ne sais plus si j'ai crié ou pas, mais, je l'ai supplié d'arrêter ça faisait tellement mal. Il m'a ordonné de ne plus bouger. Moi, je n'ai pas réfléchi, d'instinct, je me suis projetée en avant dans l'eau, en prenant appui avec mes jambes sur lui. C'est ainsi, que je me suis retrouvée à quelques mètres de lui, me débattant dans l'eau pour rester à la surface. Je me suis mise à couler, une fois toucher le fond, j'ai poussé le plus fort possible sur mes jambes pour rejoindre la surface et reprendre de l'air. Il n'y avait plus personne autour, il était parti, me laissant seule face à mon sort. J'ai recoulé et j'ai prié Dieu pour revoir ma maman au moins une fois encore. Puis l'instinct de survie a été le plus fort, j'ai réussi comme j'ai pu, en buvant la tasse à plusieurs reprises, et en poussant fort avec mes petites jambes à avancer vers le rivage. A un moment, je me suis retrouvée sur un monticule de sable, j'ai tatonné avec les pieds pour voir si j'avais pieds, mais non, ça redescendait. Je suis restée un moment à reprendre mon souffle, terrifiée, il ne m'est pas venu à l'esprit de crier au secours, je me suis dit que j'y étais arrivé jusque là il fallait que je continue comme ça. J'ai replongé en ayant en ligne de mire la plage.Puis, très vite, j'ai eu pied, j'étais si fatigué, et je toussai, crachai en même temps, j'avais du mal à respirer. Seul l'instinct de survie m'a sauvé, ce jour là, de la noyade.
De retour sur la plage, j'étais tétanisée par la douleur, la peur, l'incompréhension, je tenais ma main sur mes fesses. Ma mère m'a demandé où j'avais mal exactement, j'ai répondu "Papa m'a fait mal là où je fais caca". Elle est restée bouche bée, mais les gens d'à côté ont très vite compris ce qui venait de se passer. Ils étaient hors d'eux, ont crié au scandale, parlé d'alerter les gendarmes....Ma mère, elle m'a traitée de menteuse. Mon père n'était pas revenu, et ma mère a vite remballé nos affaires, on a même laissé quelque chose, une chaise de plage je crois, sur la plage.
Mon père nous a rejoint à l'entrée du parking, la tête baissée. Et moi, j'avai envie d'hurler "Maman, tu vois pas que j'ai dit la vérité !" Les gens nous on rejoint, c'était un couple avec un enfant. La femme m'a parlé, m'a dit le nom de son concubin et qu'ils habitaient au Lion d'Or dans une sorte de caravane et que si les gendarmes nous arrêtait de donner ce nom. Elle m'a dit s'appeler Pauline comme l'actrice Pauline LAFFONT, qu'elle venait de se teindre les cheveux en blond comme elle.
Pendant des mois, j'ai fouillé ma mémoire pour retrouver des indices, leur nom, j'ai parcouru Internet pour les campings, les photos de plage. Tout cela pour raviver ma mémoire, certains détails me sont revenus mais pas tous, j'étais si petite. J'aurai tellement souhaité les retrouver.
Qu'ils me disent "oui on y était, on sait".
J'ai subi sinon des attouchements dits classiques, il m'a fait faire des carresses en me disant que "les papas aiment bien qu'on les carresses là, c'est notre secret"
Il a essayé une fois dans un bois, je me souviens de ma culotte en bas des jambes, penchée en avant. Il m'avait dit qu'on allait jouer à un jeu. Moi, innocente, j'avais répondu "comme à saute-mouton", ça l'avait fait rire. Puis, une voiture est passée sur le chemin non loin de l'intérieur du bois, il a pris peur et était très en colère.
Je me souviens aussi lui avoir caresser vers 7 ans je pense, je me souviens m'être essuyé la main sur le gazon et que ça me dégoutait.
Je n'ai pas eu droit à l'inceste dans un lit, car heureusement pour moi, je dormai dans la même chambre que ma soeur ainée de (6 ans de +), il a du chercher d'autres occasions pour céder à ses pulsions malsaines.
On m'avait prévenu que lorsque ma fille atteindrait l'age approximatif de mon viol, je risquai de faire une rechute plus grave encore que le post-partum, c'est le cas. Ca fait 1 an que je suis en arrêt maladie, avec plusieurs hospitalisations et 3 tentatives de suicide. Mais, depuis 10 jours je progresse lentement.
J'ai créé un blog sur orange sur l'inceste, mais ça ne me suffit pas, les gens dans la majorité s'en foutent ou zappent.
Je vais m'arrêter là, je me sens fatiqué et lasse.
Témoignage femme : Mon père, ce pervers (3ème)
Témoignage
Publié le 07.10.2009