Bonjour, j'ai subit des attouchements et viols de la part de mes freres adoptifs entre mes deux ans jusqu'a mes cinq ans. J'ai été placé dans un foyer suite à cela lorsque j'ai réussit à en parler c'est à dire a 16-17ans. C'est assez ironique, en fait parce qu'avant, je me demandais sans cesse pourquoi je n'avais aucun souvenir de mon enfance. Le trou noir comme apres un choc. Aujourd'hui je ferai n'importe quoi pour oublier.
J'ai aujourd'hui 20 ans, et j'ai repris contact avec ma famille, je parle avec mes freres et mes parents souvents. J'ai pardonné à mes freres. Consulté des psys. Mais la douleur est toujours là. Le malaise, la honte. J'ai fais une dépression et j'ai pris trente kilos en presque trois ans.
Les gens qui me cotoient disent que je vais mieux, que je souris plus, mets plus de couleur dans mes habits. Certes, c'est exacte. Mais je souffre toujours autant.
Je n'ai aucune confiance, ni aucune estime de moi. J'ai envie de mourir et cette idée me suis de plus en plus. Le seul truc qui m'empeche de me sucider, c'est la peur d'aller en enfer.
Aidez moi, je vous en prie. Dites moi qu'il y as un moyen de me sortir de là. La promesse d'un avenir meilleur...
Lola
Bonjour Lola,
Dès le début de votre témoignage ici, il apparaît que vous avez privilégié la solution comportementale qui vous fait peut-être le moins souffrir et surtout qui vous permet d'avancer à petits pas vers l'affirmation de vous-même.
"La douleur est toujours là" dites-vous, la douleur est toujours là même après la meilleure et la plus longue des thérapies mais la différence c'est qu'elle est devenue comme ce fauve en soi que l'on a bien dompté : dès qu'une situation provoque un réveil de la douleur profonde, une bonne thérapie permet d'accéder aux meilleurs réflexes : couper les ponts avec un contexte, des relations qui attisent la souffrance, foncer vers les les distractions, saisir et les occasions d'être heureux partout où cela est possible, développer totu ce qui génère du bonheur : votre capacité au bonheur a été sapée depuis l'enfance.
Vous avez le droit de ressusciter, d'être vous-même et de vivre en abandonnant ce sentiment de culpabilité que vous portez à la place de vos frères : vous leur avez pardonné, mais pardonner ce n'est pas se sacrifier, vouloir banaliser pour arranger ces frères et demeurer dans votre coin pour ne gêner personne.
Trente kilos en trois ans c'est peut-être trente kilos que vous semblez porter à la place des autres. Et c'est peut-être aussi trente kilos qui représente un manque affectif, le besoin d' exister ou le poids d'un sentiment de culpabilité. Un peu tout cela mélangé à d'autres ressentis si douloureux.
Vous semblez délicate, généreuse, et surtout trop craintive.
C'est très dur de persévérer des années avec toujours le même psy, souvent on se dit que cela ne sert à rien mais c'est au bout d'un temps plus ou moins long avec un même psy que les étapes difficiles peuvent un jour être franchies.
Changer trop souvent de thérapeutes ne permet pas à un thérapeute de vous suivre et ne vous permet pas de comprendre bien votre mode de fonctionnement pour vous gérer mieux et gérer mieux votre vie et tous vos ressentis un jour en vue d'oser enfin faire les choix pour vivre et être heureuse.
Vous permettez à vos frères, à votre famille de vivre heureux : vous méritez des milliards de fois mieux.
Certes, vous avez beaucoup d'étapes à traverser, et il faut surtout apprendre à vivre heureuse d'un rien d'abord : cultiver le droit au bonheur.
Vous êtes sur le bon chemin : " je souris plus, je mets plus de couleurs dans mes habits" : vous avez déjà compris que vous seule pouvez déclencher le positif, les premiers pas vers votre avenir.
Vous avez le droit d'être belle, de mettre des couleurs, de maigrir pour être admirée pour ce que vous êtes réellement.
Car à l'intérieur de vous, vous avez une belle âme, celle qui n'a jamais été atteinte par les personnages incestueux.
Vous avez droit aux erreurs relationnelles, amoureuses, car il faut du temps pour vous situer par rapport aux autres, pour retrouver une image positive de vous-même, et redéfinir qui vous êtes par rapport aux autres, avec vos qualités et vos défauts.
Il ne faut pas avoir honte d'être heureuse et belle et colorée et bien dans votre corps après tout ce que vous avez vécu : au contraire, il faut prendre le dessus, montrer à vos frères, votre famille, que vous pouvez êtres rayonnante jusqu'au jour où vous pourrez leur parler en maîtrisant les rapports avec eux et non plus en étant soumise, effacée parce que vous sentant embarrassante devant eux comme des kilos en trop :
Le plus dur lorsque l'on est victime d'inceste c'est de se sentir seule au monde avec un poids de souffrance indescriptible, incommunicable, la peur en soi de rencontrer des gens qui banalisent, en société, en famille, la peur d'entendre ces petites réflexions qui vont d'un seul coup réveiller toute la douleur la plus vive en soi : alors on passe par des ressentis dépressifs plus ou moins aigus, voire suicidaires.
C'est le destin de toute victime d'inceste : et le courage consiste donc à le reconnaître et trouver des trucs pour souffrir le moins possible : fuir les contacts blessants, les gens qui banalisent, tant que l'on est pas assez fort pour passer par-dessus la douleur. Et surtout savoir se faire plaisir à partir de petits riens : savoir admirer une vitrine, faire de la photo, du dessin, peinture, faire de la rando, un sport.... à chacun ses trucs.
Je suis sûre que vous aurez un joli avenir.
Bon courage Lola !