Chemin vers une guérison

Témoignage Publié le 22.12.2018

Chemin vers une

guérison

J’ai eu 18 ans cette année et j’ai été victime d’inceste, soit d’agressions sexuelles durant mon enfance, par mon frère de mes 7 à mes 14 ans. Je ne veux plus que des tels événements prennent encore le contrôle de ma vie, le contrôle sur moi. J’ai réussi à en parler à certains de mes amis proches, je sentais que je ne mettais pas mon cadre et ma famille en danger alors ce fut moins difficile. Durant mon adolescence cela m’a fait passer par plusieurs stades, entre dépression, addictions, auto-mutilation, et sexualité difficile à appréhender j’ai voulu oublier et rester dans le déni de ce qu’il s’était passé. Et maintenant je suis là avec un besoin de témoigner, de voir que je ne suis pas seule, que certaines personnes ont eu le courage et la force de se reconstruire.

 Mon frère a deux ans de plus que moi, c’était un enfant créatif qui avait toujours plein d’idées de jeux. Étant sa petite sœur la question de le laisser jouer seul ne se posait même pas. On jouait au tout début au docteur, il tentait de comprendre comment on faisait les enfants, comment les filles étaient formées, comment elles fonctionnaient. Il s’amusait à me mettre ses coussins au niveau de ma poitrine pour la toucher, l’ausculter, il me touchait les fesses et me forcer à le toucher. Je ne comprenais pas si c’était normal ou pas. Il me demandait de venir tous les jours jouer dans sa chambre avec lui. Et là il a commencé à me toucher les parties intimes, il faisait le médecin pour justifier ses caresses sur tout mon corps.

Puis un jour mes parents nous ont laissé seuls. A peine la porte refermée et eux partis, je me souviens qu’il s’est jeté dans ma chambre, alors que je lui interdisais, « aller viens, tu vas voir on va s’amuser c’est rien ! ». Il m’a sorti de force de ma chambre et on est allé dans la sienne. Il m’a déshabillé, il regardait mon corps d’enfant, le touchait, et j’avais le pressentiment qu’il attendait patiemment qu’il grandisse, qu’il prenne des formes, il me le disait « ça va être vraiment bien quand tu seras plus grande ». Je n’ai absolument rien osé dire, je ne comprenais pas ce que tout ça signifiait, et j’avais peur. Il me déshabillait, me touchait partout avec une violence remarquable, m’obliger à me frotter contre son pénis pour qu’il puisse éjaculer. Les années ont évolué mon corps aussi et ses agressions sont montées crescendo, lorsque ma poitrine à pris forme. Là c’est devenu différent. Il s’est mis à m’obliger à le masturber, à le sucer, à le regarder éjaculer. Il s’amusait et découvrait mon corps comme un objet, alors que je luttais contre tout, contre lui, contre les sensations qui me dégoûtaient et en même temps me faisaient ressentir des choses étranges. Un jour il m’a fait venir de force et m’a dit « je veux qu’on essaye de faire l’amour », j’ai tenté de m’enfuir, mes parents n’étaient pas là. Je me suis cachée dans le jardin, je courais et il me suivait, j’étais bloquée dans ma propre maison. Puis il m’a violemment attrapé et m’a amené à l’étage et à essayer de me violer. Et quand je suis ressortie de sa chambre, je me suis dit, ce n’est plus possible. Mais préféré rester dans mon silence. Il est revenu plusieurs fois et quand j’ai put, j’ai dit non et j’ai fui, mais ce n’était pas toujours le cas. Il laissait traîner ses yeux partout, pour me voir déshabillée ou sous la douche.

A 13 ans quand j’avais réussi à contrôler et stopper la situation, j’étais obsédée et effrayée par la sexualité, j’ai eu énormément de mal, et encore aujourd’hui, à me mettre à nu à faire confiance, à prendre du plaisir, à laisser mon copain me regarder. J’ai voulu mourir, je me sentais immonde, salie, et cloîtrer dans une bulle dans laquelle on m’avait mise. Je me suis mise à me mutiler, à boire, prendre de la drogue un peu puis de plus en plus. J’étais obsédée par ce mal qui me procurer tant de bien. Puis j’ai changé de lycée, eu un entourage très présent et bienveillant, mon frère est parti du domicile familial et j’ai pu commencer à essayer de me guérir et de retrouver une stabilité d’esprit que j’avais perdue. Mais je garde des séquelles que je peine à vouloir enlever en moi. J’ai eu une sorte de blocage post traumatique, a accumulé j’ai eu des grosses douleurs au dos pendant des années qui ont était résolu grâce à un kinésiologue et à une discussion que j’ai put avoir avec ma mère, où je lui ai dit pourquoi il est si insignifiant à mes yeux. Je me sens encore brisée. Je me dis que pleurer de tristesse, de honte après avoir eu un orgasme n’est pas normal, que de ne pas assumer et de ne regarder mon corps qu’avec du dégoût n’est pas normal. Je me mets toujours au dernier plan, le bonheur des autres passe avant le mien, ils ont un mérite d’être heureux que je ne m’attribue pas. C’est en me rendant compte de ce que je dis, que je sais que le chemin vers la guérison n’est pas encore là. Mais j’en ai fait la partie la plus difficile, il faut que j’essaye de rester positive et de voir que j’ai le contrôle sur moi, qu’on m’a enlevé auparavant.