Climat incestuel mère fils

Témoignage Publié le 06.09.2020

Climat incestuel mère

J’arrive à un moment où j’ai besoin de briser le silence qui m’a étouffé toute ma vie et qui m’a petit à petit isolé dans un non sens total. De l’extérieur, on aurait pu croire que tout allait bien. J’ai fait des études supérieures et j’ai suivi un parcours sans embûches. Or, ce n’était qu’une façade dont je n’avais pas conscience. J’étais dans une fuite permanente de mes émotions, de mon corps, de la vie. Je me suis toujours perçu comme différent sans vraiment savoir pourquoi. Aujourd’hui, je sais pourquoi sans vraiment vouloir l’intégrer.

Ma mère a abusé de moi à bien des égards. Elle m’a touché jusqu’à un âge avancé, dans la douche notamment, à l’adolescence (elle me disait sans cesse que c’était elle qui m’avait fait et que mon corps lui appartenait). Elle me demandait des câlins durant lesquels elle insérait ses mains dans mon pantalon pour toucher mes fesses. L’intimité n’existait pas vu qu’elle déverrouillait la porte de la salle de bains et imposait sa nudité à mes yeux confus. Cette réalité, j’ai fait comme si elle était normale, mais elle était incestueuse. J’ai eu la chance relative récemment que ma grand-mère maternelle me confie qu’elle était au courant de ces agissements, validant ainsi mes perceptions. Je sais qu’il y a des personnes qui n’auront jamais d’aveux ou de preuves pour certifier ce qu’elles ont ressenti et subi. Il m’a fallu beaucoup de temps pour démêler le chaos qui régnait dans ma tête.

Cela fait trois ans que je suis une psychothérapie, sachant que pendant cette période, j’étais au chômage. J’ai commencé le travail thérapeutique sans vraiment savoir ce qui pouvait bien clocher chez moi. Des échecs professionnels, des relations toxiques, la séparation de mes parents, mon isolement social et mes problèmes sur le plan sentimental m’ont détruit et perdu. J’ai considéré que la vie ne pouvait pas n’être que ce lot de soumission, de désespoir et de silence. Ce qui est dur, encore aujourd’hui, c’est de sentir que j’ai le droit à la parole et que la réalité que j’ai vécue a le droit d’exister et d’être exprimée. Ce qui est également difficile, c’est de savoir que tant de belles choses existaient autour de moi et que je n’ai jamais eu la capacité de les saisir, comme si je ne le méritais pas ou plutôt comme si ça n’avait jamais été le but de mon existence.

L’abus est corporel, sexuel, mental et psychique. Je doute encore de mon vécu et le déni est un dangereux remède que je m’efforce de réduire au maximum. J’ai toujours du mal à me sentir victime car je me sens honteux et faible. Mes frontières sont fragiles et j’ai du mal à faire confiance aux autres. Je suis terrorisé par les femmes et je me rends compte que mon histoire en est bien sûr la cause. J’ai toujours fui dans l’illusion et le déni, mais aujourd’hui, je peux écrire et vous dire que je suis une victime d’inceste. Je salue les personnes qui contribuent activement à ce que cette réalité inacceptable ne soit plus taboue et j’espère que je pourrai un jour les accompagner dans ce combat périlleux et épuisant. Je vous souhaite du courage à vous tous, sachez que malgré les traumatismes vous aurez peut-être une plus grande capacité à apprécier la vie que quiconque. Sortez du silence car vous méritez bien plus que la prison à perpétuité pour votre agresseur(e).

Nous en parlons
N
Nightswimming
Publié le 22.01.2024
Inscrit il y a 11 mois / Nouveau / Membre

Bonjour
Je me reconnais totalement dans votre histoire.
L'emprise physique et psychologique.
Les caresses déplacées sur les fesses.
La nudité imposée.
Le lien maternel totalement distordu, érotisé, sentimentalisé ("est-ce que tu aurais été amoureux de moi si nous n'avions pas été mère et fils ?", me demandait-elle)
L'impossibilité à me construire sur le plan sexuel, à vivre des histoires sentimentales.
L'impossibilité, encore un peu à l'oeuvre aujourd'hui, de me considérer vraiment victime.
Cette voix dans ma tête me disant constamment "elle ne t'a pas violé, donc tu n'as pas subi l'inceste".
Le sentiment encore persistant que tout est peut-être de ma faute, que je ne suis qu'un fils ingrat.
Que c'est difficile, que c'est douloureux.
Plusieurs psys, et une amie juge pour enfants, m 'ont dit que ce que j'avais vécu était de l'inceste.
Je commence donc à me le dire petit à petit.
Courage à vous, courage à nous, courage à toutes les victimes d'inceste qui qu'elles soient !

C
Chris53
Publié le 28.11.2020
Inscrit il y a 4 ans / Nouveau / Membre

Merci pour votre témoignage. En effet, je comprends votre trouble et je compatis. C'est si rare que les hommes se livrent.
Courage pour la suite de votre vie, vous méritez de belles heures.