haine et douleur

Témoignage Publié le 26.06.2019

haine et douleur

Bonjour,

j'ai trouvé ce site internet par Google, tout se trouve aujourd'hui par Google... Je parle aujourd'hui car j ai voulu croire toutes ces années que je pouvais oublier, et que je pouvais pardonner... Mais les personnes responsable de ce qui m est arrivé sont impardonnables. J'ai bientôt 45 ans, marié, 4 enfants d'un premier mariage et un d'un second mariage, fonctionnaire de police depuis 15 ans, en poste sur Bordeaux depuis 2007 et actuellement en arrêt pour dépression... Enfin , je pense !

Voilà 2 jours que j'ai avoué, suite à une récente crise de couple, ce que je portais depuis plus de 20 ans à ma femme, elle seule, avant ce mail était  au courant... Nous allons très prochainement quitter la France pour aller vivre au Quebec, car je veux oublier que c'est ici que j'ai le plus souffert. Pour faire court, mes parents ont divorcés en 1981, mon père a eu notre garde, remarié, mes relations sont devenus conflictuelles avec ma belle-mère, je ne l'acceptais pas et j'en voulais a mon père d'avoir battu ma mère durant des années et de nous avoir par la même occasion, maltraité, mon frère, ma sœur et moi...

Bien avant ma majorité, mon père m'a annoncé qu'il ne me garderait pas sous son toit, je ne savais pas que commencerait mon calvaire à ce moment là... J'ai été mis à la rue très vite par mon père, juste avec un sac a dos et un sandwich, (quoique je ne me rappelle pas vraiment si j'avais un sandwich !) Cette époque n'est pas si lointaine, je suis de 1974, vous rajoutez à peine 18 ans, ça nous mène à 1992. Nous habitions à ce moment là Portets, j'ai marché un petit peu et j'ai décider de prendre le train, sans billet, pour aller sur Bordeaux, trouver du réconfort chez ma mère... Ma chère mère ayant refait sa vie de son coté, m'a fait comprendre que j’étais de trop et qu'elle ne pouvait me prendre avec elle, et c'est sur un ''je t'aime'' maman que j'ai quitté son appartement... Direction la rue...

Je vous passe, par la suite, les nuits d'errances dans les rues de Bordeaux, la peur au ventre, et la faim aussi, je marchais la nuit pour ne pas m'endormir, faisant quelques fois le tour des beaux quartiers et m'imaginant né dans une famille ''normale''... Je suis resté 1 an à la rue, je vous passerai donc les détails de chacun de mes jours de jeune SDF... Même ce jour ou plutôt cette nuit, ou un type m'a ''gentiment'' pris en stop en voiture pour m'emmener dans le parking d'une résidence pour que je lui fasse une fellation, le tout sous une pluie de coups...

Durant cette année de perdition, j'ai rencontré un homme, dont l'identité m'est revenue lors d'une séance d'EMDR avec ma psychologue, je n'avais jamais oublié son visage, mais j'avais réussi a oublier son nom et son prénom... Je me souviens très bien de cette rencontre, Monsieur tenait un cours sur Victor hugo à Bordeaux dans un bar, et je me suis arrêté dans cet établissement pour demander un verre d'eau et me reposer un peu... il est venu s'asseoir prés de moi et nous avons discuté, je ne pourrais pas expliquer comment il a fait, mais je me suis senti très rapidement en confiance, ressentant à mon égard de l’empathie, ça me faisait chaud au coeur... Je lui ai avoué que j’étais à la rue, mais je crois qu'il avait deviné... Je ne fréquentais pas les foyers pour SDF mais je mettais tout de même un point d'honneur et être un minimum présentable avec le peu que j'avais... Mais je crois que c'est la faim qui m'a trahi...j'ai bu et mangé et j'ai pu me reposer... Je me suis senti à l'aise et réconforté... Et lorsque est venu le moment de régler ce que j'avais consommer, Monsieur m'a proposé de lui venir en aide au service en salle en guise de paiement... Je ne me suis pas fais prier !

Bref... Cette relation a duré quelques mois... J'ai très rapidement eu la proposition de dormir chez lui, voire de m'y installer... J’étais heureux... J'aller sortir de la rue et je m’étais trouvé un deuxième papa... Cet homme là était divorcé, j'ai connu son fils et sa fille et son compagnon de l’époque, malheureusement décédé du SIDA. Au tout début j'ai dormi dans le salon, il n'y avait qu'une chambre dans son échoppe, donc je m’étais installé sur le canapé et cela me convenait, je préférais de loin le confort d'un canapé a fleur, que le gazon du parc Bordelais ou les bancs des Arrêts de bus... Et j'en passe...

Entre temps, moi et mon ''nouveau'' papa nous étions devenu très soudés, c’était quelqu'un de très influent et très connu dans le milieu de la nuit sur Bordeaux, j'avais, en sa compagnie, mes entrées partout et je me sentais en sécurité, il ne voulait pas que je travaille sauf a son bar, où il avait fait des travaux pour y créer un pub en sous sol... Mon rôle était de tenir le bar et de servir les clients. J'ai découvert en sa compagnie certains milieux très fermés des nuits bordelaises.

Le temps faisant son œuvre, toujours dans l'année de cette rencontre, il est un matin, car nous fermions tard la nuit et ensuite nous retrouvions des amis au restaurant de la gare St Jean ''le jour et nuit'' pour y diner... Où nous débauchions et où il m'a proposé de venir dormir avec lui dans son lit, m'assurant qu'il n'y aurait rien. Il connaissait ma position sur ma sexualité, je ne suis attiré que par les femmes, lui avais-je répété a de multiples reprises lors de nos discussions... j'ai dormi quelques jours a ces cotés sans qu'il ne se passe rien, je me souviens que sur sa table de chevet, il y avait un livre de Françoise Dolto... Je ne sais plus le titre mais j'avais trouvé ça bien de lire du Dolto...

Un jour, il m'a emmené, comme très souvent au restaurant et il m'a avoué ses sentiments à mon égard... A mes yeux, l'image de mon nouveau ''papa'' disparaissait lentement, remplacée par un celle d'un homme amoureux de moi... Je comprenais en même temps pourquoi il avait toujours refusé que je prenne mon indépendance professionnelle... Je lui ai fait part, mais il le savait déjà de mon attirance uniquement pour les femmes et que mes sentiments pour lui étaient plus ceux d'un fils à son père... J’étais perdu... Bref, nous avons diné puis nous sommes sorti ou il avait l'habitude de nous emmener... Je ne sais pas si c'est moi qui en avait besoin ou si c'est lui qui a fais en sorte que je sois ivre, mais c'est ce soir là que tout à basculé... J’étais très fatigué lorsque nous sommes rentré a son échoppe, mais je me souviens de tout... Nous avons chacun a notre tour pris une douche... Je me suis couché le premier, bien emmitouflé, dans le lit, a droite, contre le mur... Il m' a ensuite rejoint, a allumé la télé et s'est allongé prés de moi... Il a voulu m'embrasser, j'ai tourné la tête, et m'a embrassé dans le coup, il a pris ma main pour que je lui caresse le sexe et s'est mis a caresser le miens, j'ai alors voulu me lever, je me souviens... Il a pris mon bras et m'a maintenue sur le lit, il m'a serré le coup et m'a embrassé à pleine bouche...

j'etais tétanisé, je l'avais déjà vu se battre et je savais que je ne ferais pas le poids, je ne savais plus quoi faire, je pleurais a chaude larme en lui disant non... Non... Ne fais pas ça... Il m'a mis une première gifle qui m'a presque sonné... Et m'a dit de me laisser faire, il a commencé a m'embrasser le sexe avec sa bouche et m'a demandé, sans me laisser le choix, de faire de même... N'ayant jamais pratiqué ce genre de chose avant, apeuré et degouté par ce qu'il me demandait de faire... Je n'arrivais pas je pense à le satisfaire alors il s'est énervé. Comme je n'arrivais pas a avoir d’érection, il m'a doigté analement avant de me sodomiser de force, me maintenant de tout son poids sur son lit. Cela ne s'est passé qu'une seule fois, mais j'ai ce moment a vie dans ma tête.

Le lendemain il  s'est confondue en excuse en pleurant, m'expliquant que ses sentiments étaient trop fort et qu'il fallait que je le comprennes... Il m' a laissé conduire sa voiture et m'a acheté des cadeaux... Peut être pour que j'oublie...Et moi qui croyais que j'avais enfin trouvé ''un père''... On avait même été voir ma tante et ma grand mère dans les Landes ensemble, j’étais tellement content de leur présenter celui qui m'avait sorti de la rue... Le mal etait fait et je me sentais sali, je restait chez lui pour ne pas retourné a la rue, je n'avais pas d'argent, je travaillais pour lui, mais il ne me payait pas... Je reflechissais comment partir, en attendant, je faisais en sorte de ne plus me coucher en même temps que lui malgré ces demandes de ''petits câlins''... Je regardais la télé toute la nuit dans le salon prétextant ne pas avoir sommeil... Mais cela n'a pas duré longtemps, c’était un homme intelligent qui a vite compris pourquoi je me comportais de la sorte... Il m'a donc posé un ultimatum... Ou je lui donne ce qu'il veut... Ou je retourne à la rue...

Quelques jours plus tard, j'ai fais une première tentative de suicide en prenant des cachets. J'ai réussi a me sortir de la rue grâce a mon frère qui m'a hébergé quelques temps après, malgré les difficultés financières qu'il rencontrait à l'époque. Mon frère a connu cet homme là aussi... Mais lui a réussi a s'en sortir avant... Je n'ai jamais porté plainte et n'ai jamais parlé de cela auparavant. Outre la haine et la colère... J'ai mis des années a pouvoir reconstruire une vie sexuelle normale et à être capable de faire l'amour sans pleurer, sans honte ou sans ''panne'', je me suis senti sali et honteux... Je me suis haï... Mais avant d'en vouloir a cet homme là ainsi qu'a l'autre qui a profité de moi dans un parking, j'en veux a mes "parents" qui m'ont abandonné et laissé comme une ''merde'' dans la rue... Sans leur geste, jamais ceci ne me serait arrivé...

Nous nous sommes disputé avec mon épouse récemment et elle a vu au cours de ces 13 années que j'avais des ''blocages'' d'ordre sexuels, elle se doutait que j'avais traversé quelque chose de difficile mais je ne lui avait jamais dit, de peur qu'elle ne me regarde plus pareil une fois le secret avoué... Prés de 20 ans que je porte ces souvenirs et cette haine... Aujourd'hui, mon épouse sait, elle a fait remonter a la surface des choses très douloureuses, et les images me reviennent.

Je donnerais n'importe quoi pour avoir eu une autre vie.

Merci de m'avoir lu.