Inceste et maternité

Témoignage Publié le 17.04.2016

Inceste et maternité

Un besoin de témoigner et d’avoir vos retours si vous êtes devenues mères.
Pour la faire courte, j’ai été violée par mon beau-père (que je pensais alors être mon géniteur) de l’âge de 6 ans à 8 ans environ, une à deux fois par semaine.

Je n’ai jamais osé le dire. Ma mère était dépressive et je craignais qu’elle se suicide si elle l’apprenait. J’avais deux demi-frères que je voulais également protéger. Parler signifiait faire exploser la famille et je ne voulais pas être responsable de ce chaos.

Je me suis alors réfugiée dans la littérature, les rêves et ai attendu d’être majeure pour fuir ce climat incestueux.

A 18 ans, j’ai connue ma première expérience sexuelle avec le meilleur ami de mon géniteur. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu envie de parler. Choqué, il l’a répété à mon père qui l’a répété à ma mère et j’ai dû avouer. Mon beau-père n’a pas nié, s’est excusé et j’ai fui le domicile parental (pas eu envie de porter plainte car je voulais passer à autre chose, connaître enfin une «jolie vie » et ne pas endosser ce rôle de victime d’inceste publiquement).

Des années plus tard, ma mère m’a avouée qu’elle s’en doutait et s’est excusée de ne pas avoir su empêcher son mari de se glisser dans mon lit pendant qu’elle regardait la télévision le soir dans notre HLM de 80m2. Autant vous dire que je ne lui pardonnerais jamais et que je n’ai plus de contact avec elle depuis ce jour où j’ai pu lui dire tout ce que j’ai toujours rêvé de lui dire. Ce fut violent verbalement mais salvateur (son dernier sms y a trois ans : « je ne peux rien pour toi tant que tu seras en colère contre moi, que tu ne pardonneras pas »).

Aujourd’hui, j’ai 41 ans, un chouette métier-passion même si précaire, des amis cools, des dizaines de rêves d’enfant/adolescente concrétisés, aucun contact familial (cousins, oncles, tantes, frères…) et surtout un petit ami que j’aime depuis 4 ans qui me permet enfin de me stabiliser (j’ai un bail à mon nom depuis 2 ans seulement).

Je me suis faite avorter quatre fois (de 19 ans à 27 ans). Encore maintenant, mon hygiène de vie est déplorable : je ne prends guère soin de mon corps même si je n’ai jamais eu de troubles sexuels, alimentaires ou ne me suis jamais scarifiée. Par exemple, je ne me tiens pas droite et cela empire en vieillissant (tête rentrée dans les épaules, depuis quelques mois).

Extravertie et immature, j’oscille sans demi-mesure entre l’euphorie et la déprime, ai une peur panique de l’abandon, de finir ma vie seule, des crises d’angoisse injustifiées. Je culpabilise aussi les autres en leur faisant même parfois un inconscient chantage affectif, me victimise souvent, me déprécie tout autant, me sens mal aimée régulièrement, ressens également un très fort besoin de reconnaissance et le regard des autres compte plus que de raison. Toutefois, tout ceci est à relativiser car je tente de me raisonner, de prendre sur moi et de maîtriser mes réactions, mes comportements avec de plus en plus de succès, les souvenirs s’estompant (quelques flashs seulement plus de 30 ans après). J’aime dire que je suis un tétris avec des briques en moins, que je me suis construite grâce aux rencontres que j’ai faite tout au long de ma vie (amants, petits amis, professeurs, employeurs, collègues, amis…).

Il a toujours été évident sans que je me l’explique franchement que je ne ferai jamais d’enfant.

Aujourd’hui, à 41 ans, je me dis qu’il devient urgent d’analyser pourquoi ce si revendiqué non-désir d’enfanter. Est-il vraiment justifié ? N’ai-je vraiment pas l’instinct maternel ? Est-ce en rapport avec cet inceste qui me poursuivrait encore ? A cause de ma relation avec ma mère ?

9 mois que je ne trouve pas de réponse. Parfois, je souris en m’imaginant devenir mère et je me dis que je serais une bonne mère et que mon enfant aurait trop de la chance. Wesh meuf ! Parfois, je me dis que je suis enfin heureuse et je refuse de mettre en péril cet équilibre si longtemps recherché. Etre mère signifierait, dans mon cas, changer de métier, de style de vie et changer de ville. Trop de bouleversements que je ne suis pas prête à assumer financièrement et moralement sachant que je vous dis tout ça mais mon compagnon n’a que 31 ans et refuse catégoriquement d’être père…

Donc quoi ? Le quitter ? Faire un enfant seule ? Adopter ? Ou tout simplement faire une croix sur la maternité et accepter l’idée que ne pas avoir d’enfant serait un moindre mal, compte tenu de toutes les étapes que j’ai franchi avec succès pour avoir une vie normale malgré une enfance meurtrie !? A croire que l’on traîne un boulet toute sa vie lorsqu’on est une survivante de l’inceste !

Bref ! Suis curieuse de vos retours quant à la maternité…

Nous en parlons
A
Alnatg
Publié le 09.09.2019
Inscrit il y a 6 ans / Nouveau / Membre

J ai 3 enfants. C est grâce à eux que je tiens debout. Leur amour me porte. Je n ai jamais eu peur de reproduire. Par contre je suis hyper protectrice et je vis dans une grande angoisse le fait que je ne puisse pas les protéger de tout. Ce n est pas tjs facile mais c est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie
J ai fait 4 fausses couches et un avortement. Je n etais pas prête à ce moment là

J
jess17
Publié le 26.11.2018
Inscrit il y a 7 ans / Débutant / Membre

Bonjour. Je me reconnais dans ce non désir d'enfant dont vous parlez. Je me sentais sale à l'intérieur, inapte comme mère (ma mère aussi savait mais n'a rien fait pour me protéger) peur de reproduire un schéma. Et pourtant, j'ai eu deux enfants. Pour mon conjoint qui le voulais tellement. Ma première grossesse à été une horreur, j'étais mal dans mon corps et mon coeur, je ne ressentais aucun amour pour cet enfant en moi. Puis il est sortit. Et mon coeur à explosé d'amour. Je me suis fait soigner et je me suis dépassée pour être à la hauteur, ils m'ont rendue meilleure, aujourd'hui, je ne regrette absolument pas. Voilà mon expérience, j'espère qu'elle vous aidera à réfléchir.