J'ai enfin le courage d'exister

Témoignage Publié le 22.09.2006

Nous étions une belle famille : 3 splendides filles, un géniteur aimant et une génitrice irréprochable, intérieur cossu et impeccable, éducation sans faille, un exemple pour l'entourage.
A 45 ans, j'ai donné un sacré coup de pied dans la fourmilière et j'ai tout fait voler en éclats. J'ai été aidée par une psychothérapie et surtout par l'amour de mes enfants à qui je ne supportais plus de mentir.
Le chemin a été long et pénible, 45 ans de silence, de tortures morales et physiques car, si mon mon géniteur m'aimait trop (en général, les papas ne violent pas leurs petites filles en leur disant à quel point ils les aiment, n'est-ce pas?), pratiquement tous les jours, depuis l'âge de 6 ans jusqu'à l'âge de 18 ans, ma mère, elle, me détestait cordialement et me le prouvait par toutes sortes de trouvailles de coups, blessures physiques ou morales tous les jours, depuis ma naissance, jusqu'à ...mes 18 ans, tiens comme c'est bizarre.

En fait , mon père a arrêté car j'ai menacé de tout révéler et je lui ai aussi tenu tête phyqiquement...une robe de chambre déchirée, un oeil au beurre noir, je n'aurais jamais pu imaginer que ce fut le prix ridicule de ma rançon...et ma mère atteinte de cécité galopante, n'a bien sûr rien vu..et il faudrait que je la laisse vieillir en paix au dire de mes soeurs...c'est vrai qu'après une vie de dure labeur (pensez donc, trainer sa fille en bas d'escaliers d'une cave infestée de rats, pour lui apprendre à vivre, ça fatique..., c'est sûr...)
Depuis mes 18 ans, c'est instaurée une sempiternelle loi du silence, une chappe de plomb, ne rien dire, ne rien laisser filtrer...sauver les apparences et donner des leçons à l'entourage...moi, rongée de culpabilité, écrasée par le poids du secret, je me suis tue..j'ai pris part à la complicité ambiante...et puis un jour, mon mal être a explosé et j'ai décidé, au lieu de mettre fin à mes jours devenus insupportables, et devant le désarroi de mes enfants de leur dire. Rompre toute relation avec cette famille tant qu'elle ne reconnaitrait pas la culpabilité des parents (ensemble) Je suis une paria, je me suis emputée de toute une partie de ma vie, famille, amis...je suis celle par qui le scandale risque d'arriver, la pestiférée qu'il faut éviter à tout prix...
mais je suis libre...ça n'a pas de prix, je me reconstruis maintenant, j'apprends à vitesse grand V le goût de la vérité, de l'intégrité, de la fiabilité. J'apprends à vitesse grand V à vivre parmi les autres, à être normale, tout ce qu'il y a de plus normal, j'apprends à aimer tout simplement, j'apprends à me faire aimer, si, si, c'est possible, on peut m'aimer..ce n'est pas suspect. j'apprends à me réjouir des câlins que me font mes enfants, si, si ils ont le droit. j'apprends à vivre, à redevenir moi.
On m'a volé ma vie, mon identité, mon avenir, je les reconstruis, et vite!
La seule ombre au tableau, la loi sur la presciption en matière d'inceste...qui a connu l'inceste est marqué à vie et ses descendants aussi, d'une manière ou une autre à divers degrés...cette loi devrait être modifiée, ne serait-ce que pour donner sa chance de reconstruction complète à tout être victime .
Je place beaucoup d'espoir en Face à l'inceste et ce site est une mine d'or, une chance à saisir pour nous tous, un hâvre, c'est une chance que de pouvoir s'exprimer tous aussi librement et redonner force, espoir et outils pour défendre son intégfrité et pour pouvoir dire : plus jamais ça!