Témoignage femme : Se comprendre

Témoignage Publié le 10.03.2006
J'avais 8 ans. On était chez mes grands parents. Mon grand père a proposé que j'aille jouer de l'orgue dans sa chambre, pendant qu'il ferait sa sieste (dans cette même chambre). Une fois dans la pièce, il a mis l'orgue sur musique automatique, et m'a obligé a faire la sieste avec lui. Ce grand père adoré par tous et même par sa communauté protestante où il était presque Pasteur, ce grand père qui faisait des tour de magie pour nous amuser, comment pouvait-il vouloir nous faire du mal ? Il s'est excité, s'est frotté sur moi, il m'étouffait sous son poids, il cherchait à m'embrasser sur la bouche. Il est venu, j'ai tout vu. Je ne sais pas comment les choses se sont déroulées, mais il m'a embrasser le sexe, jusqu'à ce que j'en urine dans sa bouche.

Il m'a fait promettre de ne rien dire, j'étais honorée d'avoir un secret avec mon papi. Et puis suite à l'hospitalisation de mon père, mes grands parents ont décidé de venir chez nous et nous garder, ma soeur et moi. J'étais prise de panique, je voulais m'enfuir. Je ne voulais surtout pas le revoir. Ce n'est pas qu'il m'ait fait mal ou qu'il m'ait physiquement forcé, c'est que je savais que ca ne devait pas se reproduire.

Ma mère a fini par me faire avouer. Quand ils sont venus à la maison, elle lui en a parlé. Il a nié, puis il a admis, et a juré de ne pas recommencer. Ma mère lui a donc fait confiance. Mais une fois elle m'a laissée seule avec lui, il m'a demandé pourquoi je l'avais trahis. Et puis, j'ai senti qu'il se reexcitait, il voulais recomencer. J'était tellement perdue. Il avait juré de ne pas recommencer, mais il était incapable de tenir sa parole, de se contenir. Heureusement, ma mère est arrivée avant qu'il ne s'emballe.

Mon père est décédé cet été là. Mon grand père est décédé l'année d'après, un caillot monté au cerveau. Aujourd'hui j'aimerai tellement croire qu'il a volontairement arreté son traitement, pour se laisser mourrir.

Depuis, j'ai eu très peur des hommes, d'être manipulée, d'être mise dans une situation ou l'on ne controle plus le bien du mal. Dès 14 ans, j'ai multiplier les aventures sexuelles. Ce n'était pas pour le plaisir, (ca se passait très mal a chaque fois) mais pour essayer de dévaluer l'inceste. Mon sexe n'avait plus rien de sacré. Mon corps non plus, et je procedais à des auto-mutilations, comme graver le surnom que me donnais mon Papa sur ma poitrine, avec un débris de minoir.

Je voulais surtout trouver de l'amour dans le regard d'un garcon. A 21 ans, j'ai décidé de ne plus céder à cette manie compulsive d'avoir des amoureux et des partenaires sexuels a répétitions ; et je suis entrée dans une phase remplie d'autres compulsions, y compris l'alcool, le tabac, la nourriture.

Comme beaucoup je n'arrive pas à me valoriser. Je n'arrive pas à penser que je suis aussi bien que n'importe qui. J'ai beaucoup de mal avec le sexe, qui reste quelque chose de "mal". Et j'ai très souvent un sentiment de grande honte juste après l'excitation, de remord. Longtemps j'ai mal vecu ma ranceur contre mon grand père, combinée à mes envies sexuelles d'adolescente. Je me voyais comme un monstre à deux têtes : une prude accusant son grand père de pédophilie et une putain aux fatasmes sado-maso.

Je n'ai pas de fantasmes pédophiles. Je sais que les boureaux ont souvent été des victimes dans leur enfance, (comme ce monstre de Toulouse). Je ne sais pas comprendre comment mon grand père en est arrivé la, comment faire pour être sur que ca ne m'arrivera pas?