Témoignage femme: Touchée par mon frère de 7 à 13 ans, tous les jours.

Témoignage Publié le 01.12.2006
Bonsoir,
J'ai 3 frères aînés. J'ai 35 ans.
Quand j'avais environ 7 ans (je peux dater, à quelques mois près, grâce à un événement familial, normal celui là), le 2d de mes frères, qui n'en avait que 4 de plus, donc 11, a commencé à me toucher, tous les soirs, sauf exception. On dormait dans la même chambre, dans deux lits séparés, heureusement... Je ne sais comment exactement ça a commencé, mais je sais ce qui s'est installé : l'habitude pour lui, dès que j'étais dans la chambre, de venir et de me toucher.
Longtemps j'ai culpabilisé à la puissance 1000, parce qu'il n'a que 4 ans de plus que moi, et avant on ne parlait pas des incestes frère soeur, je croyais être la seule !!!
Mais il était costaud, et en plus, il y a un sacré écart entre 7 et 11 ans. 7 ans, c'est l'enfance, 11 ans, c'est la préadolescence...
Bref, quand je partais me coucher, il était soudain fatigué... il venait, souvent je lisais dans mon lit avant de dormir, je lisais beaucoup... Je sais qu'au début il parlait, de sexe, pensant sans doute m'intéresser, mais je ne comprenais rien à ce qu'il disait, moi je m'énervais, une dispute normale, quoi ! Mais ensuite, il parlait, et me pénétrait avec ses doigts... Moi, je lui prenais la main, je lui enlevais, il la remettait. A force, je n'arrivais même plus à lui enlever. Je criais, de rage plus que de douleur je crois, je lui donnais des coups de poings, lui souriait, me disait que j'aimais ça...
Vous avez bien lu... "Je criais", et c'était dans notre chambre... C'est peut être ça surtout qui fait qu'aujourd'hui, je me suis convaincue d'être la merde que ma famille m'a laissée être depuis mes 7 ans... Ce n'est peut être pas clair : je n'ai plus aucune estime de moi, je le sais, mais n'arrive pas à faire autrement. On m'a traité comme une merde, j'en suis à présent une, c'est comme ça que je me vois, malheureusement, et que je pousse les autres à me voir...
Parce que j'avais beau crier, personne ne venait voir ce qui se passait !!! Des fois, je le repoussais d'un seul coup et je me levais, j'allais aux toilettes, par ex, je tournais un peu dans la maison, mais on me disait de retourner me coucher !!! Je finissais par y retourner... j'étais fatiguée ! A peine allongée, la plupart du temps il recommençait, parce qu'il m'attendait, il ne dormait pas. Il se relevait de son lit, et c'était reparti !!!
Des fois, il partait se coucher en premier, et pendant un moment, il a fait croire à mes parents qu'il avait peur d'aller se coucher tout seul !!! Et mes parents me disaient d'aller me coucher en même temps que lui ! Je criais que je voulais regarder la télé, ou n'importe quoi d'autre, mais comme on mangeait toujours tard, ce n'était de toutes façons pas raisonnable pour la petite fille que j'étais... Alors mes parents me criaient dessus tous les deux, je partais dans ma chambre !
A force, je sais que j'ai pris l'habitude, dès que j'avais fini de manger, d'aller m'allonger sur le canapé devant la télé, ma mère me disait "tu vas t'endormir, vas te coucher", je répondais "mais non", et ça s'arrêtait là... Je forçais mon sommeil. Après, ma mère me tapotait sur les bras, m'appelait, me donnait des claques sur les cuisses, tout en me laissant sur ce canapé, et en répétant, allez, va te coucher, régulièrement ! Elle ajoutait souvent des commentaires : "il est tard" par exemple, ou "tu as école demain", ex... Moi, j'entendais, mais j'attendais "allez, L. est parti se coucher !" Alors là, les yeux pleins de sommeil, je me relevais difficilement, j'allais dans mon lit, enfin... Mais parfois, ça réveillait mon frère... Car il était devenu tellement obsédé qu'il était toujours à l'affut.
Peu importe le moment, c'était toujours sur mon lit.
Lui était soi sur mon lit, soi assis par terre.
Moi, à force de m'énerver, de repousser sa main, et de crier sans que mes parents réagissent, au lieu de m'énerver un bon coup et de tout dire à mes parents, j'ai fini par ne plus réagir du tout... Au départ, c'est à dire que je finissais par m'endormir, comme ça, alors qu'il avait ses doigts en moi... Ensuite, c'est devenu une sorte de stratégie : il faisait ses saletés, et moi je ne disais plus rien, je lisais, il parlait de cul, je me concentrais comme je pouvais sur mon livre. Je me disais qu'il finirait par se lasser, mais non ! Et je finissais par m'endormir.
JE NE CRIAIS PLUS, PUISQUE CA NE SERVAIT A RIEN !!!
Quand il était un peu en retard en revenant du collège, par exemple, je me faisais un cinéma : il avait eu un accident, il était mort ! Mais il est toujours revenu.
Je me souviens d'un soir, je devais avoir 10 ans environ, cela faisait donc déjà 3 ans que je vivais ça tous les jours, j'avais donc pris l'habitude de ne rien dire, en priant toujours pour qu'il arrête, qu'il se lasse, puisque je n'avais pas le courage, apparemment, d'en parler à mes parents... Il était carrément sur moi, sur mon lit, la lumière éteinte.
Quand j'entendais des pas dans le couloir, je me souviens que je le faisais arrêter, c'est le seul moment oû il m'écoutait : il avait peur d'être pris, moi aussi, par honte, pourtant, j'aurais bien aimé... mais ce fameux soir, je me suis dit que même être surpris ne me sauverait pas... Je n'ai pas entendu de pas, mais j'avais les yeux ouverts, et j'ai vu un rayon de lumière. La porte s'était ouverte, assez grand et suffisamment longtemps pour voir ce qui se passait, car en plus, tout "excité", L. n'avait rien entendu, donc il continuait. Je me souviens que j'ai eu une seconde d'immense espoir en plus d'une immense honte en voyant cette lumière s'étendre dans la chambre ! Mais je suis restée seulement avec mon immense honte... Je pensais qu'il allait y avoir des cris, des punitions, de la honte pour L. La porte s'est refermée comme elle s'était ouverte... Comme L. était sur moi, je n'ai vu que la lumière et une partie de l'ombre de la personne... mais je ne sais même pas qui c'était !!! Aujourd'hui, à 35 ans, je ne le sais toujours pas !
Bon, je vais arrêter avec tout ça, c'est trop long, vous n'allez plus lire...
Il me mettait aussi ses doigts dans l'anus, il mettait ma main sur son sexe, mais je ne faisais rien, c'est lui qui faisait le mouvement pour moi. Il n'y a jamais eu de fellation, ni de pénétration directe par son sexe... mais je sais à présent que la blessure en est aussi profonde.
C'était le Dieu de mes parents. Même la journée, il avait le dessus sur moi : il m'insultait, pendant un moment je me souviens qu'il me disait "allez, viens chercher ta claque !" Je criais, je m'énervais, et je finissais toujours par prendre quelques claques et pleurer, par crier que je voulais mourir... Mais il n'y avait pas de réaction de mes parents... Juste des phrases du style : oh, L. arrête de faire crier ta soeur, les voisins sont là...
Je n'ai pas été protégée par mes parents.
entre mes 7 et 8 ans, j'ai pris 9 kilos, l'année d'après, 7 kilos, l'année d'après, 8 kilos... Aucune réaction... Je suis certaine que c'est liée.
Voilà où j'en suis aujourd'hui : ma vie ne ressemble à rien, à force de me dire que les autres me voyaient comme une merde, c'est vraiment comme ça qu'ils me voient et moi aussi. Je n'arrive pas à maintenir une relation d'amitié, j'ai coupé les ponts avec beaucoup de gens que j'appréciaient, parce que je me trouvais indigne d'eux. J'ai peur des gens, je fais une dépression depuis plusieurs années, j'ai commencé plusieurs fois une thérapie, mais au bout d'un mois ou deux, j'arrête... J'arrête tout en fait. Je n'arrive pas à discuter avec mes voisins. Il n'y a pas si longtemps, je n'arrivais pas à ouvrir mes volets le matin, ni à aller chercher mon courrier. Je ne fais jamais entrer personne chez moi, je n'y arrive pas. Les dégâts sont immenses, même si ce que j'ai vécu est moins grave que le calvaire des petits d'Angers, par exemple. Je ne suis même pas sûre d'avoir encore envie d'essayer de me réparer.
Heureusement d'un côté, j'ai deux enfants, malheureusement de l'autre, je n'arrive pas à leur donner la vie que j'aurais voulu leur donner : je m'enferme tellement sur moi même, ce n'est pas sain, je pense, je ne veux jamais de copains à la maison, etc.
Tout se casse au fur et à mesure. J'ai vécu 11 ans avec leur papa, mais depuis le mois d'octobre, on s'est séparés. Entre autres, je pense que je n'aurais pas du finir par lui parler de ce que j'avais vécu (sur les mauvais conseils de mon psy de l'époque...). Quand mon fils a eu 7 ans, il y a 3 ans, j'ai senti le besoin de me confier, je lui en ai parlé, ça a accéléré la fin de notre couple. Il connait mes frères, il n'a eu pour ainsi dire aucune réaction... Pendant ce temps là, mon frère se pavane, il a 3 enfants, une femme, une belle maison, un bon boulot, qui paie bien, plein d'amis, plein de gens qui semblent l'admirer...
J'ai maintenant envie de tout faire éclater, c'est la première fois, mais déjà, à mon avis, ma famille ne voudra rien entendre et va m'exclure encore plus, même si c'est déjà difficile... Et malgré tout, j'ai peur de faire du mal à trop de monde, sans en retirer de bénéfice pour autant...
Pouvez vous me dire ce que vous en pensez (si vous m'avez suivie jusque là !!!)
Avez vous fait éclater la vérité ? Et après ?
Mes parents sont âgés, j'aurais carrément peur de provoquer un malaise ou une maladie... Et ses enfants, sa femme, n'y sont pour rien... Comment vont-ils le voir après ? De toutes façons, il y a prescription, ce n'est donc que du négatif qui peut sortir, non ?
Merci de me donner quelques conseils, car d'un côté, j'ai toutes ces craintes, mais de l'autre, j'ai l'impression que ce serait finalement la seule façon pour moi de lui reprendre un peu de ce qu'il m'a pris !
REPONDEZ MOI, MERCI !