Témoignage homme : Attouchements d'un oncle, violence de mon père

Témoignage Publié le 08.03.2006
Je suis un jeune homme de 27 ans. Pendant très longtemps je me suis demandé ce qui n'allait pas chez moi, sans comprendre. J'avais des relations désastreuses avec les autres depuis mon enfance. J'ai toujours été fragile psychologiquement et il y a environ 4 ans, un autre désastre dans mes relations a fait sauté un barrage...psychologique. Je me suis mis à avoir peur du viol, des hommes en général, et de ne plus pourvoir avec de relations avec les femmes. Je suis resté dans le silence près de 2 ans avant de parler à ma nouvelle petite amie d'un "jeu" que j'avais subi toute mon enfance.

Le frère de mon père et leur mère vivent une relation incestueuse, qu'ils nient car ils n'ont pas "couché" ensemble. Cet homme pratique pourtant quotidiennement des attouchements sur sa mère, lui caresse les fesses. Sa mère lui a interdit de fréquenter toute autre femme, sinon elle se "suiciderait", en tout cas c'est ce qui se dit dans la famille. Je pense que mon oncle n'a connu au lit aucune femme, et son désir sexuel s'est reporté sur sa mère et sur plus faible "sexuellement" que lui.

Il a commencé à pratiquer sur moi des attouchements depuis l'âge de 5 ou 6 ans. Mon père a défendu son frère et sa mère en me hurlant dessus comme un dément et en me menaçant de me battre. Ce n'était qu'un "jeu" tout à fait normal, que on oncle soit obsédé par les fesses et qu'ils exercent un harcèlement pour les toucher. Mon père a usé sur moi d'une violence psychologique qui est équivalente aux hommes qui battent avec haine leurs enfants. Mais mon père a peur de la justice et ne voulait pas laisser de traces...

J'étais obligé d'aller chaque soir chez mon oncle et ma grand-mère sous peine de la violence de mon père, et mon père me haïssait et faisait tout me détruire. Il m'a fallut un an de thérapie simplement pour dire que mon oncle est pédophile, résultat de la violence de mon père qui a détruit mon esprit à l'époque. Mon oncle a détruit en moi toute pudeur, mes fesses (pour parler poliment) sont devenu un carrefour, une voie publique, comme si il était entré en moi. Je pense que les prostituées ressentent la même chose.

Pris entre le marteau et l'enclume, je n'ai jamais pu réfléchir à ce qui m'arrivait. Enfant, je me suis enfermé dans une bulle et je me suis insenbilisé aux attouchements. Tout ça était "normal", on me le répétait assez souvent. Mon père n'exprimait envers moi que haine et menaces de ma battre. Mon esprit ne l'a pas supporté et n'a pas eu la force de s'opposer à cette idée (toute rébellion était sanctionnée par la violence de mon père) et j'ai fini par l'accepter comme quelque chose de normal. Ma grand-mère se servait d'ailleurs de la violence de mon père pour obtenir de moi ce qu'elle voulait, elle le disait simplement à mon père et le laissait agir.

J'ai subi ces attouchements quotidiennement jusqu'à l'âge de 13 ou 14 ans, j'ai alors brisé une fenêtre et cela a suffit à faire peur à mon oncle, je ne sais pas pourquoi. J'ai aujourd'hui 27 ans et je viens de finir mes études, au bout de 9 ans. J’ai failli mettre fin à mes jours à 20 ans, mais le courage m'a manqué. Cela aurait-été pourtant une délivrance, aujourd'hui c'est encore le cas. Je me suis donc accroché et j'ai finalement très bien réussi, mais je reste encore brisé par ce que j'ai subi étant enfant. La violence de mon père ne s'est arrêté que lorsque j'ai commencé à travailler durant mes études (et que j'ai eu le pouvoir de lui dire merde), j'avais alors 21 ans. J'ai été son souffre douleur durant toutes les années qui ont précédées.

Quand il y 2 ans j'ai brisé le silence, la moitié de la famille a prétendu que je ne racontais que des "conneries", l'autre moitié a prétendu ne rien savoir. J'ai coupé les ponts avec eux, le temps de finir mes études. J'attends aujourd'hui d'avoir un salaire pour me payer un bon avocat et passer à l'attaque. J'aimerais ajouter que ces agressions à caractère pédophile et sadique étaient permanentes, en quelque sorte une façon de vivre. Ils ne se sont jamais arrêté et non jamais eu la moindre pitié pour moi ou face à ma souffrance. J'ai retrouvé dans un album photo des photos de moi à l'âge de 6 ans, le regard d'un enfant violé. Mon père n'a plus jamais repris de photos de moi par la suite. Le fait que mes parents soient impliqués a toujours été pour moi un frein, car je ne pouvais leur "faire de mal", et donc me défendre efficacement.

Ma préoccupation première est aujourd'hui le délai de prescription. Il ne devrait pas y en avoir, car dans le cas de destruction psychologique, il faut beaucoup de temps à la victime pour retrouver une solidité nécessaire pour porter plainte. Sur des enfants aussi jeunes que je l'ai été lors des premières agressions, les dégâts sont si importants qu'une vie ne suffirait pas à réparer. Une prescription de 10 ans pour attouchements pédophiles est tout simplement une mauvaise plaisanterie de bureaucrates qui n'ont pas consulté de psychologues sur le sujet.

J'aimerais finir sur une touche positive, fruit de mon expérience. Lorsque j'ai repris mes études je me suis battu en ne gardant que mes objectifs en tête. 7 ans plus tard, je suis diplômé d'une école d'ingénieur et d'un Master. J'ai eu mes échecs et mes réussites dans ma vie sentimentales, et je ne les regrette pas, surtout les échecs. Je ne suis pas encore vraiment moi-même, donc pas près à m'engager. En l'espace de 2 ans de thérapie, je surmonte la douleur, et j'ai appris la vérité, celle que je me cachais soit pour oublier ma douleur, soit pour protéger mes parents. Mais je garde encore une terrible gêne suite aux attouchements. Je pense encore chaque instant aux attouchements ou plutôt j'en ressent encore une honte proche de la douleur, ce qui m'empêche de me concentrer dans quoique ce soit d'autre, j'espère qu'elle disparaîtra car j'ai depuis longtemps regagné mon honneur, elle n'a plus raison d'être. Je pense que je serai capable de reprendre une vie presque tout à fait normal d'ici à 6 mois, et qu'une fois les procès passés, ce ne seront plus que de mauvais souvenirs. De mon point de vue, parent ou pas, les agresseurs d'enfants, qu'elles que soient leur lien de parenté ou leur manière de faire ne doivent pas être considérés comme des proches, car ils ont de toute façon renier le lien filiale. Il faut passer le cap de défendre ses parents à tout prix et regarder ce qu'ils sont réellement : des étrangers. Il ne faut pas non plus abandonner l'espoir. Il y a toujours quelque chose en nous qui permet de repousser ces terribles sentiments de honte et de souffrance qui nous habitent. Par expérience, on ne souffre jamais sans une bonne raison, et la souffrance ne nous quitte pas tant qu’on n’a pas fait face à ces raisons. Il y a plus que ce qu'on peut deviner ou ce dont on se souvient, il y a ce que l'on a ressenti et qu'on a tout fait pour oublier. Si vous avez vécu de pareilles ignominies, faites face, quelque chose en vous à besoin d'être écouté, quand vous ne l'avez pas été. Ne vous tourner pas le dos à vous même, qu'il reste au moins une personne sur qui vous puissiez compter : vous-même.

Il n'y aura pas d'acte 2 pour vous dire ce que j'ai réussi ou pas, alors je vous souhaite bon courage, à tout problème il y a une solution.
Bye bye

Laurent