Un peu, beaucoup, à la folie, passionément

Témoignage Publié le 18.10.2018

Un peu, beaucoup,

à la folie, passionnément

A mon grand-père

Je t'ai aimé comme jamais je n'ai aimé
Un peu, beaucoup, à la folie, passionnément
Tu étais mon soleil, tu étais toute ma vie
Et je t'ai tout donné mon corps et mon esprit
C'était notre secret

J'ai inventé un monde où la vie était douce
Un vrai garçon manqué, une enfant difficile
J'étais sale en dedans et si propre en dehors
Une ado si normale et tellement si gentille
Ma bouche m'a remplie et m'a vidée de ma vie
J'ai commencé à manger sans faim et sans fin
A vomir et à vomir, à survivre sans vie

Tu t'es envolé au pays des nuages
Doucement et sans bruit
J'ai continué mon combat dans le silence de mes nuits
Et puis à vingt huit ans, vivre dans ta maison
La vie s'est acharnée, personne pour m'aider
C'était notre secret

Mon fils est arrivé, un bien bel accident
J'ai réappris à manger, à aimer, à donner
J'ai aimé être mère et vous voir tant grandir
Trois enfants, trois sourires, des étoiles dans ma nuit
Et puis, et puis...

Et puis mon fils... Malade... Maladie psychiatrique comme on dit
J'ai bougé des montagnes, je l'ai porté, accompagné
Et j'ai commencé à parler de mon secret
J'avais quarante cinq ans

Psychothérapie, traumatologie
Mes rideaux se sont enfin ouverts, j'ai revécu ce que j'avais oublié
Tant de souffrances que j'avais enterrées
Depuis quatre ans, mes troubles ont explosé
Des journées à vomir, à mourir, à survivre
Mon ciel est rouge
Dans ma tête ça hurle
Tous ces cris d'enfant qui ne peuvent s'envoler
Tous ces cris d'enfant à jamais cloisonnés
J'avance avec prudence sur mon terrain miné
Et je travaille comme je n'ai jamais travaillé
Pour créer une vie qui me ressemblerait

Oui, je t'ai aimé comme jamais je n'ai aimé
Un peu, beaucoup, à la folie, passionnément

Et un jour je mourrai de t'avoir tant aimé.