Vivre avec cette trahison

Témoignage Publié le 08.01.2008

C'est quand j'ai consulté une neuro-psychiatre, aprés la mort du pére de ma fille, que j'ai eu "la révélation". En effet , j'étais tellement petite quand j'ai été abusé que j'avais complétement occultée. jusque là bien que j'ai des problèmes de comportements je ne voulais pas en entendre parlé. Cela fait treize ans maintenant que j'ai enfin admis ce qu'il m'était arrivé.

J'ai été abusé par "le" pére (j'ai du mal a dire "mon") , mon premier souvenir date autour de mes quatre ans. j'ai vécu ma petite enfance dans une terreur indescriptible du noir, de la nuit qui vient, de l'heure d'aller se coucher.... Je me souviens me couvrir la tête avec ma couverture jusqu'à en étouffer , car je voyais systématiquement une ombre noir avec un couteau et ce bruit de pas marchant avec des chaussons. Ensuite, c'est comme une perte de conscience jusqu'au matin.
Le pére n'a jamais eu recours à la violence, au contraire, j'étais la plus gentille des petits filles, la plus belle, la plus tout et pour qu'il m'aime encore il fallait que je le reste. J'ai compris aussi que ma mére était "sa complice" dans le sens où elle savait et laissait faire. d'ailleurs elle ne se privait pas de chantage affectif, genre : si tu ne me fais pas un bisou c'est que tu ne m'aimes pas , où si tu n'es pas gentille : je ne t'aimerais plus. Et lorque l'on est un enfant , l'on est si dépendant et surtout on a pas le choix.
Mais je ressentais que je n'était pas dans une famille normale, car souvent je préparais une petite valise de poupée où je mettais tout mes trésors et je m'asseyais alors dans le couloir et j'attendais que "mes vrais parents" viennent me chercher", je pouvais rester des heures entières comme ça. Ce qui bien sur m'était la mére dans une colère noire. Cet inceste s'est arrêté autour de mes 9 ans.

Vers l'âge de 11 ans je me suis coupée les cheveux trés courts, je ne voulais plus être une fille. L'été, je ne mettais jamais de manches courtes où de jupes et encore moins en maillot.
Quand j'ai "débuté" ma propre vie sexuelle, je tenais absolument à être amoureuse du premier avec qui j'aurais un "vrai" rapport sexuel. Mais à part ça, je n'accordais aucune valeur au fait de "sortir" avec un garçon. Je passais de bras en bras et ensuite de lit en lit sans le moindre gramme de scrupule. Je n'ai jamais été fidéle à un homme.

Maintenant , j'ai 43 ans, depuis 5 ans je ne vis plus en couple. J'ai eu quelques aventures, encore, mais depuis un peu plus d'un an, j'ai commencé à pouvoir mettre une valeur sur mon corps et sur l'acte sexuel. Et cela coincide avec la mort de la mére- ce n'est donc pas un hasard- Le pére est mort il y a de nombreuses années et je dois dire que leur mort est un soulagement pour moi. c'est triste à dire.
C'est vrai, aussi, que j'ai eu la chance de rencontrer des hommes vraiment "humains" qui m'ont appris beaucoup sur moi et qui m'ont aidé à me réconcilier avec moi-même.
Depuis quelques mois , j'ai rencontré un homme, et pour la première fois , j'ai envie d'avoir "une relation normale". Mais cela à bien faillit se finir, car il me reprochait de ne pas lui donner de tendresse et de ne pas montrer mon amour. Il était déconcerté par mon attitude, et comme d'habitude mon premier réflexe était de mettre un terme à la relation. Paradoxalement , je suis toujours à demander : est ce que tu m'aimes ? Cette peur de ne jamais être aimé vraiment, la peur de ne pas être "aimable" comme dit ma psy (une personne vraiment super, car il est vrai que le psy doit être compétent et instaurer un réel climat de confiance, sinon on ne progresse pas).... Mais pour lui et aussi pour moi , j'essaie de surmonter mes angoisses et d'améliorer mon comportement. Le fait de témoigner pour la première fois ici est, je pense , une preuve qu'enfin je commence une nouvelle vie........