N
nemosansnom
Inscrit il y a 7 ans / Nouveau / Membre
15
77
Bonjour,
Je tiens à laisser mon témoignage ici, dans l'espoir qu'il serve à un(e) autre conjoint(e) d'un(e) survivant(e).
Je suis lesbienne et en couple avec ma petite-amie depuis deux ans et demi.
Nous avons des rapports sexuels alors que notre relation était encore jeune. Je le mentionne car c'est ceci qui m'a permis de me rendre compte de la situation. Les rapports étaient fréquents, à son initiative mais paradoxalement, au moment de la toucher, je la sentais se raidir, se crisper. A tel point qu'au bout d'un mois, je lui ai demandé si quelqu'un lui avait fait du mal. Elle m'a dit "non" et qu'elle ne voulait pas en parler. Je lui ai reposé la question un peu plus tard et elle m'a alors confié qu'elle avait vécu l'inceste dans son enfance entre ses 5 et 10ans.
La sexualité était compulsive. Le moindre contact physique aboutissait inexorablement à un rapport sexuel. La sexualité était compulsive au point que lorsque je voulais lui faire un calin, elle se levait pour marcher dans la pièce en disant "je ne peux pas tu m'excites".
Nous nous voyons le week-end. Lorsque je devais partir, elle avait les larmes aux yeux, me serrait dans ses bras comme si je n'allais jamais revenir. Chaque week-end, au moment de partir, elle avait la sensation que je l'abandonnais.
Au bout de deux mois de relation, nous en avons parlé parce que la situation ne me semblait pas "normale". Je lui ai expliqué que mon amour ne dépendait pas de ce qu'elle faisait, que me donner du sexe ne me ferait pas l'aimer plus, qu'il n'y a pas de nécessité. Subitement, les rapports se sont espacés et elle m'a dit "tu as vu ? On le fait moins, c'est mieux." Cela m'a fait extrêmement plaisir de le lui entendre dire.
Concernant le sentiment d'abandon, elle a réalisé un schéma mettant en évidence ses insécurités. Nous avons mis en avant que si je partais, je revenais. Je lui ai fait un schéma contraire à ses insécurités mettant en avant les nouveaux mécanismes.
Concernant ce qu'elle a subi, il y a un agresseur et des personnes qui ont été au courant de l'inceste. Pour moi, ces personnes sont aussi coupables si ce n'est plus que l'agresseur lui-même. J'ai une haine irrépressible à leur encontre, j'enrage parfois de ne pas pouvoir "donner un grand coup de pied sans la fourmilière" pour rétablir le juste rôle de chacun. Je respecte néanmoins le choix de ma petite-amie de ne rien dire, même si je sens qu'il y a toujours cette peur, cette emprise du fait de ces témoins.
L'inceste a des conséquences multidimensionnelles. L'aspect qui me touche le plus est le domaine sexuel car c'est le domaine où je suis concernée directement et non en différé. Il y a un eu un vaginisme complet qui faisait que la pénétration était impossible. Le vaginisme est ensuite devenu principalement mental dans la mesure où le corps n'opposait plus de barrière. Cela reste cependant difficilement envisageable car la peur subsiste toujours.
Je tiens à dire que l'homosexualité n'est pas une conséquence de l'inceste. Ce n'est pas une maladie. J'ai bien conscience que l'homosexualité comporte elle aussi son lot de difficultés mais cela n'est absolument pas en lien avec l'inceste.
J'espère que mon témoignage pourra servir à quelqu'un qui lira ces lignes. En tant que conjointe, je ne trouve que difficilement des conjoints et je sais que ne pas trouver quelqu'un avec une expérience commune peut aussi être une souffrance, même si, bien évidemment, cela n'est pas comparable à la souffrance des survivant(e)s.
Je vous remercie d'avoir lu mon message.
Je tiens à laisser mon témoignage ici, dans l'espoir qu'il serve à un(e) autre conjoint(e) d'un(e) survivant(e).
Je suis lesbienne et en couple avec ma petite-amie depuis deux ans et demi.
Nous avons des rapports sexuels alors que notre relation était encore jeune. Je le mentionne car c'est ceci qui m'a permis de me rendre compte de la situation. Les rapports étaient fréquents, à son initiative mais paradoxalement, au moment de la toucher, je la sentais se raidir, se crisper. A tel point qu'au bout d'un mois, je lui ai demandé si quelqu'un lui avait fait du mal. Elle m'a dit "non" et qu'elle ne voulait pas en parler. Je lui ai reposé la question un peu plus tard et elle m'a alors confié qu'elle avait vécu l'inceste dans son enfance entre ses 5 et 10ans.
La sexualité était compulsive. Le moindre contact physique aboutissait inexorablement à un rapport sexuel. La sexualité était compulsive au point que lorsque je voulais lui faire un calin, elle se levait pour marcher dans la pièce en disant "je ne peux pas tu m'excites".
Nous nous voyons le week-end. Lorsque je devais partir, elle avait les larmes aux yeux, me serrait dans ses bras comme si je n'allais jamais revenir. Chaque week-end, au moment de partir, elle avait la sensation que je l'abandonnais.
Au bout de deux mois de relation, nous en avons parlé parce que la situation ne me semblait pas "normale". Je lui ai expliqué que mon amour ne dépendait pas de ce qu'elle faisait, que me donner du sexe ne me ferait pas l'aimer plus, qu'il n'y a pas de nécessité. Subitement, les rapports se sont espacés et elle m'a dit "tu as vu ? On le fait moins, c'est mieux." Cela m'a fait extrêmement plaisir de le lui entendre dire.
Concernant le sentiment d'abandon, elle a réalisé un schéma mettant en évidence ses insécurités. Nous avons mis en avant que si je partais, je revenais. Je lui ai fait un schéma contraire à ses insécurités mettant en avant les nouveaux mécanismes.
Concernant ce qu'elle a subi, il y a un agresseur et des personnes qui ont été au courant de l'inceste. Pour moi, ces personnes sont aussi coupables si ce n'est plus que l'agresseur lui-même. J'ai une haine irrépressible à leur encontre, j'enrage parfois de ne pas pouvoir "donner un grand coup de pied sans la fourmilière" pour rétablir le juste rôle de chacun. Je respecte néanmoins le choix de ma petite-amie de ne rien dire, même si je sens qu'il y a toujours cette peur, cette emprise du fait de ces témoins.
L'inceste a des conséquences multidimensionnelles. L'aspect qui me touche le plus est le domaine sexuel car c'est le domaine où je suis concernée directement et non en différé. Il y a un eu un vaginisme complet qui faisait que la pénétration était impossible. Le vaginisme est ensuite devenu principalement mental dans la mesure où le corps n'opposait plus de barrière. Cela reste cependant difficilement envisageable car la peur subsiste toujours.
Je tiens à dire que l'homosexualité n'est pas une conséquence de l'inceste. Ce n'est pas une maladie. J'ai bien conscience que l'homosexualité comporte elle aussi son lot de difficultés mais cela n'est absolument pas en lien avec l'inceste.
J'espère que mon témoignage pourra servir à quelqu'un qui lira ces lignes. En tant que conjointe, je ne trouve que difficilement des conjoints et je sais que ne pas trouver quelqu'un avec une expérience commune peut aussi être une souffrance, même si, bien évidemment, cela n'est pas comparable à la souffrance des survivant(e)s.
Je vous remercie d'avoir lu mon message.