Désormais installé au  Nebraska (Etats-Unis) avec son épouse et leur petite fille de 15 mois,  Laurent de Villiers, âgé de 26 ans, a appris hier le renvoi de son frère  Guillaume, 32 ans, devant les assises. Le fils aîné de Philippe  de Villiers, député européen, est accusé de viols sur son cadet,  alors qu’il était âgé d’une dizaine d’années. Seul contre le clan Villiers, à  l’exception de sa tante Nanou, Laurent de Villiers se confie sans  haine. Le Parisien.fr Propos recueillis par  Geoffroy Tomasovitch |  					 26.05.2010, 07h00
          
Comment réagissez-vous à cette décision ?
LAURENT DE VILLIERS. Je ressens un grand soulagement. Depuis quatre ans, j’ai toujours gardé confiance en la justice, j’ai eu raison. La décision du juge d’instruction confirme les faits que j’ai dénoncés alors que certains de mes proches m’ont dépeint comme un mythomane. Je suis aussi un peu inquiet. Je crains que la machine Villiers ne se remette en marche, que ma famille tente de peser encore sur ce dossier. Mes sentiments sont très partagés parce que je suis également attristé.
Pourquoi ?
 Nous aurions pu éviter d’en arriver là, trouver une  solution privée plutôt que judiciaire, à cette douloureuse affaire de  famille. J’avais convaincu les miens de l’intérêt d’une réconciliation  familiale. Je voulais que Guillaume me demande pardon et que mes proches  me reconnaissent comme victime. On s’est tous retrouvés chez mes  parents, en Vendée, en juin 2007. Guillaume est tombé à mes genoux et  m’a demandé pardon. Je le lui ai accordé. Je me suis donc désisté de ma  constitution de partie civile et j’ai pensé que ma famille avait enfin  admis la vérité. Cette réconciliation a été hélas foulée aux pieds, j’ai  été trahi et immensément déçu. J’ai donc réactivé ma plainte déposée en  septembre 2006. 
 
 Qu’attendez-vous du procès à venir ?
 Je n’ai jamais eu envie de voir mon frère envoyé derrière les barreaux.  J’attends simplement une déclaration de culpabilité et donc la  reconnaissance de mon statut de victime. Je l’ai toujours dit, ce sera  avant tout un procès pour Laurent de Villiers. Bien que mineur au moment  des faits, je ne demanderai pas le huis clos mais un débat public. 
 
 Quel rôle a joué, selon vous, votre père dans cette affaire ?
 Mon père n’était pas au courant à l’époque des faits. En 1999, je me  suis confié à ma mère. J’en ai directement parlé à mon père en 2002.  Quand j’ai déposé plainte, il a dénoncé un complot. Je peux comprendre  sa volonté de protéger son image d’homme politique. Ce que je lui  reproche, c’est son attitude au moment où le juge m’a convoqué pour  savoir pourquoi je m’étais désisté de ma partie civile. Au téléphone,  mon père m’a demandé de dire au magistrat que j’avais menti en dénonçant  ces viols. J’ai vécu cela comme une trahison, comprenant que j’avais  été manipulé. Je pense que mon père a aussi manipulé Guillaume, qui n’a  d’autre droit et d’autre choix que de se taire.
 
 Etes-vous prêt à renouer des contacts avec votre  famille ?
 Ce n’est pas moi qui me suis coupé d’elle. Bien sûr, je vis loin de la  France, mais mon frère Nicolas a bien su venir me trouver aux Etats-Unis  pour tenter de me dissuader de poursuivre dans la voie judiciaire. Je  suis prêt à parler à nouveau à mon père, aux miens, mais que personne ne  s’attende à ce que je change de discours par rapport à cette affaire.