Comment réagissez-vous à cette décision ?
LAURENT DE VILLIERS. Je ressens un grand soulagement. Depuis quatre ans, j’ai toujours gardé confiance en la justice, j’ai eu raison. La décision du juge d’instruction confirme les faits que j’ai dénoncés alors que certains de mes proches m’ont dépeint comme un mythomane. Je suis aussi un peu inquiet. Je crains que la machine Villiers ne se remette en marche, que ma famille tente de peser encore sur ce dossier. Mes sentiments sont très partagés parce que je suis également attristé.
Pourquoi ?
Nous aurions pu éviter d’en arriver là, trouver une solution privée plutôt que judiciaire, à cette douloureuse affaire de famille. J’avais convaincu les miens de l’intérêt d’une réconciliation familiale. Je voulais que Guillaume me demande pardon et que mes proches me reconnaissent comme victime. On s’est tous retrouvés chez mes parents, en Vendée, en juin 2007. Guillaume est tombé à mes genoux et m’a demandé pardon. Je le lui ai accordé. Je me suis donc désisté de ma constitution de partie civile et j’ai pensé que ma famille avait enfin admis la vérité. Cette réconciliation a été hélas foulée aux pieds, j’ai été trahi et immensément déçu. J’ai donc réactivé ma plainte déposée en septembre 2006.
Qu’attendez-vous du procès à venir ?
Je n’ai jamais eu envie de voir mon frère envoyé derrière les barreaux. J’attends simplement une déclaration de culpabilité et donc la reconnaissance de mon statut de victime. Je l’ai toujours dit, ce sera avant tout un procès pour Laurent de Villiers. Bien que mineur au moment des faits, je ne demanderai pas le huis clos mais un débat public.
Quel rôle a joué, selon vous, votre père dans cette affaire ?
Mon père n’était pas au courant à l’époque des faits. En 1999, je me suis confié à ma mère. J’en ai directement parlé à mon père en 2002. Quand j’ai déposé plainte, il a dénoncé un complot. Je peux comprendre sa volonté de protéger son image d’homme politique. Ce que je lui reproche, c’est son attitude au moment où le juge m’a convoqué pour savoir pourquoi je m’étais désisté de ma partie civile. Au téléphone, mon père m’a demandé de dire au magistrat que j’avais menti en dénonçant ces viols. J’ai vécu cela comme une trahison, comprenant que j’avais été manipulé. Je pense que mon père a aussi manipulé Guillaume, qui n’a d’autre droit et d’autre choix que de se taire.
Etes-vous prêt à renouer des contacts avec votre famille ?
Ce n’est pas moi qui me suis coupé d’elle. Bien sûr, je vis loin de la France, mais mon frère Nicolas a bien su venir me trouver aux Etats-Unis pour tenter de me dissuader de poursuivre dans la voie judiciaire. Je suis prêt à parler à nouveau à mon père, aux miens, mais que personne ne s’attende à ce que je change de discours par rapport à cette affaire.