Condamner l'innocence

Témoignage Publié le 26.11.2021

Ma fille avait 13 ans lorsqu'avec un grand courage elle m'a annoncé qu'elle avait subi des agressions sexuelles de mon partenaire.

Elle était surtout motivée par la crainte que la fille de cet homme puisse aussi en être victime. J'ai porté plainte contre lui et, à l'issue d'une procédure pénible, d'un procès qui semblait être le mien (j'avais, "oh, inconsciemment", manipulé ma fille pour me venger de mon amant, par dépit amoureux), le pédocriminel a été "relaxé faute de preuve". C'est ce que nous a alors dit notre avocate, en précisant que "le tribunal a eu peur de condamner un innocent." Je témoigne que le tribunal n'a pas eu peur de condamner une innocente à une douleur de tous les jours depuis 8 ans.

Nous nous consolions avec l'espoir (induit par l'avocate) qu'en cas de nouvelle plainte, le tribunal aurait plus d'éléments pour rendre justice et le condamner. Nous venons de découvrir que ce n'est pas le cas, de la bouche de sa propre fille et victime. Il a à son actif au moins 7 fillettes, amies de sa fille, dont l'une, devenue adulte, serait en procès avec lui depuis 4 ans. Ma fille cherche à récupérer son dossier auprès de son avocate, pour porter plainte en son nom propre. Mais nous avons peur toutes les 2 de revivre les mêmes épreuves qu'en 2013, avec la police et la justice. Je vois une très solide impunité pour les violeurs, qui ne peut que les inciter à recommencer, et qui n'encourage pas les victimes ou responsables de victimes à dénoncer le crime, alors que ce devrait être la meilleure chose à faire. J'ai eu la chance que S. soit suffisamment clairvoyante, forte et courageuse pour repousser en permanence l'agresseur, que cette situation ait débuté alors que je cherchais à terminer cette relation, de trouver une thérapeute EMDR qui nous a aidées à surmonter ça, de pouvoir me procurer suffisamment de temps et d'argent pour tout ça, d'avoir le soutien de quelques proches.