Depuis ce jour, une sorte de cancer avait gangréné mon coeur, s'y inscrivant durablement comme un rat dans un garde manger.Cannibale et carnassier, le chagrin m'avait dévoré jusqu'à me laisser vide de toute émotion et de toute volonté. J'ai du les premiers temps restait en éveil, la peur au ventre m'obligeant à lutter pied à pied contre l'abattement et l'amertume.La dignité m'a abandonné, et avec elle la volonté même de sauver les apparences.Cette lèpre intérieure me ronge sans répit, délavant les couleurs de la vie, suçant toute sève, éteignant toute étincelle.
A la moindre velléité de reprendre le contrôle de mon existence, le chancre se transformait en vipère, m'inoculant à chaque morsure une dose de venin qui s'infiltrait pernicieusement dans mon cerveau sous la forme de souvenirs douloureux ; la moiteur de son sexe d'où ma main fut prisionnière par la sienne, les vas et vien de haut en bas pour executer une masturbation, la chose fluide qui dégouilinait sur ma main, l'impossibilité de l'enlever, j'essuie ma main sur le drap, je sors du lit de mon père, je suis figée sue le palier de l'escalier, la uminosité blanche du soleil du matin de la salle de bain, c'est un jour de printemps, je me dis tu as 8 ans et déjà et tu deviens adulte en quelques minutes, je descend les escaliers, je déjeune. C'est l'heure d'aller à l'école;
Que de souffrance dans ton témoignage...
Ta dignité est là : il te l'a volée, mais tu peux la reconquérir, la lui reprendre.
Les apparences sont celles qui l'arrangent lui : la vérité doit prendre le dessus sur les apparences, et la vérité, tu la dis ici, premier pas avant de la déclamer à qui veut l'entendre. La vérité redonnera des couleurs à ta vie, réallumera des milliers d'étincelles.
Parler, dénoncer, dire, échanger, pour te reconstruire
voir un psychothérapeute, dialoguer avec d'autres victimes, en tout cas, sortir de cette non vie décrite avec tant de souffrance
courage
c'est possible !