Ma mère m'a agressée sexuellement. Elle me persuadait que je ne pourrais pas me laver correctement, me contraignait à ce que ce soit elle qui me lave et insistait anormalement sur mon clitoris.
La première fois, j'avais sept ans, la deuxième neuf et ensuite cela a duré en continu jusqu'à mes 12 ans. Je me rendais compte qu'il y avait quelque chose d'anormal dans sa manière de procéder, mais je ne savais pas qu'il s'agissait de cela. Je lui demandais d'arrêter ces gestes et de me laisser me laver seule, elle refusait. Ma mère m'a aussi violentée par des coups, par des insultes, du harcèlement, des humiliations, des menaces. Elle voulait choisir pour moi mes loisirs, mes goûts, mes fréquentations, mes études, mes propos à l'égard d'autrui. Elle me traitait comme sa chose et comme son défouloir. Ma mère a repris des gestes incestueux à mon égard quand j'avais 14 ans.
J'allais de plus en plus mal moralement, Mme Z., ma CPE de l'époque l'a su et m'a mise en confiance, je lui ai parlé de toutes les violences dont j'avais été victime, sauf de l'inceste. Ma CPE a fait un signalement et j'ai été placée loin de chez ma mère. À mes 16 ans, j'ai commencé à vraiment réaliser la gravité de ce que m'avait fait ma mère, j'en ai parlé à ma meilleure amie du lycée qui m'a beaucoup soutenue. J'ai également abordé le sujet des violences sexuelles dont j'avais été victime à des membres de ma famille, la plupart ont mis en doute ma parole.
À mes 18 ans, les souvenirs des violences sexuelles me hantaient de plus en plus, j'ai essayé de les oublier en m'investissant à fond dans le travail et dans mes études. Mais j'ai fini par craquer à mes 19 ans, j'étais en stress post traumatique : dépression, crises d'angoisse, souvenirs envahissants. À mes 20 ans, n'étant plus en état de travailler ni d'étudier et n'ayant donc pas les moyens de louer un appartement, j'ai accepté une colocation que m'a proposé un pote, il m'a violée plusieurs fois et m'a violentée psychologiquement et verbalement. Il m'a fait croire que j'étais une bonne à rien, une incapable, tout cela parce que par exemple je n'avais pas ramassé unr toute petite miette en passant le balai. Rapidement, j'ai pu être hébergée par une copine, puis bénéficier de l'AAH et louer un appartement. J'ai fait un deuxième stress post traumatique.
Mes stress post traumatiques ont été mal soignés par les psychiâtres. Au départ, il y a eu une erreur de diagnostic. Ils ne m'ont pas laissé parler autant.... Ils ne faisaient même pas le lien entre mes symptômes et mes traumatismes, considéraient seulement que j'avais un problème psychique. Ils traitaient les patients comme si l'intégralité de leur personnalité était malade, surtout quand nous exprimions un désaccord ou une émotion. Ils m'ont gavée de psychotropes jusqu'à mes 22 ans, de ce fait, j'avais perdu beaucoup en émotions, en empathie, en capacité de réflexion et pendant tout ce temps, je n'ai donc pas pu travailler sur mes traumatismes. Après, j'ai arrêté de ma propre initiative les médicaments et mon cerveau est devenu en état de processer ces traumatismes. À partir de mes 23 ans, j'ai tenté de me (re)construire.
Quand je me rappelle ce par quoi je suis passée ainsi que le manque de bonne éducation de la part de mes parents et un manque de soutien global, je trouve que j'ai relativement bien réussi. Quant aux traumatismes, je n'ai presque plus de souvenirs envahissants, cependant, j'ai quotidiennement des angoisses colossales au moment de me laver. Perdurent un manque de confiance en moi et d'estime de moi après les traitements de mes agresseurs et des psychiâtres à mon égard, mais cela évolue dans le bon sens du terme au fil des ans 🙂