Ma fille a été victime d'inceste par son ex-beau-père (français) à l'âge de 15 ans (les faits ce sont passés aux E-U) entre 1997 et 1999.
Fin 99 elle rentre en France, ne supportant plus d'être à la maison. En juin 2000, à la veille de ses 18 ans elle me le dit après que ma sœur chez qui elle séjournait l'a fait voir par un psy aux vues d'échanges de courrier avec le prédateur. Je le mets tout de suite à la porte avec perte et fracas, l'intimant de ne pas quitter le territoire tant que ma fille n'était pas auprès de moi. Je prends contact avec les autorités policières locales pour porter plainte, ils me disent que c'est elle qui doit porter plainte du fait qu'elle venait d'atteindre la majorité bien que les faits s'étaient produits alors qu'elle était mineure.
Je ne comprends pas pourquoi, elle n'a pas parlé avant, cette incompréhension elle le prend comme une agression de ma part alors que je pensais qu'il était plus simple de parler pour ne plus subir. Ô combien j'avais tort !
La manipulation est telle que des comportements qui paraissent simples sont des plus douloureux. Nos rapports se sont détériorés, car la moindre communication se transformait en une incompréhension totale, et je n'étais pas calme d'un tempérament nerveux de nature, je suis devenue avec ça plus anxieuse. Elle a suivi une longue psychothérapie en France, moi un bref (2 mois) accompagnement psychologique qui n'ont apporté aucune amélioration dans nos rapports.
En 2016, je prends contact avec un avocat en France qui me dit que bien qu'il n'y ait pas encore prescription, il faudrait répondre aux questions dans quelles conditions cela s'était passé et que bien évidemment, c'était à ma fille de porter plainte. Chose qui est restée sans suite.
Les échanges se sont quelque peu améliorés depuis, (elle a 38 ans) mais sont parfois tendus. Le scandale de l'affaire O. Duhamel, m'a fait réaliser combien ma responsabilité était implicite, car bien que j'avais l'impression la protéger, je travaillais trop, j'avais introduit un homme dans notre vie bien plus jeune que moi (12 ans et seulement 13 ans de plus que ma fille). J'étais l'adulte, j'ai fait confiance à cet individu lorsque nous avions déménagé dans un pays où elle n’avait pas de repères, plus d'amis, ma famille habitait dans le nord, nous au sud, donc sans famille aux alentours. Fille unique, son père absent depuis toujours encore plus depuis notre divorce lorsqu'elle avait neuf ans. La vie n'était pas simple, pour elle encore moins et ça je n'avais pas fait suffisamment attention à cela. À l'heure actuelle, ses relations amoureuses restent difficiles, je souhaiterais tant arrêter cette punition que l'on s'impose tant d'années après, que le système judiciaire nous impose par cette loi du silence et de l'impunité.
Il faut que les choses changent pour les victimes, qu'on les entende, que les familles les écoutent, que la honte change de camp !!! Ce n'est pas possible qu'eux, les prédateurs, soient déculpabilisés, décomplexés pendant des décennies alors que les victimes sont enfermées pendant ce temps dans le mur du silence, de la honte et de la culpabilité. Il faut changer le système judiciaire en profondeur, que la respectabilité revienne à qui de droit et à leurs familles et que l'imprescriptibilité soit prononcé en cas d'inceste ou de viol sur mineurs. Que la parole soit encouragée plutôt que le silence, que les prédateurs soient mis sur les bancs des accusés au lieu de victimiser deux, trois voire plus de fois les enfants qui ont besoin de croire en un système judiciaire qui les protège et ne les détruise en plus des ravages subis par les pédophiles qui se trouvent dans toutes les sphères de la société et trop souvent par de hauts responsables de l'état et de la société. Serait-ce la raison pour laquelle ils sont si protégés par les institutions ?