Dans tous les sens du terme... je n'étais donc pas que "bonne à ça"! Sans me souvenir d'une vraie pénétration, j'ai baigné dans la perversité dès mon plus jeune âge.
J'ai peiné avant de témoigner, c'est la première fois, aussi ouvertement et je tremble en le faisant. Je sais par avance que je vais trop écrire et je m'en excuse, je n'arrive pas encore à le canaliser, mais c'est une grosse tumeur dont j'essaie de me délivrer.
Vous connaissez des anges? Celui-ci je le fais beaucoup souffrir, mais il m'aime et j'espère qu'il ne sera pas parti le jour où je serais revenue à moi, prête à l'aimer normalement, tout simplement. C'est lui qui a tout fait pèter, il est une personne normale et ça a tout fait basculer dans mes acquis, dans mes croyances, dans mon "confort", dans ma peau, mais surtout dans mon coeur. Il m'a accueilli quand je me suis enfuie avec mon petit garçon, il ne savait pas ce qui l'attendait, moi non plus, je ne m'attendais pas à ce chamboulement. A force, je me souvenais vaguement de mon passé que je perpétuais au jour le jour (puisque c'était mon éducation) et je ne pensais pas faire de thérapie.
Je voudrais tout détailler, parce que je voudrais me délivrer de tout... Je viens de commencer ma thérapie, c'est lourd de sens pour moi. Je me suis réfugiée en France il y a 2 ans pour fuir le père de mon petit soleil d'amour. Petit à petit, recommençant une nouvelle vie, tout est remonté malgré moi et ça me faisais l'effet de gifles quotidiennes. Je ne prenais pas en compte le problème que voici...
Jusqu'à mes 5 ans, je ne souviens que de bonheur. Peut-être des bêtises envers moi, mais superficielles, des bêtises de gamins. Vers 5 ans, on a emménagé dans une jolie petite maison dont ma mère avait décoré les murs de beaux dessins enchanteurs pour cacher la pauvreté. Hors de cette maison, des voisins... Je sais que j'étais une petite très ouverte. Trop? trop communicative, gaie, amicale? Manipulable, serviable, altruiste, tout ça me manque.
Les gosses l'ont vite compris, su, se sont passé le mot... Je me souviens qu'il ne fallait rien dire, que notre famille n'était pas de leur rue et que je leur devait le respect, qu'ils nous feraient partir de là, je serais donc responsable de beaucoup de malheurs. Je n'étais pas capable de mentionner les menaces avant, car j'en ai parlé à ma mère, et ma soeur spectatrice aussi, mais elle a répondu que c'était des jeux d'enfants, que c'était rien... mais elle en a parlé aux parents et les gosses me harcelaient ensuite dans le chemin de l'école, et ça a empiré. Quand je me rappelle le moment où ils s'approchaient pour me pénétrer, black out, je ne me souviens encore de rien, mais tout le reste, oui. Les humiliations, jusqu'à mon école. Je suis tombée finalement amoureuse de tout le monde, peut-être ne pouvais-je pas concevoir ces gestes-là hors de l'amour. J'avais de très bonnes notes à l'école, cherchant la fierté de mes parents, je ne me sentais jamais à la hauteur et je ne les voyait pas s'intéresser suffisamment à moi, à mes problèmes.
Plus tard, ma mère est partie à l'étranger gagner de l'argent pour nous sortir de là, mais sans rien dire à ses enfants. Elle nous a laissé avec notre grand-mère (et mon coeur se met à paniquer là), puisque mon père ne pouvait même pas se gèrer lui-même, mais personne nous a avertis, les petits. Je suis devenue sa servante... elle venait me chercher devant l'école pour que j'aille travailler la terre avec elle. Une femme énorme de partout, toute en noir, des pieds et des jambes d'éléphant maltraités par le manque total d'higiène. Elle me frappait à tout va, mais aussi ma soeur et mon petit frère plus rarement. J'avais 8 ans, le petit 2... Il était le fils qu'elle n'avait jamais eu et elle l'adorait, mais elle avait eu 8 filles qu'elle a exploité toute leur vie !!! pourquoi changer... je me souviens que pour ranger la maison de fond en comble, je chantais pour feindre m'amuser. Elle avait des animaux et je devais tout faire là aussi et finalement je me suis prise d'amitié pour les animaux, surtout les chiens qui pouvaient tout entendre et ne le répétaient à personne, et ils me câlinaient, eux au moins... ils savaient que les vieux vicieux qui rendaient service et travaillent pour ma grand-mère m'ont causé beaucoup de torts. Je crois que ma grand-mère le savait, mais après tout je n'étais pour elle qu'une traînée comme ma mère, disant que ma mère ne viendrait jamais nous chercher, qu'on serait un jour foutus à la rue de chez elle et que le jour où on viendrait frapper à sa porte mendier, qu'elle nous la claquerait au nez en riant. Je suis tombée amoureuse surtout d'un des vieux vicieux, au bout d'un certain temps... il me lâchait pas et j'avais pas d'issue. Je n'ai rien dit du tout à ma mère pour qu'elle ne me repousse pas, et qu'elle revienne nous chercher! A l'école, j'enchaînais les petits amoureux, trop pour mon âge, sans aucun geste déplacé jamais de leur part heureusement, mais j'avais une moche réputation dès toujours. Mais j'étais parmi les meilleurs élèves là encore, en faisant mes leçons tard le soir dans mon lit... Je m'appliquais aussi dans le ménage, l'accomplissement des ordres, tous les ordres... Pour éviter le pire, qui sait.
Ma mère est enfin venue nous chercher, délivrance !!! Pour une nouvelle prison... elle avait un ami dont elle nous avait parlé, expliquant qu'elle avait refait sa vie en tant que femme. Nous n'avons jamais rien dit, nous voulions juste vivre avec elle, on s'en foutait du reste ! Nous l'avions rencontré déjà pendant nos vacances, 1 an ou 2 avant d'y habiter, et il était très gentil, trop avec moi. Je me souviens juste du jour (en vacancces) où il nous a couché les trois enfants dans leur grand lit et qu'il s'est mis au bord du lit collé à mes fesses ! j'étais pétrifiée, sans bouger, sans respirer, croyant que ceux qui m'ont harcelée avant lui avait "passé le mot"... J'en avais honte, on me disait que je les cherchait, alors j'ai cru qu'il savait que j'étais la petite pute... J'avais honte. Ma mère est arrivée du travail et a vu. Il a fait semblant de dormir, de tomber des nues, je me suis faite engueuler par ma mère comme il faut !!!! J'ai rien dit, juste que j'ai rien fait, et mes yeux en sortaient de ma tête tellement je voulais me réveiller de ce cauchemar, je comprenais rien à rien.
Les souvenirs avec lui sont trop lourds à porter, il a failli y arriver, car il a continué les années qui ont suivi et j'ai crié cette fois-là, ceci en présence de mon petit frère et ma soeur !!! J'ai peur qu'ils s'en souviennent et je leur ai envoyé un mail (ils sont là-bas) parlant vaguement de ce qui s'est passé et ils me répondent plus, mais je veux pas les harceler... on dirait qu'ils s'éloignent dorénavant, c'est trop dur, mais c'est leur droit, c'est une des choses que m'a appris mon "zorro", le respect des choix et des droits de chacun !!! Alors, j'attends... Je me souviens d'un jour où j'ai voulu voir le zizi de mon frère... je m'en veux horriblement !!! j'étais contente qu'il s'y refuse, comme s'il avait pris exemple et savait lui se défendre, la même chose chez ma soeur. Mais chose que je me demande, est-ce que mon geste a traumatisé mon frère aussi, dans ma propre fragilité, je l'aurai blessé... Je me sens détestable... oui, on peut m'excuser parce que je ne voyais que ça autour de moi, mais je me rends compte aujourd'hui seulement que j'aurais pu le traumatiser !!! C'est pas excusable. Je voudrais un jour lui en parler, sans le brusquer, je veux pas faire intrusion, je vais essayer de voir s'il veut en parler, je pourrais au moins m'excuser, faute de mieux.
Ma mère l'a surpris finalement une dernière fois allongé à côté de moi... enfin, m'a surprise, puisqu'encore aujourd'hui je l'ai provoqué, je l'ai cherché à ses dires !!! Ma mère, je l'ai perdue dès mes 8 ans... Je me rend compte qu'elle a toujours nié la souffrance de ses enfants, elle n'est pas capable d'accepter le mal qu'on a vu autour de nous, mais réagi comme la mère la plus cool et ultra ouverte du monde ! mes nouvelles copines m'enviaient ma mère qui parlait de tout, qui faisait rire, qui se disait ma soeur !!! elle acceptait mal le rôle de mère et c'est toujours le cas. Au téléphone, dès notre première séparation elle nous disait : alors ma petite foufoune blanche comment tu vas? ... voilà, au téléphone encore aujourd'hui c'est ma petite pute, va te faire enculer ma ci, ma ça, enfin bref, ce sont ses mots doux à elle. Nous trouvions ça rigolo, mais je me dis que nous rigolions de gêne, peut-être...
Je n'ai aucune force de liberté aucune dans ma vie... elle m'a appris qu'il ne fallait jamais contrarier aucun employer, l'écouter, dire oui, même si l'on pensait le contraire. Ma vie professionnelle, elle m'a imposé la voie, la formation, me l'a trouvée, et je m'y faisais traiter de patate, tout... Ce fut un enchaînement de n'importes quoi; je pense qu'un employeur aurait pu me violer, je ne suis pas sûre d'avoir résisté. J'ai toujours eu et continue d'avoir peur qu'ils me frappent !!! J'ai une trouille horrible de ça... je souris tout le temps, du moins je souriais.
Je ne savais que me présenter aux entretiens d'embauche qu'arborant le plus beau des décolletés, maquillage, charme ! Je ne croyais avoir que ce pouvoir... et le pire est que ça marchait à tous les coups, puis je foirais tout, parcce que je croyais pas en moi et je ne travaillais pas correctement, ou même très mal !!! Maintenant, je refuse tout ça, j'ai les cheveux tout court, j'ai perdu mes seins grâce (!) à l'allaitement (même si c'est moi qui ne les chérissais plus...), je ne me fais plus belle comme avant et je n'ai plus réussi les entretiens car je ne sais pas quoi leur dire !!! Je n'ai plus rien à mon actif, à mes yeux. Mais ça viendra...
Bien sûr, j'en ai passé des épisodes, des remerciements à certaines rencontres salvatrices... Mais je commence ici par un gros morceau que je reniais pour cacher le secret comme on me l'a demandé et je n'ai qu'une parole! Mais je me suis aussi promise de leur faire la peau un jour !!! Je me jure tous les jours que je vais donner un autre sort à la petite fille promise à un bel avenir et que des attardés sont venus détruire...
Je suis en pleine dépression, oui, mais aussi en pleine révolte, en pleine explosion, en plein apprentissage à me respecter et m'aimer. C'est un début.
Merci à vous tous de me dire la vérité sur vous, de nous le dire à tous, de m'en avoir donné le courage.
Je me découvre
Témoignage
Publié le 23.01.2007