J'ai été victime de violences sexuelles par trois personnes de mes 3 ans à 9 ans.
J'ai été élevée par ma grand-mère et mon arrière-grand-mère. Ma mère m'a eue très jeune et donc m'a donnée à mes mamies pour qu'elle puisse poursuivre ses études. La relation avec ma mère est très compliquée également, car elle a été une personne très toxique et a impacté également ma construction en tant qu'enfant. Ma grand-mère, elle, n'a eu que ma mère, je suis donc devenue son deuxième enfant. Petite, mes mamies avaient tendance à m'emmener partout. Mon arrière-grand-mère a eu six enfants, ils vivent tous quasiment à proximité. Ainsi, elles avaient tendance à m'emmener chez eux pour que je puisse jouer. Il y avait cette soeur dont ma grand-mère est plus proche et mon arrière-grand-mère également. J'étais la plupart du temps chez elle, et elle a deux fils et deux filles. Mes agresseurs, ce sont les cousins de ma mère et donc mes oncles. J'ai été leur proie, et sous leur emprise, j'ai subi des années d'horreurs, j'ai été leur objet sexuel.
L'un des deux frères doit avoir une dizaine d'années de plus que moi et l'autre n'a que 3 ou 4 ans d'écart. Mais je me rappelle qu'ils me faisaient beaucoup peur et ils me paraissaient tellement grands, j'étais terrifiée par eux. Le troisième agresseur est un vieillard que mon arrière-grand-mère a rencontré à la mosquée et qui est venu chez nous un certain temps. Il a repéré qu'il y avait un enfant et donc il attendait que mon arrière-grand-mère parte et il venait chez nous. Ce viellard a abusé de moi un certain temps, puis je ne l'ai plus jamais revu chez nous. J'ai été hantée par les images de ces agressions dès mon entrée au collège. Je ne comprenais pas pourquoi les mêmes images me revenaient sans cesse, surtout commes les neveux de ma grand-mère continuaient à graviter autour de moi.
Ainsi un combat interne s'est mis en place dans ma psyché. Je pensais être folle. "Comment je pouvais penser que mes oncles ont abusé de moi ?", c'était la question que je me posais. Et en commençant mes études supérieures, j'ai sombré dans la dépression, les envies suicidaires, l'auto-destruction. J'ai été suivie par des professionnels qui ont su m'accompagner ces six dernières années. Ils m'ont aidée à comprendre ces souvenirs et à me libérer petit à petit de mes noeuds. Je n'ai pas à avoir honte, car ce n'était pas de ma faute, c'est eux les monstres. Je me considère comme une survivante, j'ai réussi en 2022 à mettre en place les démarches pour guérir la petite fille en moi. Cette petite fille qui pleurait toutes les nuits et qui disait à Dieu qu'elle voulait mourir.